Chapitre 26

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[L'autrice s'excuse : elle a totalement oublié les chats dans les derniers chapitres. Oups. Ils vont réapparaitre et je corrigerais probablement les chapitres précédents pour la sortie papier... Vraiment désolée !! ^^' C'est le souci quand on écrit en flux tendu... On peut faire des erreurs de ce type...]

Le mois de janvier passa à nouveau très vite pour Nathanael. Il avait trouvé sa routine et ça roulait, entre un Adel toujours plus réactif, même si toujours absent, le boulot, l'univers et le reste.

Il avait eu une très violente dispute avec son éditeur au début du mois, ce dernier s'étant montré bien trop insistant pour le faire participer au festival d'Angoulême qui se déroulait cette année-là du 24 au 27 de ce même mois.

Nathanael n'avait jamais été fan d'Angoulême. Trop gros, trop élitiste, sclérosé et bien trop longtemps fermé aux œuvres étrangères, ce festival était pour lui ce que les Césars et les Oscars étaient au cinéma : un ramassis d'entre-soi snob, avec un beau fond sexiste et ethnocentré.

Entre 1974 et 2000, seuls trois auteurs non-francophones avaient gagné le Grand Prix. Le palmarès n'était véritablement plus international que depuis la fin des années 2000. Le premier Japonais récompensé, Akira Toriyama, l'avait été en 2013, alors même que l'immense Osamu Tezuka était venu en personne et dans l'indifférence générale en 1982.

Et cela sans même parler qu'en cette année 2019, Rumiko Takahashi serait la 3e femme à recevoir ce prix. Ce qui pour le coup lui faisait plaisir, à Nathanael. Même si ça avait quelques décennies de retard à ses yeux, il avait une tendresse particulière pour cette autrice qui avait bercé une partie de son enfance avec Lamu, Ranma et tant d'autres.

En 2016, il avait été de ceux qui avaient dénoncé avec une sincère colère l'absence total d'autrices sur les 30 lauréats au Grand Prix, mais son opinion ne s'était pas améliorée depuis.

Il ne pouvait nier que certains essayaient de faire bouger les choses, mais il n'avait cette année-là pas l'énergie d'y aller er de supporter cette ambiance qui n'était tolérable pour lui qu'à coup de potes souvent aussi blasés que lui et de soirées trop arrosées pour son bien, surtout à ce moment-là.

Mais cela lui avait valu une très violente dispute avec son éditeur et il avait fini par lui raccrocher au nez, furieux. Depuis, il grommelait et se posait sérieusement la question de rompre ses contrats et de se lancer en autoédition. Ça demandait une bonne logistique, ce qui pouvait être compliqué, et une communauté solide, mais ça, il avait. Le plus gros souci serait le blocage des droits qui paralyserait probablement l'avancement de certaines séries quelques années.

Mais il en avait un peu marre de soutenir un système éditorial aux fraises, d'être quasi la cinquième roue du carrosse de la chaine de prod' alors qu'il en était la base même. Et encore, comme auteur connu et faisant de bonnes ventes, il n'était de loin pas le plus à plaindre... Surtout en ayant la chance d'être propriétaire sans prêt immobilier sur le dos.

Bref, ayant vu des collègues se lancer avec joie et succès dans l'indépendance, cette question le titillait... Une autre possibilité était de tenir sur la fin des séries en cours et de se lancer en indé pour les prochaines.

Il pensait donc à ça, en ce début d'année, en bossant sur le cinquième tome de Poussière d'Etoile, sa série de SF.

Il faisait froid, il était emballé dans un plaid, assis à son bureau, avec son thermo de thé, un matin, lorsqu'on sonna au portail.

Il grogna et se leva d'un bond pour aller voir. Judith était partie au marché.

Adel était installé sur le canapé, plus ou moins envahi de chats divers, devant la télé où passait un documentaire sur les acacias, et avait machinalement tourné la tête vers l'entrée.

Le Petit PapillonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant