Mutante - Tome 5

Chapitre 9 : Retrouvailles

– Allez ! insista Elizabeth en gémissant.

– Je vais te blesser ! objectai-je une énième fois.

– Tu rêves ! C'est moi qui vais te foutre une raclée, alors vas-y !

Je levais les yeux au ciel face à l'obstination de ma cousine. Elle voulait que nous nous battions à pleine puissance, chacune avec le fluide. Jusque là, j'avais refusé, prétextant que c'était trop dangereux. Mais elle ne cessait de revenir à la charge. 

L'élixir pour savoir à quel élément nous étions liés était presque prêt, il fallait simplement attendre. Quant à la recette pour ouvrir la « porte », elle était en bonne voie, mais nous avions besoin d'ingrédients amenés par Miller. Résultat, Liz se retrouvait à patienter sans rien à se mettre sous la dent, ce qu'elle détestait.

– S'il te plaît ! s'acharna-t-elle comme un enfant de cinq ans.

– Non.

Elizabeth gronda, un grognement presque digne d'un Mutant.

– Dans ce cas, je vais demander à Daniel. Tonton ! s'époumona-t-elle sur la plage, alors qu'il était parti quelque part dans les fourrés.

– Pas question ! m'écriai-je en me relevant.

J'étais assise au bord de l'eau, guettant l'arrivée de ma mère, Miller et Jun. Ils devaient débarquer dans la journée, mais nous n'avions pas d'horaire précis. Ils devaient nous appeler une fois qu'ils seraient tombés sur un épais brouillard et une barrière d'énergies, que Hibiki pouvait détecter. Le basan, Mutant et ami de Jun, les accompagnait. C'était Rubis qui allait être heureux. 

J'empêchais ma cousine de partir à la recherche de mon père. M'entraînant avec lui, je savais à quel point il ne prenait pas de gants. Cependant, Liz n'avait pas ma capacité de régénération exceptionnelle. Ma cousine se tourna vers moi, triomphante.

– C'est toujours non, insistai-je.

Elle roula des yeux.

– Très bien, je t'attaquerai dans ton sommeil alors.

Je poussais une longue plainte gutturale.

– Tu vas me tuer ! m'exclamai-je.

– J'y compte bien.

Je cédais, ne souhaitant pas que mon père l'estropie par inadvertance. Sa force était monstrueuse, il possédait les pleines capacités d'un Mutant de niveau huit ou neuf. On aurait pu même dire dix, puisqu'il savait garder le fluide presque indéfiniment. Il l'arrêtait par souci de confort, avoir autant d'informations lui bousillant sa concentration. 

Liz se recula de quelques pas et s'échauffa. Je suivis le mouvement, bien décidée à la mettre à terre en quelques mouvements et lui faire comprendre à quel point c'était une mauvaise idée. Elle baissa la tête, relâchant tous ses muscles. Je lui laissais le temps d'activer le fluide. Plus on s'y entraînait, et plus le chemin vers le sixième sens était facile à emprunter. 

Pour une Lumière avec seulement peu de poussière écarlate, Elizabeth était surdouée. Elle releva brusquement la tête, les yeux rouges. Ses iris étaient toujours en partie bleu foncés, mais parcourus de filaments rouges. Ses veines saillaient légèrement autour des yeux, sans pour autant être en relief. La maîtrise parfaite d'une partie du fluide. Elle ne pouvait pas faire plus, mais ça lui conférait déjà un sacré avantage. 

Bien que réticente, j'activais aussi le fluide. Ma vision me permit de voir les énergies s'affoler derrière ses pupilles, s'affaiblir sur le reste de son corps avant de devenir éblouissantes au niveau de son cœur. Tous les humains avaient leur réserve d'énergies – ou de Giaco – à ce niveau-là. Liz se mit en garde. Je fis de même par automatisme.