Chapitre 5

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Quelques jours plus tard, 13h,

Je viens de passer la matinée à réfléchir, à retourner le problème dans tout les sens et je n'ai toujours aucune solution.
Pourquoi c'est aussi compliqué d'avoir un plan ? Même un plan nul au moins j'aurais eu une idée.
A vrai dire je n'avais jamais imaginé me retrouver dans une telle situation.
Mon cerveau n'a pas été préparé à trouver comment sortir d'un livre.

Je n'ai jamais autant regretter mon journal qu'à cet instant. Si je l'avais eu j'aurais pu déverser toute ma frustration dedans. J'aurais pu me détacher de ce sentiment.
Je n'ai jamais su comment exprimer et extérioriser ce que je ressens. Parler n'a jamais été mon point fort. Je n'y arrive pas. Je ne sais pas pourquoi mais c'est comme ça j'ai un blocage ce n'est pas naturel. Les mots ne sortent pas de ma bouche. Quand par miracle il en sort, ils sont embrouillés et non pas de sens. Pourtant dans ma tête tout est clair. Mais quand ils sortent, tout devient plus compliqué.
Il y a presque trois ans j'ai découvert l'écriture. Je ne sais plus comment j'en suis arrivé à tenter de tenir un journal mais je l'ai fait. J'ai pris ce stylo et les mots se sont enchaînés les uns après les autres sans même que j'y réfléchisse.
A travers un stylo tout était simple.

Et très vite l'écriture est devenue la parole de mon cœur. Je notais la date puis parlait de tout ce dont je voulais. Ça pouvait être de bons moments dont je souhaitais garder une trace pour m'en souvenir. Ou de mauvais dont je voulais me débarrasser des émotions qu'ils créaient en moi.
J'arrivais à mettre des mots sur papier que je ne savais faire à travers la parole.
J'imagine que de savoir que j'étais la seule à avoir connaissance de ces notes m'a aidé à me livrer.
Si personne n'était au courant je n'avais pas à craindre leur regard de pitié ou leurs attentions qui me donnait l'impression d'être faible.
Qu'est-ce que je peux détester cette sensation d'être une chose fragile capable de se casser d'un instant à l'autre et dont il faut s'occuper pour la préserver.
Si personne ne savait, je n'avais pas à me sentir vulnérable, puisque celle-ci était rangé à l'intérieur de ces pages.

Mais là je ne l'ai pas avec moi. Il est resté dans mon monde. Ça me manque de ne pas avoir de moyen d'extérioriser.
J'aurais voulu écrire encore et encore pour déverser toute ma frustration de ne pas trouver de solution pour m'échapper, toute ma peur de me faire enfermé ou pire tuer, toute ma fascination de me trouver entourer de magie.
Toutes ces émotions contradictoires tourne dans ma tête.
Je me connais. Si je n'extériorise pas je vais encaisser jusqu'au moment où je vais exploser.
Quand ça arrive il vaut mieux éviter d'être dans les parages. Je peux me mettre tellement en colère contre la personne qu'elle n'aura pas le temps d'en placer une. En général j'ai tellement retenu mes mots qu'ils défilent sans que mon cerveau est le temps de se rendre compte de ce que je dis.
Je peux aussi m'effondrer en larmes et ne m'arrêter seulement quand je n'en aurai plus. Ça peut durer des heures parfois.

Enfin bon, beaucoup de mots pour simplement dire que mon journal me manque et que j'aimerais écrire dedans aujourd'hui.

Alors que je suis toujours perdue dans mes émotions, une voix me sort de mes pensées.
-- Ce n'est pas en fixant le vide que tu vas avancer. me dit Nimue dans l'encadrement de la porte de ma chambre
-- Je sais bien mais-
-- Il n'y a pas de mais qui tienne tu te lèves et tu te remues un peu. m'interrompt-elle
Je n'ai aucune envie de bouger mais elle a raison, encore une fois mais ça je ne lui dirais jamais. Rien que le penser blesse mon ego.
-- Il va me falloir de nouveaux habits de préférence adapter à la marche. répondis-je
-- Sortir n'est pas très prudent.
-- C'est vrai mais vous l'avez dit vous-même, ce n'est pas en restant allongé que je vais avancer.

dream or nightmareWhere stories live. Discover now