Mutante - Tome 5

Chapitre 20 : Vieilles querelles

Je restais stoïque. Mon cerveau s'était déconnecté de mon corps. Je m'attendais à ce qu'Adam me quitte, me laisse, m'abandonne. Pas à ce qu'il me demande en mariage. Ces quelques secondes de pétrification le firent hésiter, et son regard fit l'aller-retour entre mon visage et le bijou.

– Tu veux dire... que tu me pardonnes ? doutai-je d'une voix suraiguë.

– C'est moi qui te demande pardon, rectifia-t-il. Pour ne pas avoir compris que l'amour que j'éprouve pour toi, ça veut aussi dire être avec toi à n'importe quel instant, même les plus sombres. Je te promets de ne plus jamais te laisser ainsi, de ne plus refaire cette erreur. Si tu acceptes de m'épouser.

Le déclic se fit enfin. Mon corps retrouva sa mobilité, et je bondis au cou d'Adam. Je perdis mes mains dans ses cheveux, dans son dos, souhaitant redécouvrir ce corps que je connaissais pourtant bien.

– Oui, oui. Oui ! criai-je, au bord des larmes.

J'étais dans un état de confusion immense, mes émotions déchirées entre l'angoisse des dernières minutes de son discours, et ma joie indescriptible face à sa demande. Je n'aurais jamais imaginé, même dans mes desseins les plus fous, de telles excuses. 

Je lâchais Adam, tendant maladroitement ma main. Tout aussi chancelant que moi, au lieu de son assurance habituelle, il passa gauchement la bague autour de mon annulaire. Je ne pus m'empêcher de l'observer dans la pénombre, la distinguant pourtant extrêmement bien. Elle était toute fine, sertie de trois pierres précieuses : une blanche, une noire et une bleutée. 

A vu de nez, trois diamants, chacun d'une couleur différente. Mes yeux et les siens, déposés sur un anneau ciselé argenté.

– J'espère qu'elle te plaît, hésita-t-il, timidement impressionné.

– Elle est parfaite, chuchotai-je, émue au plus haut point.

Un sourire rassuré se peignit sur son visage. Pourtant, des doutes s'instillaient encore vicieusement dans mon cœur et ma tête. Il dut le comprendre au vu de mon regard inquiet.

– Dis-moi à quoi tu penses, quémanda-t-il en passant délicatement une main sur mon visage.

La parenthèse enchantée se terminait, et la réalité me revenait à nouveau dans la figure de plein fouet. Je commençais même à douter de ma réponse. Avais-je bien fait de dire oui ? Adam ne me tournerait-il pas le dos à la prochaine connerie que je ferais ? Je détestais voir ma confiance en lui si ébranlée pour une seule réaction. Mais je n'arrivais pas à me sortir ça de la tête.

– Tu me fais vraiment à nouveau confiance ? insistai-je.

Il acquiesça, cherchant mon regard. Je détournais les yeux et il saisit alors mon menton pour que je fixe ses pupilles.

– Je t'aime, Amy. C'est malheureusement comme ça que j'ai réalisé que ça surpassait tout ce que tu pouvais faire, mais c'est vrai. Je sais que rien ne pourra rattraper la façon dont j'ai réagi, mais...

– Ne t'excuse plus, soupirai-je en plaçant mon index sur ses lèvres. J'ai juste vraiment cru... que tu allais me quitter.

Ma voix s'était éteinte sur les derniers mots. Et le silence d'Adam confirmait mes craintes.

– Tu y as pensé, compris-je.

– Oui, admit-il. Mais j'ai dû alors imaginer ma vie sans toi. Et ce n'est pas un futur que je veux vivre. Est-ce que ça suffit à lever tes doutes ?

Je sondais son regard, ses yeux bleus glacés emplis d'inquiétude mêlée à l'amour qu'il ressentait pour moi. J'en avais assez de m'inquiéter pour le futur. Nous n'en n'aurions peut-être pas un.