Chapitre 94

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[Désolée pas eu le temps pour le dessin... ^^"]

L'année 2020 commençait ainsi dans une ambiance quelque peu étrange. En gros, il y avait trois catégories de réaction face à la menace pandémique qui se précisait : « on va tous mourir », « c'est qu'une grippette » et « on verra bien ». Nathanael était un peu inquiet, ne sachant que penser de tout ce qu'on lisait et entendait, à savoir approximativement tout, son contraire et le contraire du contraire, à moins que ça ne soit l'inverse. Adel, moins. Ayant frôlé Ebola une fois ou deux, ce dernier était plus flegmatique et se plaçait clairement dans la team « on verra bien ».

Le convalescent acheva comme prévu son hospitalisation complète le 14 février et eut une semaine de repos avant de passer en simple hospitalisation de jour dans la même clinique. Il était content, il marchait de mieux en mieux. Il n'avait plus besoin de béquille lorsqu'il était chez lui, ne la gardait à la clinique que parce que certaines séances d'exercices le fatiguaient beaucoup et au-dehors par sécurité. Il commençait même à tester les prothèses pour la course et ça se présentait bien.

Nathanael tentait d'avancer ses projets, mais l'ambiance globale n'était pas très propice à la création. Entre ça et les tensions avec son éditeur, il séchait un peu et ça ne l'aidait pas vraiment à avancer.

Un après-midi comme ça, après une heure à regarder son storyboard sans pouvoir tracer un trait, il renonça et se dit que quitte à ne pas dessiner, il allait au moins ranger un peu son bureau.

Il alla se faire un thé et revint dans la pièce sans grande énergie pour essayer de ne pas perdre toute sa fin de journée.

Il bâilla et se secoua :

« Allez, courage... »

Comme souvent, beaucoup de papiers s'étaient empilés un peu partout autour de sa table et même dessus. La différence était vraiment notable avec celui d'Adel, à côté, toujours très ordonné. C'était à peine si les stylos n'étaient pas rangés par couleur dans les pots.

Nathanael se mit à l'œuvre en chantonnant avec la musique qui sortait des enceintes de son ordinateur. Administratif à régler, administratif réglé, factures à ranger, notes de projets futurs... Il y avait de quoi faire. Carotte, la petite chatte rousse, vint l'aider et comme le voulait la règle, se fit un devoir de se coucher sur une pile de feuilles, de préférence celle dont Nathanael avait besoin à l'instant T. Mais au moins n'en renversa-t-elle pas, ce qui était déjà ça.

Il se disait qu'il allait se faire une petite pause clope quand il retomba sur des brouillons qui lui arrachèrent un large sourire : les esquisses qu'il avait faites pour une potentielle suite du Petit Papillon.

Il regarda ça en faisant la moue. Il avait complètement zappé ça avec tout ce bazar et visiblement, l'éditrice du petit livre aussi, puisqu'elle ne l'avait pas recontacté, mais après tout... Pourquoi pas ?

Il quitta la pièce avec les feuilles et alla fumer sur sa terrasse pour regarder ça un peu plus sérieusement. C'était un peu confus. Ça se voyait qu'il avait gribouillé ça lors d'une nuit blanche, mais il y avait du potentiel...

En écrasant son mégot, il pensa surtout qu'il fallait qu'il demande à Adel ce qu'il en pensait, puisqu'il était concerné. Hors de question de raconter leur histoire sans son accord.

Il laissa donc les feuilles sur la table du salon et retourna à son rangement.

Il finissait de tout classer lorsqu'il entendit la porte d'entrée, rapidement suivie de la voix de son mari :

« Je suis là !

– Bonsoir, mon cœur ! »

Nathanael sortit de son bureau pour le rejoindre :

Le Petit PapillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant