Mutante - Tome 5

Chapitre 7 : L'Ennemi

– C'est toi le plus âgé, je ne suis pas sensée te rassurer ! grommela Elizabeth.

– Rester inconsciente autant de temps, ça n'est pas normal ! gronda une voix très grave.

– Ça ne sera pas sa première fois, railla Law.

Le silence.

– Pourquoi tu ne prépares rien ? Tu es douée pour ça ! s'énerva Adam, sa voix étant plus rocailleuse.

– Je fais des élixirs, pas des miracles ! protesta Lucy.

Aucun bruit.

– Et si elle s'était trompée ? Si parmi toutes les énergies envolées, il y avait aussi la sienne ? interrogea un Adam angoissé, avec sa voix du matin.

– Alors elle ne sera plus qu'une coquille vide, déclara sombrement Zéphyr.

Mes tympans sifflaient.

– Je n'en peux plus ! craqua Lucy, enrouée. Il faut la ramener. Faire quelque chose, appeler un médecin, merde !

– Pour que les Lumières ou les Ombres la dissèquent ? Jamais, rétorqua Adam.

– Il nous faut quelqu'un de plus compétent, protesta Elizabeth.

– Tu connais quelqu'un de plus compétent en énergies ? ricana Zéphyr.

Un bruit de claque. Mes lèvres étaient desséchées. Ma gorge tout autant. Mon corps était devenu un désert aride. J'essayais d'entrouvrir les lèvres, mais elles étaient comme soudées.

– Essaie de lui donner de l'eau. Elle est complètement déshydratée, suggéra Lucy.

– Elle n'a pas voulu les dernières fois, répliqua Adam.

– Tu as une meilleure idée ? s'énerva ma meilleure amie.

Un bruit de bouchon. Un doigt humidifia mes lèvres, me permettant de les entrouvrir. Un filet d'eau coula. Il m'étouffa. Je toussais, on me pencha sur le côté. Mon corps resta paralysé.

– Bordel ! jura Elizabeth.

– Ressaie le sang, proposa Law.

– Elle n'en a pas voulu non plus, rétorqua Adam.

Pourtant, je sentis l'odeur de rouille caractéristique.

– Je croyais que tu ne voulais pas ressayer ? s'étonna Law.

– Elle a déjà bu le mien. Peut-être que son corps l'acceptera mieux que celui que tu donnes à Eden.

Une goutte tomba sur mes lèvres. Ma langue la lécha. D'autres suivirent, glissant le long ma gorge avec chaleur. Ma bouche s'ouvrit un peu plus. Le débit du liquide augmenta. Ma nuque se contracta brutalement, me permettant de me redresser de quelques centimètres. Mes canines sortirent brutalement, perçant la chair. 

J'entendis Adam pousser un léger cri de surprise, mais il ne bougea pas son poignet. Je mordais dedans, avide de force et de pouvoir. Je sentis la vie me regagner petit à petit, réveillant un par un mes membres endormis. Les muscles endoloris de mon corps se contractèrent tour à tour, mais ils semblaient peser très lourd. Le silence planait, seul le bruit de ma déglutition retentissait.

– Ça fonctionne, constata mon père, un regain d'espoir dans la voix.

– Papillon ? me murmura Adam. Il faut que tu arrêtes. S'il te plaît.

Pourquoi ? Je gagnais en force et en puissance. En plus, d'agréables émotions d'amour et de chaleur me parcouraient. Pourquoi arrêter ?

– Il faut la forcer à se stopper avant qu'elle ne te vide de ton sang ! s'écria Law.