Chapitre 17 : Rubis

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Je devais fuir sans perdre une seconde. Malgré la nuit noire, je m'envolais immédiatement à l'extérieur. Je cherchais un indice, n'importe quoi qui me permettrait de connaître la direction à prendre. Sauf que seul la verdure s'étendait à perte de vue. Même avec le fluide, rien ne ressortait. Mes pieds touchèrent le sol, et je plaquais une main tremblante sur ma bouche.

– Vingt-six jours, c'est trop court. Je n'y arriverai jamais ! désespérai-je, laissant la panique émerger à plein régime.

Rubis voleta à côté de moi puis m'observa attentivement. Soudainement, l'ababil ne parut à mes yeux que comme l'extension d'Oriana.

– Va t-en ! exigeai-je.

L'oiseau noir ne bougea pas.

– Elle t'a demandé de me surveiller, hein ? compris-je avec amertume. « Veiller sur moi » tu parles ! Elle se fiche bien de ce qui peut m'arriver, seul le gain de puissance l'intéresse !

Je laissais sortir un long cri de ma gorge, mélange de peur, frustration et inquiétude. Rubis se colla à moi, interloqué par ma détresse.

– Je dois partir Rubis, tu comprends ? me confiai-je. Adam, Lucy, Zéphyr, Law, Elizabeth, mes parents... même Hibiki et Jun, Miller, ils sont tous en danger ! Ma famille va mourir si je ne trouve pas un moyen de déguerpir d'ici !

J'avais hurlé sur la fin, balayant l'air de ma main. Rubis se prenait mon agressivité en pleine face, mais je n'arrivais pas à en être désolée.

– Je pensais que tu étais de mon côté, crachai-je brutalement. Je le pensais vraiment, mais... tu ne fais qu'obéir à Oriana. Toi, petit Mutant à faible niveau, tu es aussi impuissant que moi. On n'est que des grains de poussière dans un rouage déjà enclenché.

Je m'autorisais ce moment de faiblesse. Je laissais quelques larmes rouler, parce que je ne pouvais plus contenir mes émotions. Tout le stress s'étant accumulé se déversa, provoquant des soubresauts dans ma poitrine.

– Ils vont mourir si je ne trouve pas de solution. Mais il n'y en a pas... Oriana ne me laissera pas partir.

D'autant plus que Rubis n'était pas le seul Mutant à me surveiller. J'en repérais plusieurs dizaines, tapis dans l'ombre. Non seulement je ne connaissais pas le chemin, mais en plus, je ne pourrais m'aventurer loin sans me faire attraper par des Mutants de niveau six au minimum. 

Rubis se frotta contre ma jambe, ignorant mes reproches criés quelques secondes plutôt. Il se faisait du souci pour moi, me demandant même comment aider. Je caressais son doux plumage, un sourire triste aux lèvres.

– A moins de me conduire hors d'ici, tu ne peux rien faire, mon vieil ami, soupirai-je. Si je ne peux prévenir personne, alors ils sont déjà condamnés.

L'ababil se secoua brutalement, et écarta les ailes. Je fronçais les sourcils, ne comprenant rien à son comportement. Puis un long frisson me parcourut lorsqu'il me transmit un message et que je le vis s'envoler. 

Ma respiration s'accéléra, tandis que la lune levée révélait la vallée sous une nouvelle lumière. Oriana avait interdit à Rubis de me dire quel était le chemin vers la civilisation. Mais Rubis pouvait me le montrer.

Je n'avais qu'une seule chance. Les Mutants partiraient à ma poursuite dès que je serai trop éloignée du territoire d'Oriana, si cette dernière ne rappliquait pas immédiatement. Je n'avais pas le temps de trouver un leurre. Je devais juste faire confiance à ma volonté, mon pouvoir et Rubis. 

L'ababil m'attendit, m'affirmant qu'il ne déguerpirait qu'une fois que je l'aurais suivi. Il avait pris sa décision ; me sauver, plutôt que de continuer d'obéir à Oriana. Pourquoi, je ne savais pas exactement le dire. Mais je ne pouvais que lui en être infiniment reconnaissante. 

Mutante - Tome 5Where stories live. Discover now