Chapitre 16

10 3 0
                                    

Daefir

La fête s'est terminée rapidement après son intervention. Comment peut-elle encore être en vie ?
On m'a ramené dans ma suite, désinfecté ma coupure et mis un bandage. Et puis un conseil en urgence s'est tenu. Je déteste ces réunions. Passer une heure à se faire sermonner a de quoi jouer avec vos nerfs. Ils n'ont pas arrêté de me dire de l'exécuter et n'ont pas compris ma position lorsque j'ai refusé, à chaque reprise. Ils ont même soupçonné qu'elle me plaisait ! Rien que d'y repenser j'en ai la nausée. Je tiens à sa mort, bien plus qu'eux. Seulement il y a trop d'enjeux, trop d'informations qu'elle pourrait divulguer. Si elle était morte dans cette arène, tout aurait été plus simple. Mais bien sûr c'est une battante qui ne lâche pas facilement l'affaire. J'ai donc clôt la discussion, fatigué d'entendre leurs remarques. Et bien qu'ils pensaient qu'ils restaient encore beaucoup à dire, ils n'ont eu d'autres choix que d'obéir. J'ai été la trouver dans sa chambre après ça. Je pensais qu'elle s'était calmée. Mais quand elle m'a foncé dessus j'ai bien compris que ce n'était pas le cas. Malgré mes coups et mes menaces elle n'en démentait pas. Elle m'a même giflé. Et je peux vous dire que je l'ai senti passé. Je crois bien qu'elle a transversé toute sa haine dans son geste. Je ne vois aucune autre explication.
Quand elle a fait allusion à mon frère, j'ai perdu le contrôle. Ma main s'est mise à trembler mais je crois qu'elle ne l'a pas remarqué. Et puis j'ai été incapable de le faire. J'ai beau avoir exécuté des prisonniers, je n'ai toujours été que celui qui donnais l'ordre. L'unique fois où j'ai tué quelqu'un de mes mains, c'était mon frère. Cet acte qui m'a permis d'obtenir la couronne alors que je n'en ai jamais voulu. Je dois bien admettre que j'y ai pris goût entre temps.
Et puis pendant que je tentais de cesser les tremblements, de paraître le plus indifférent en la menaçant. Elle a repris, malgré moi, le dessus sur la situation avec ce coup de tête. Je l'ai encore plus senti passer celui là !

Et alors que je pensais que cette haine ne se trouvait qu'entre nous, elle a pris de plus grandes dimensions avec ce dragon enragée en liberté.
J'ai du mettre en place une armée pour la capturer ou la tuer peu importe. Il fallait minimiser les dégâts. Mais ce fut peine perdue. Dès l'instant où elle nous a vu arriver, elle a pris le large.
Il me fut impossible de dormir cette nuit là. Dès que je fermais les yeux, la scène du meurtre se réjouait dans ma tête. J'eus fait des cauchemars de ça pendant un temps. Et puis j'ai finis par réussir à mettre cet événement dans un coin de ma tête et ne plus y penser. Jusqu'à elle...
Mon cœur s'est mis à battre vite, je tournais en rond, incapable de me calmer. Et j'ai commencé à faire tomber tout ce qui se trouvait sur mes meubles. Je pris un vase que je brisais contre le sol. Et puis je cognais mon poing contre un miroir à plusieurs reprises et finissais par le projeter à terre aussi. Je continuais jusqu'à ce qu'il n'y ai plus d'objets à jeter.
Ma chambre se retrouva dans un état pitoyable. Et moi aussi par la même occasion. Des débris de verres était éparpillés sur le sol. Je manquais à plusieurs reprises de me couper.

Je m'assis sur mon lit, réussissant à me calmer. Je compris que j'avais complètement péter les plombs. Et que j'allais devoir tout nettoyer. Je refuse qu'une servante voie ce désordre. Personne ne doit savoir ce qu'il s'est passé et encore moins pour quelle raison. La version officielle de cette vieille histoire ne doit pas changer.

Je passais les 3 jours suivants à déserter le plus possible le palais. Je ne voulais voir personne. Je n'avais pas la tête à jouer mon rôle. J'étais dans ma "cachette" le plus clair de mon temps. C'est le seul endroit où je suis sur d'être en paix. L'unique dont les gardes et la population du palais n'ont pas connaissance. Mise à part elle...
J'étais tellement persuadé qu'elle ne survivrait pas que je n'ai pas hésité un seul instant à lui montrer cet endroit. Si je pouvais remonter dans le temps, je ferai les choses bien différemment. Seulement ce n'est pas possible, ce qui est fait est fait.

Je finis par reprendre mes responsabilités en main. Je sais également qu'il va me falloir lui parler. Je n'ai d'autres choix. Il faut qu'on trouve un arrangement. Elle me cause bien trop d'agitation et de méfiance autour de moi. Ce qui ne me plaît pas pour le moins du monde.
J'ai pris la décision de lui rendre visite aujourd'hui. Mais j'admets y aller à reculons le moment venu. Je n'ai aucune envie de la voir ni de négocier avec elle pendant un siècle. Parce que je suis persuadé qu'elle marchandera. Et elle ne lâche pas l'affaire facilement. Quand elle veut quelque chose, elle se transforme en véritable tête de mule qui n'écoute plus rien, ce qui a le don de m'agacer. Mais je dois rester calme. Et là est toute la difficulté. Je dois faire preuve d'impassibilité malgré mes ressentiments. En étant roi j'y suis habitué. Mais elle, elle fait tomber tout mon self control à la seconde où elle m'insulte, me menace, devient hautaine avec moi. En clair, tout le temps.

dream or nightmareWhere stories live. Discover now