Chapitre 27 : Interview

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Les jours suivants passèrent à une vitesse si démentielle que je doutais de la relativité du temps.

L'entraînement s'était intensifié, Adam était souvent occupé à gérer l'emploi du temps de chacun et les excuses à servir aux Clans. Il était sur tous les fronts à la fois, ce qui ne lui laissait que très peu de temps libre. Et quand nous nous retrouvions le soir à deux, nous étions si fatigués qu'il ne nous fallait que quelques minutes pour s'endormir dans les bras de l'autre.

Je m'occupais d'aider à l'organisation des cachettes, en communication avec Falco. Miller et mon père, en attendant que j'arrive, s'occupaient aussi de cette part-là. Puis le reste du temps, c'était entraînement avec tout le monde.

Malgré que mon élément ne soit pas majoritaire, j'allais un peu partout pour débloquer le contrôle des énergies. Ces dialogues avec chacun étaient ponctués de période d'entraînement avec Noah et Cathleen, car Jun était parti rejoindre son mari et sa fille. Il aidait à la gestion à distance, mais nous n'avions pas pu lui refuser d'être près de sa famille. Tout comme Miller passait le plus de temps possible avec sa fiancée, malgré les tâches qui lui incombaient.

Les heures passaient à une vitesse affolante, si bien que je crus plusieurs fois que ma montre était cassée. Il était presque dix heures du soir, et j'étais en train de préparer mon sac. Demain matin se déroulait l'entrevue avec le journaliste, à mi-chemin entre la ferme de Jun et l'entrée la plus proche du marché noir – point de reconnaissance des renégats.

Mon sac à dos finalisé, je fis une dernière fois le tour de mes armes. Malgré son efficacité moindre, je gardais Caligo. A défaut de tuer les Mutants aussi facilement qu'avant, elle me permettait d'en trancher quelques membres et de me défendre.

Mon arme secondaire était accrochée à ma cuisse, tandis qu'à l'autre jambe une série de coutelas efficaces contre les Mutants s'alignaient. D'autres couteaux dans ma botte droite, un minuscule revolver dans la gauche, puis un dernier canif caché dans mon soutien-gorge, j'étais prête pour la bataille.

Mon sac à dos ne contenait que l'essentiel, et comportait pour seul objet personnel des photos de mes proches. Je gardais précieusement la topaze d'Adam au creux de mon cou, et ne manquais jamais de la toucher pour me rassurer. Une poche du sac ne contenait que des élixirs fabriqués par Lucy et Elizabeth.

Avant que je n'ouvre la porte de la chambre, cette dernière s'apprêtait justement à toquer. Elle me fourra une bouteille colorée dans les mains. Je decrivis un liquide violet peu appétissant. L'odeur que j'y distinguais me confirma que c'était encore quelque chose que j'allais avoir envie de recracher à cause du goût.

– Tu bois une gorgée chaque jour jusqu'à l'attaque, m'ordonna-t-elle.

– Tu ne penses pas m'avoir déjà donné assez de fortifiants, Liz ? m'exclamai-je en riant nerveusement, ne comptant plus le nombre d'élixirs que les filles m'avaient fait boire.

Ma cousine ne souriait pas du tout, et saisit avec force mes biceps.

– Regarde moi dans les yeux et promets-moi que tu le feras. Une gorgée par jour, sans exception, insista-t-elle en plongeant ses prunelles dans les miennes.

Ses yeux d'un bleu céruléen parcourent les miens pendant plusieurs longues secondes, comme si elle cherchait à imprimer son injonction dans ma tête.

– Je le promets, cédai-je. Une gorgée par jour, ni plus, ni moins, sans louper une seule journée.

Liz m'attira alors vers elle, et écrasa mes mains entre nous deux. Je fermais les yeux, cherchant à graver sa présence et sa chaleur dans un coin de mon cœur. Jusque là, être submergée par les tâches à faire avait suffi à diminuer l'anxiété liée au départ. En cet instant, je dus lutter pour ne pas pleurer. Elizabeth se recula, le visage peiné mais les yeux déterminés.

Mutante - Tome 5Where stories live. Discover now