Chapitre 40 : Une dernière volonté

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Mon esprit vagabondait. Je savais que quelque chose n'allait pas, mais mon corps me semblait mou comme un chamallow. Si mou que j'en percevais à peine les sensations internes, et encore moins celles provenant de l'extérieur. Paupières closes, je ne savais pas ce qui m'arrivait. 

J'entrouvris à peine un œil et eus un brusque retournement d'estomac. J'allais m'écraser la tête la première sur le sol. A peine eus-je voulu me protéger avec mes bras, que la chute se stoppa en douceur. Sur le dos, un tourbillon me maintenait en l'air. Je perçus alors le Mur et la hauteur de ma chute. Qui, à en juger par la taille de quelques centimètres du dragon blanc, avait dû être spectaculaire. 

Le tourbillon s'évanouit et mes fesses cognèrent sur le sol. La respiration bloquée par le choc, je ne pus bouger immédiatement. Alors mes sensations corporelles revinrent petit à petit, une par une. Ce fut d'abord ma poitrine écrasée, puis mon ventre serré par les loopings que mon estomac avait décidé d'effectuer, avant de passer aux membres. 

Entre-temps, un mal de tête lancinant cognait tel un marteau-piqueur dans mon crâne. Dans ma hâte et ma panique, je me relevais trop vite. Ma tête tourna et je dus faire un effort sur-humain pour ne pas m'écrouler à nouveau au sol. Bien que mes sensations ne soient pas encore homogènes, mon esprit était assez clair pour que je cherche à comprendre ce qu'il venait de se passer. 

Ma main qui me permettait de me lier aux énergies d'Oriana avait lâché, la violence du contact rompu m'avait fait chuter. D'accord. Pourquoi avais-je lâché ? En me remémorant l'étrange instant que j'avais vécu, je me rappelais des trop grandes vagues d'énergies qui m'avaient parcourue quand je les avais appelées. Mon corps ne les avait pas supportées.

– Merde ! jurai-je en me frottant la tête.

Je n'avais même pas tenu quelques secondes ! Comment étais-je sensée affaiblir Oriana, si je ne pouvais même pas attirer les énergies un moment ? Je ne comprenais pas, je n'aurais pas pensé que le dragon aurait tant de réserve... d'accord, elle était ultra-puissante, mais à ce point ! 

A force de retourner la situation dans ma tête, j'eus l'impression que mon cerveau surchauffait. Et un cri humain attira mon attention. Du haut du Mur, poursuivi par un dragon blanc, mon père me faisait des grands gestes. Son épée était plantée dans le dos du dragon, le privant de matériel de défense. Oups. 

Je récupérais Caligo, tombée à quelques mètres. Je testais légèrement mon équilibre, puis quand je sus tenir debout, je décollais. Je devais absolument rester en mouvement, peu importe si je n'avais pas de plan. J'allais en trouver un. Je le devais. Je gravis le Mur en volant, frôlant la pierre. 

Alors qu'Oriana s'apprêtait à fermer sa gueule sur les jambes de mon père, j'attirais son attention en la bombardant de boules de vent. Ça eut le mérite de fonctionner et de diriger toute sa rage sur moi. Imitant mon paternel, je pris la fuite, tout de suite moins certaine de l'intelligence de mon geste. Sauf que les mouvements d'Oriana semblaient quelque peu maladroits, manquant de synchronisation. 

Je compris que l'épée de mon père plantée profondément dans son dos devait considérablement la gêner. Elle en devenait encore plus sanguinaire, mais que les émotions brouillent son esprit était à notre avantage. Car quand elle ouvrit grand la bouche pour me bouffer, je pus réutiliser mon coup de l'arme secondaire et lui envoyer quelques balles dans la gorge. Elle se stoppa brusquement, avant de tousser du feu. 

D'accord, elle avait compris comment empêcher les projectiles de descendre dans son organisme. Mince. Au moins ça eut le mérite de me permettre de déguerpir un peu plus loin !

– Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me demanda mon père dans l'oreillette.

– J'ai été submergée par les énergies, grinçai-je à regret.

Mutante - Tome 5Where stories live. Discover now