Prologue

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Encore une fois, j'ai besoin d'écrire dans mon journal. Ces derniers jours sont assez angoissants.
Assise sur mon bureau, mon carnet devant moi, mon casque sur les oreilles avec ma musique, un stylo à la main je l'ouvre, marque la date du jour comme à chaque fois mardi 6 juin et commence à écrire :

Cher journal,
Tout le monde autour de moi est ravi des vacances qui approchent. Tout le monde a hâte. Demain c'est le fameux dernier jour et je crois bien être la seule à ne pas être impatiente qu'il arrive. Mes angoisses n'ont jamais été aussi hautes que ces derniers jours. J'appréhende la manière dont mes vacances vont se passer, je stresse de les passer toute seule à ne rien faire alors que je veux juste les passer avec mes amis, ou du moins le peu qu'il me reste. Cette année a été compliquée, j'ai perdu beaucoup de monde. Un groupe de potes, même si c'était pour mon bien, ça ne rend pas la chose plus facile. Un autre groupe d'amis n'a tenu que deux petits mois avant de se disperser. Plusieurs de mes amis sont partis du jour au lendemain sans que je ne sache pourquoi. Une d'entre elles s'est même mise à faire comme si elle ne me connaissait pas. Oh et puis il y a eu cette fille, elle s'est tout un autre niveau. Je lui faisais confiance, je tenais énormément à elle, je faisais des efforts pour qu'elle se sente bien et en retour elle m'a manipulé me faisant m'engueuler avec une copine. Et puis après ça elle a menti, déformé nos disputes. Elle s'est faite passer pour la victime et moi j'étais vu comme la méchante impitoyable. Elle nous a mis, moi et mon amie dans une merde qui nous a pris la tête et dont on a eu du mal à se débarrasser. Mais ça ce sont juste les faits, ça m'a détruite. J'ai passé des nuits à pleurer en me demandant pourquoi elle avait ça, ce que j'avais pu faire ou dire pour qu'elle en arrive là. J'en arrivais même à me dire que c'était moi le problème. J'en perdais l'appétit, j'avais ce nœud au ventre tellement intense parfois que j'étais obligée de prendre des médicaments. Je ne sais pas quel était son but mais si c'était de me détruire alors elle a plus que réussi, autant mentalement que physiquement. Demain ma première année de fac se termine et j'angoisse à l'idée de perdre le peu d'amitiés qu'il me reste, j'angoisse à l'idée de le perdre lui. On s'est dit qu'on restait amis. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, c'est ma faute si on en est là aujourd'hui. Il voulait d'une relation sérieuse moi j'en avais peur alors un jour il en a eu marre de se contenter du flirt. J'ai écouté ma tête et mon cœur m'a hurlé qu'il l'aimait une fois que je l'avais perdu, ce jour où je l'ai vu avec une autre. J'ai accepté que c'était fini entre nous mais ce n'est pas pour ça que je ne l'aime plus. Notre relation a changé, on ne se parle plus qu'au lycée alors quand le dernier jour de cours sera terminé cela annoncera aussi la fin de notre amitié. Demain je le perdrai définitivement alors non je n'arrive pas à voir le début des vacances comme une bonne chose.

En le refermant je n'arrive pas à savoir si je me sens réellement mieux. D'habitude ça m'aide à me vider la tête mais pas sur ce coup. Mes angoisses sont trop fortes.
Putain de dernier jour de merde.
Fait chier.
J'ai vraiment tout foiré avec lui, tout ça parce que j'avais peur de tout ce qu'aimer impliquait.

L'amour c'est foncer dans un brouillard aveuglant sans savoir où l'on va, sans savoir qu'elle en sera l'issue. Une fois à l'intérieur, il est trop tard pour faire demi-tour, on se contente d'avancer en espérant une fin heureuse.

Voilà ce que j'avais écrit quelques mois auparavant et je crois bien que me concernant je me suis surtout complètement perdue dans ce brouillard. J'aurais dû m'en tenir au plan de départ. Pourquoi je me suis attaché à lui ?
Question débile je sais parfaitement pourquoi.
Ce jour là j'avais également écris ceci :

C'est un sentiment qui nous fait nous sentir plus vivant que jamais. Seulement quand on le perd ce n'est pas uniquement le cœur qui a mal, c'est tout notre corps qui ressens cette douleur qui nous traverse de toute part comme des milliers de couteaux.

Ces derniers mois j'ai malheureusement compris la signification d'avoir le cœur qui se brise et c'est atroce. J'avais l'impression d'avoir un énorme poids sur la poitrine qui m'écrasait et m'empêchait de respirer.
Je crois que l'amour n'est pas fait pour moi.

La musique dans mes oreilles continue de chanter. A l'entente de let her go, je sens les larmes monter. Non pas parce que c'est une chanson triste mais parce que les paroles me frappent en pleine face.

Only know you love her when you let her go

Il n'y a pas plus représentatif de la situation que cette phrase.
Enfin bon, y repenser encore et encore n'y changera rien je ferai mieux d'aller dormir.

dream or nightmareWhere stories live. Discover now