Chapitre 92

115 17 51
                                    

 [Attention – Mentions de viols et tortures]

Le réseau familial des De Larose-Croix ne put sauver la carrière militaire d'Arnaud, mais, allié à la complaisance bien réelle de certains magistrats lyonnais envers les troublions d'extrême droite, elle parvint quand même à atténuer l'affaire. Le jeune homme échappa à la préventive contre un bracelet électronique, mais pire encore, la tentative d'homicide ne fut pas retenue. Ne resta donc que l'agression en tant que telle. Et encore, il y avait fort à parier que, comme cette dernière n'avait finalement pas eu de conséquences, Nathanael n'ayant pas été blessé, la plainte aurait pu être classée tout court et que ça n'avait pas été le cas que parce que l'association de Nathanael s'était portée partie civile avec ce que ça impliquait de publicité autour de l'affaire.

Adel était à l'étranger, en OPEX, lors du procès, plus d'un an après les faits, en avril 2018. Arnaud s'était, sans doute contraint et forcé, tenu tranquille dans l'intervalle. Le juge suivit la plaidoirie de son avocat qui plaidait la clémence pour un jeune homme conscient de ses erreurs et désireux de se racheter et ne le condamna donc qu'à six mois de réclusion avec sursis.

Pas dupe du tout, Nathanael fit appel. La lenteur de la justice remettait à longtemps le dénouement de cette histoire.

Adel savait que son grand-oncle veillait et ça suffisait à le rassurer, ça allait encore forcer le jeune excité à se tenir tranquille.

Le lieutenant et son binoclard préféré continuèrent donc leur route amoureusement et Adel officialisa sa reconversion en ne renouvelant pas son engagement.

Tout allait bien. Nathanael regardait son mari, heureux et fier de ce qu'il était devenu, un homme qui, certes, traînait encore pas mal de casseroles, mais qui avançait pour s'en libérer. Il s'était mis au dessin plus sérieusement et commençait même à faire des petites BD humoristiques, surtout sur des petits évènements de la caserne, qui faisaient bien rire ses collègues quand ils tombaient dessus.

Bref, Adel, persuadé lors de leur rencontre que tout le monde ne pouvait pas devenir le papillon qu'il voulait, était bien parvenu à se tisser un cocon pour en sortir flamboyant et prêt à s'envoler.

Tout allait bien.

Un jour de septembre, en rentrant après trois jours de garde, Adel eut la surprise de découvrir un chat noir sur le canapé. Il resta à regarder l'animal, dubitatif, autant que le chat, d'ailleurs, qui leva le nez vers lui.

Nathanael, qui sortit de son bureau, lui sourit :

« Bienvenue chez toi, mon amour !

– Euh, merci...

– Ça a été, ta garde ? »

Nathanael le rejoignit, ils s'enlacèrent et échangèrent un baiser. Puis, Adel, tout en le gardant dans ses bras, câlin, demanda :

« On a un chat, nous, maintenant ?

– Une chatte. Et apparemment, oui.

– " Apparemment " ?

– Oui, elle a l'air d'avoir décidé qu'elle se sentait bien ici... Il semblerait qu'elle ait été abandonnée par la famille qui habitait au bout de la rue quand ils ont déménagé il y a quinze jours.

– Oh ? C'est pas cool, ça.

– Pas cool de tout.

– Et du coup, elle a frappé à la porte et tu as dit OK ?

– Même pas, c'est encore plus drôle que ça : je l'ai trouvée sur le lit en allant me coucher avant-hier... J'avais laissé les portes ouvertes sur le jardin, elle a dû se faufiler.

Le Petit PapillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant