Chapitre 60

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Adel n'avait honnêtement pas la moindre envie de rentrer chez lui le dimanche soir. Vraiment pas. Même la perspective de voir ses enfants ne suffisait pas à le motiver, mais bon, il n'avait pas le choix. C'était juste pour la nuit de toute façon, il avait dîné à la caserne, prétextant du boulot, ce qui n'était pas tout à fait faux. Il savait qu'il allait se faire pourrir comme jamais, mais, pragmatique, il finit par se dire que ça serait fait.

La perspective de son rendez-vous amoureux rendait finalement presque ce passage obligé négligeable.

Il n'allait quand même pas être déçu...

S'il devait covoiturer avec son frère le lundi matin, il rentrait seul ce soir-là et il prit une grande inspiration dans sa voiture après s'être garé dans la cour de la maison, avant d'en descendre, de prendre son sac et de rentrer comme si de rien n'était.

Sabine et Bruno devaient le guetter, car il avait à peine fermé la porte qu'ils se jetaient sur lui, déjà en pyjamas :

« Papaaaaa ! »

Il s'accroupit aussitôt, souriant, pour les serrer dans ses bras :

« Coucou mes trésors !

– Tu rentres tard ! remarqua Bruno.

– Oui, on a beaucoup de travail. Vous allez bien ?

– Je suis fatiguée... lui répondit Sabine. C'était trop long la manifestation... »

Adel soupira et la serra plus fort en embrassant sa tête, alors que Bruno ajoutait :

« Oui et puis j'ai toujours pas compris pourquoi on allait marcher... Et Maman et Papy et Grand-Papy sont de mauvaise humeur, ils sont très fâchés contre toi... »

Sans déc'...

Adel sourit à son fils et lui fit un bisou aussi :

« Ouais, j'ai pas été sage et je vais me faire gronder. Allez, dit-il en se relevant, filez vous préparer pour dormir, je viendrais vous voir quand ça sera passé. »

Laissant les deux enfants un peu inquiets partir, Adel regarda sans perdre son sourire son épouse, qui venait d'arriver et le toisait avec colère et sévérité.

« Bonsoir, ma chère. Encore un dimanche de perdu avec vos amis de la Manif pour Tous, alors ? »

Il ramassa son sac alors qu'elle répliquait :

« Arrête de dire n'importe quoi ! Notre mouvement est massif et cette loi, si autant de gens la veulent, pourquoi ils ne sont pas à manifester pour elle !

– Parce qu'ils ont une vie, d'autres priorités et autre chose à faire de leur dimanche que de se battre pour une cause déjà gagnée. Cette loi passera. Vous ne faites que perdre votre temps... »

Il s'était approché d'elle et ajouta, sec :

« Et accessoirement, mêler à vos conneries des enfants qui n'ont rien demandé. »

Elle sursauta sous l'attaque, mais il ajouta avant qu'elle ne puisse répliquer :

« Bon, je suppose qu'on m'attend au salon ?

– Euh... Oui...

– OK, alors allons-y tout de suite, j'aimerais bien profiter un peu de mes enfants avant de dormir... »

Il laissa son sac à l'entrée du couloir des chambres pour gagner le salon.

Comme il s'y attendait, son père et son grand-père étaient là, assis sur le canapé, furieux, et il se surprit lui-même à les regarder sans crainte.

Le Petit PapillonTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon