Pornographe

CHAPITRE 45 : LENA

Chapitre 45 : LENA

C'est bizarre, ce rendez-vous avec Lance. Je ne peux pas m'empêcher de repenser à ce que Léa m'a dit. Lance, amoureux ? De moi ? Ça me parait improbable. Mais impossible de sortir cette information de ma tête. Pourquoi voulait-il me voir ? J'ai l'impression qu'on tourne autour du pot depuis que je suis arrivée.

Ce serait plus facile si Lance pouvait directement me dire ce qu'il a sur le cœur, mais je sens qu'il n'ose pas, qu'il a un blocage. Je le comprends. Franchement, dévoiler ses sentiments, ce n'est pas facile. J'aurais aussi eu mes réticences. Je n'ai jamais aimé l'étape de la confession : cela s'apparente à retirer son armure devant le dragon et à attendre de voir s'il crachera du feu...

Puis, si ça se trouve... ce n'est absolument pas la raison pour laquelle il m'a fait venir aujourd'hui. Peut-être que je me fais des histoires... Léa a peut-être « fantabulé » toute cette affaire de sentiments. Elle aime un peu trop les films romantiques après tout. Si ça n'avait pas été d'elle, je n'aurais jamais regardé ni Les pages de notre amour ni Orgueil et Préjugés et je n'aurais absolument pas pleurer toutes les larmes de mon corps devant Purple Hearts.

— Hum... Je ne sais pas. J'avais juste envie de te voir.

Je soutiens le regard de Lance. Je sais qu'il ne m'a pas fait venir pour ça... enfin, pas que pour ça.

— Elle est loin, l'époque où ma présence t'insupportait, je plaisante avec un sourire.

— Nous avons peut-être eu quelques différends sur notre manière de travailler, mais ta présence ne m'a jamais insupportée. Tu sais quelle est la première chose que j'ai pensée en te voyant la première fois ?

J'arque un sourcil.

— Non ?

Je ne suis pas certaine de vouloir le savoir en revanche. À notre première rencontre, à mes yeux, Lance était le plus grand connard que je n'avais jamais rencontré.

— Je me suis dit « Wouah, elle est tout à fait mon type ! » J'ai toujours eu un faible pour les blondes.

Je roule les yeux.

— Dragueur...

Je suis persuadée qu'il dit la vérité en plus.

— Je te jure que c'est vrai ! J'ai tout de suite pensé que tu étais sexy.

— Je te crois. En revanche, je t'assure que tu ne veux pas savoir ce que, moi, j'ai pensé de toi la première fois...

— Dis toujours.

— Ce devait être quelque chose comme : « C'est le plus grand macho que le monde ait porté. »

Lance manque de s'étouffer avec son rhum.

— Outch.

— Je t'ai dit que tu ne voulais pas entendre.

Il me sourit avec fierté et je sens la couille arriver à dix kilomètres :

— Tu as quand même accepté de coucher avec moi.

Je prends une gorgée.

— Disons que les premières impressions sont parfois trompeuses...

Et je ne suis pas mécontente d'avoir eu tort. Lance a ses défauts, mais ce n'est pas un connard tel que je l'imaginais. Il me l'a démontré à plusieurs reprises maintenant.

— Moi, je te trouve encore aussi sexy en tous cas. Je ne m'étais pas trompé.

— Est-ce que tu essaies de me mettre dans ton lit, Lance ?

Je ne sais pas trop ce qui me prend. Je crois que j'ai besoin de valider son intérêt. Depuis la dernière fois où nous avons couché ensemble, Lance n'a plus réessayer de m'avoir, que ce soit le soir où nous avons célébrer la fin du tournage ou lors de la première diffusion, il n'a rien tenté. N'importe quelle fille se serait mise à douter. Il était tellement pushy avant...

— C'est une proposition que je ne peux pas refuser.

— Je croyais que tu n'étais plus intéressé.

Lance écarquille les yeux de surprise. Son étonnement semble sincère.

— Comment ça ?!

Je hausse les épaules avec un air aussi détaché que possible. Je ne veux pas qu'il voit comme tout cela m'a affectée.

— C'est évident, non ? Tu ne m'as plus fait la moindre avance depuis la dernière fois... Je me suis dit que tu t'étais sûrement lassé. Qui ne l'aurait pas pensé...

— Oh... Je... tu pensais que j'étais un coureur de jupons macho... Non ? Tu avais une mauvaise opinion de moi et je refusais de te donner raison. Je ne voulais pas avoir l'air de trop poussé ou que tu aies l'impression que je voulais juste coucher avec toi.

Hum... ? J'arque un sourcil interrogateur. Il ne m'a jamais laissé penser qu'il puisse vouloir autre chose.

— Et ce n'est pas seulement ce que tu veux ?

Lance se fige. Il y a quelques secondes de silence, puis il soupire.

— Au début, oui... Ensuite, non... C'est dur pour moi de l'avouer, mais je me suis attaché à toi, à ta manière de défendre tes convictions, de rire, de me remettre à ma place quand tu n'es pas d'accord...

Je reste silencieuse en le fixant du regard. Alors, Léa avait raison ? Je ne pensais jamais voir Lance rougir, mais ses joues commencent à se colorer. Et ce n'est pas l'alcool.

— Pitié ne me laisse pas me ridiculiser plus longtemps. Dis quelque chose.

J'appuie mon menton dans le creux de ma main et je lui souris tendrement.

— J'adore quand tu te ridiculises de cette façon. C'est mignon.

C'est agréable d'entendre Lance parler comme ça. J'en aurais pris encore.

— Ne plaisante pas avec ça : je viens de mettre mon cœur à nu pour toi.

Mon sourire s'agrandit.

— Ton égo survivra ?

Je ne me moque pas de lui, hein ! Mais il mérite que je le fasse languir un peu. Je sais à quel point c'est difficile pour lui de m'avouer tout cela. Et je veux savourer ce moment.

— Seulement si tu ne me rejette pas.

Pour toute réponse, j'approche ma tête de la sienne et je l'embrasse. 

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