Chapitre 15 Aaron

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J’ordonnai à un guerrier de l’emmener dans une chambre.

— Ne la quitte pas des yeux, sous aucun prétexte. 

J’en viens presque à le menacer dans l’intonation que j’employais. 

  Dorian quant à lui reprit petit à petit ses esprits. J’aurais aimé lui transpercer le cœur et en même temps j’étais tiraillé par le fait de savoir ce qu’il avait pu déceler en elle.

Je songeais à ce dont mes yeux avaient été témoins.

Le ciel, dans lequel le bleu avait fait place à des nuages rougeâtres, je n’avais jamais été confronté à un tel changement climatique auparavant, mais depuis qu’elle était sortie de cette brèche c’était devenu monnaie courante. 

Avait-elle autant de pourvoir en elle ?

Quand j’avais reporté mon attention sur elle de nouveau la colère m’avait envahi, elle souffrait, c’était évident, et je n’arrivais pas à le concevoir. Ses poignets furent complètement brûlés par les chaînes qui les retenaient, la fumée qu’ils dégageaient répandit une odeur nauséabonde tout autour. 
Ses hurlements sortant du plus profond de ses entrailles, la douleur avait l’air aussi insoutenable pour elle que pour moi. Dorian la ressentait lui aussi. Il avait eu accès à son esprit, et semblait souffrir autant. Il ne fallut pas moins de trois guerriers pour le maintenir debout.

J’étais resté calme pendant tout le procédé, mais c’en était trop, je ne tenais plus en place, l’envie de sang s’était manifestée en moi. Je connaissais mes limites alors mieux valait ne pas les franchir. 

Quand je m’étais tourné vers mon frère pour le prévenir que j’étais à deux doigts d’imploser, n’arrivant pas à me résoudre qu’elle puisse souffrir autant, il avait compris et m’avais fait un signe d’approbation pour arrêter cette torture. 

— Qu’avez-vous vu ? demanda Almir qui avait eu le respect d’attendre mon retour.

— Nous devrions parler en privé ! 

Le regard de Dorian se tourna vers moi en prononçant ces mots.

— Mon frère ne me quitte pas. Il a l’esprit bien plus ouvert que vous pouvez l’imaginer. 

— Très bien. Comme vous voudrez.

Une fois à l’écart des autres guerriers, je le scrutai d’un regard noir qui, ne l’impressionna pas. Almir le pria de commencer. 

— Jadis, durant la Grande Guerre, tous les peuples s’entretuaient. Cette guerre fut la plus dévastatrice, autant du côté des hommes comme vous que du côté des peuples comme le mien. Alianis avait pris le dessus, il se servait de sa magie pour combattre. Personne n’en serait venu à bout sans ce traité de paix.

Je l’interrompis.

— On connaît l’histoire, on y était ! Rappelez-vous. Nous n’étions juste pas dans le même camp !

— Laisse-le terminer, Aaron. 

— Vous ne connaissez qu’une partie de l’histoire ! Si Alianis a accepté une reddition, c’est parce que Métrios se serait emparé d’un pouvoir qui nous dépassait tous. Alianis leur fit comprendre qu’elle ne serait pas sans sacrifice. Ils firent appel à des pouvoirs du monde obscur pour sceller un traité qui mettrait ce don en sommeil. Peu de personnes en connaissaient les termes exacts, nous savions juste que la paix devait en découler. Alianis demanda le nord en échange, mais ils s’assurèrent que si quelqu’un mettait fin au traité, la guerre qui en découlerait serait à leur avantage. 

— Attendez, quel rapport avec elle ? demandai-je. 

Un silence pesant s’installa dans la pièce, avant que le sorcier d’Alianis reprenne son récit.

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