Chapitre 7 Elle

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Cela faisait des heures maintenant que nous avions repris notre marche dans un silence absolu. Je ne savais pas où nous allions, mais encore faible, je n’avais pas d’autre choix que de les suivre. J’observais avec de grands yeux ce paysage qui m’avait tant manqué. Les feuilles d’un vert assez vif sur les arbres présageaient que nous sortions de la saison des grandes pluies. L’odeur de la sève et de la mousse m’était familière, elle me remplissait les poumons, mais mon amnésie était totale. Je savais juste que cet endroit était ancré dans mon fort intérieur et que je pourrais même y être chez moi. En fait, je m’acclimaterais à n’importe quel lieu tant que ce n’était pas en enfer. 

— Où allons-nous ? demandai-je.

Surprit, il me fixa un instant.

— La princesse des flammes a retrouvé la parole on dirait ! 

— Ne m’appelle pas comme ça !
 
Il marqua un temps d’arrêt avant de poursuivre. 

— À Ylis, la capitale de Métrios. Nous devons t’emmener devant les pères fondateurs et faire état de la situation. Même si la brèche a été refermée, on ne sait pas, mis à part toi, ce qui a pu en sortir.

Il était hors de question que j’attende qu’on me livre à quiconque, mais pour l’heure, je devais comprendre qui il était et quel était le pouvoir qui nous liait.

— Comment tu as fait ? Avec l’épée ? continua-t-il.

Je savais pertinemment qu’il espérait une réponse, et moi aussi, mais je ne savais pas d’où je tenais cette force. Était-elle permanente ? L’avais-je avant ? Qui étais-je ? 

Almir ralentit soudainement le pas avant de se tourner vers nous, mettant fin à cette brève conversation.

— Nous arrivons devant la forêt d’Adam. Restez sur vos gardes, les Syls n’aiment pas que l’on s’approche trop près de leurs territoires.

Effectivement, à peine le temps d’entrer, qu’une escorte nous attendait déjà. Quatre hommes se tenaient devant nous, des tuniques en soies noires recouvraient le flanc des chevaux qu’ils montaient. Certainement pas de simples paysans au vu de la ceinture dorée qui drapait leur taille, scintillant de mille feux. Malgré leur accoutrement soigné, une partie de mon corps se raidit, comme pour me méfier de ces hommes. Il réagissait comme pour me mettre en garde.

— Guerriers de l’ordre, nous vous attendions. 

Le ton de l’homme posté sur son cheval se fit dur.

— Par ordre des pères fondateurs, vous devez nous laisser passer, ordonna le prêtre. 

— Nous n’avons d’ordre à recevoir ni de toi ni des pères fondateurs. Le traité de paix n’a plus lieu d’être. Et personne n’est en droit de pénétrer sur nos terres sans y être invité.

— Métrios et les Syls ont conservé une alliance pendant toutes ces années, traité ou pas, votre chef ne se risquerait pas à un tel affront ! réplique Almir, en s’approchant assez près pour s’assurer que ces soldats étaient bel et bien des Syls, mais le tatouage du lys, dans leur cou, eut l’air de prouver le contraire à ses yeux. 

Almir entrelaçait le fourreau de son épée qu’il porta à la taille avant de reprendre

— À qui avons-nous affaire ?

— Je m’appelle Arkan.

— Pour quelle tribu te prononces-tu, Arkan ?

— Je converse aux noms des peuples oubliés. Je suis originaire de la tribu d’Alianis. Mais croyez-moi si vous le voulez, je parle aux noms de tous aujourd’hui. Nous sommes là uniquement pour la femme, laissez-la-nous et vous pourrez reprendre votre route, nous ne désirons qu’elle.

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