CHAPITRE 11 : LANCE

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Chapitre 11 : LANCE

Qu'est-ce que c'est que cette blague... ? Ma queue est couverte de sang comme si j'avais essayé de baiser un animal mort. J'entends Lena pouffer de rires derrière le cameraman. Lorsque je lève les yeux sur elle, elle hausse les épaules avec un air nonchalant. Elle fait mine de ne pas comprendre.

— Qu'est-ce qu'il y a, Lance ?

— Comment ça « qu'est-ce qu'il y a » ? Il y a... j'ai la...

Merde, je n'arrive plus à aligner deux mots de façon correcte.

— Ce n'est rien qu'un peu de sang. Tu sais que c'est naturel, non ? Une femme qui a ses règles n'est certainement pas dégoûtante et encore moins sale.

Oh, purée, c'est que ça. Pendant un instant, j'ai cru que j'avais déchiré Vanessa et qu'elle s'était mise à saigner. J'ai eu sérieusement peur de lui avoir fait mal. Je soupir de soulagement.

— Ça va ? me demande ma co-star avec une expression perplexe. Lena m'a dit que ça ne te dérangerait pas de le faire sans l'éponge. T'es sûr que c'est OK ?

— J'ai juste été un peu surpris, je finis par répondre en prenant sur moi. J'ai cru que je t'avais blessée.

Soyons honnête : le sang, ce n'est pas ce que je trouve le plus sexy. En revanche, ce ne sont pas les règles d'une nana qui m'ont déjà empêché de coucher avec elle. Quand je rencontre une fille superbe et qu'elle me dit qu'elle a ses règles, ce n'est pas ça qui va se placer entre moi et mon désir et m'empêcher de la mettre dans mon lit ! En bref, ça ne m'a jamais dérangé plus que ça. Je suis peut-être plus féministe que Lena semble le penser au fond. Cette pensée me fait sourire. Si c'est le plan qu'elle a élaboré en espérant que je prenne la fuite sans terminer le contrat, c'est bien mal me connaître. Je vais lui prouver qu'elle a tort et relever son défi haut la main.

— Non, ne t'en fais pas, je vais bien, me rassure Vanessa en tournant la tête pour me voir. J'ai quelques crampes menstruelles qui me donnent envie de m'arracher les reins... mais à part ça, c'est tout bon. Parait que le sexe diminue ce genre de douleur, on verra bien, hein.

Je ne le dis pas, mais je suis bien content de ne pas souffrir comme ça chaque mois. C'est à croire que Mère Nature a voulu punir les femmes pour une raison qui m'échappe totalement. Je préfère faire des wet dreams à l'adolescence et me masturber plusieurs fois par semaine pour éviter d'avoir les blue balls plutôt que d'avoir l'utérus en guerre une fois tous les vingt-neuf jours.

— Bon, alors on peut reprendre, annonce Lena en frappant dans ses mains.

Je lui lance un regard défiant, insistant, et c'est avec grand plaisir que je me replonge dans la scène. Elle ne se débarrassera pas de moi aussi facilement, ça non !

J'enchaîne les prises et je baise Vanessa dans toutes les positions prescrites par le scénario (contre la barre, sur le sol, face au miroir...) et avec toute la délicatesse et la sensualité imaginées par Lena. Et je pense à elle. Depuis la vidéo que j'ai vue hier, je ne peux pas me la sortir de la tête. Son corps, ses hanches, ses cuisses, ses jambes, sa nuque, ses lèvres... Sans même le vouloir, j'imagine brièvement que c'est elle qui se trouve sous moi. Elle rigolerait beaucoup moins si j'étais en train de la doigter comme je doigte ma présente co-star. Elle gémirait plutôt, incapable de retenir sa voix. Je rêve de ce moment. Quand j'aurai remporté notre marché – ce que je suis en train de faire – elle n'aura d'autres choix que de respecter notre entente.

Quand j'entends le dernier « coupez ! » de la journée, je suis totalement crevé. Être doux, ça demande plus d'énergie qu'il n'y parait. En remerciant Vanessa pour son travail, je m'éloigne pour me draper dans un peignoir blanc. Je remarque Lena qui semble hésiter à venir me parler. Elle me regarde depuis l'autre côté du plateau en discutant avec le cameraman. Elle est en train de visionner les rushs. Curieux, je m'approche pour regarder aussi.

Alors que le cameraman commence à ranger son matériel, je me penche par-dessus l'épaule de la jeune femme pour voir les images qui ont été filmées. Je dois avouer que ça rend plutôt bien d'un point de vue artistique. Les ombres, la lumière et les plans sont plus travaillés que n'importe quel autre film dans lequel j'ai joué. Quant à ma performance, elle ne semble ni factice ni forcée. Tout a l'air naturel.

— Alors... c'était exceptionnel... ou extraordinaire ? je demande avec un large sourire.

Lena roule les yeux.

— C'est... bien.

J'ai l'impression que le mot lui a brûlé la langue. Ça lui coûte autant d'admettre que je suis un bon acteur ?

— Je me demande encore comment des scènes si lentes peuvent intéresser vos clients. J'ai eu l'impression de tourner dans le film expérimental d'un étudiant en arts...

Lena est clairement saoulée que je remette autant en question son travail.

— Justement, ce sont nos clients. Je sais très bien ce qu'ils recherchent en venant chez Femina, alors contente-toi de faire ce qu'on te dit.

— Mais c'est ce que j'ai fait toute la journée. Je suis fair-play, moi, je respecte ma part du marché... et j'en attends autant de toi.

Lena éteint le moniteur et se retourne vers moi.

— Il reste encore demain. Ne t'emballe pas trop vite, Don Juan.

Je la défis du regard.

— Tu vas encore essayer de me faire un sale coup pour me faire déguerpir ?

Je jure que ses joues s'empourprent, mais j'ignore si c'est d'embarras ou de colère. Sans doute un peu des deux.

— Voyons... je n'imaginais quand même pas que tu allais partir à cause d'un peu de sang. Ça n'aurait pas été très professionnel de ta part...

Je sais qu'elle ment. Elle pensait que ça allait suffire à me faire péter un plomb et quitter le plateau en claquant la porte. Mais c'était mal me connaître.

— Et je suis un acteur professionnel, bien sûr.

— Bien sûr...

Lena croise les bras sur sa poitrine. Elle adopte une position défensive face à moi et je me demande s'il pourra en être autrement un jour. Pour une fois, je me sens en maîtrise face à elle. Aujourd'hui, c'est Lena qui a perdu la partie.

— Je suis heureux que l'on s'entende enfin là-dessus. Bon, je ne peux pas rester plus longtemps, car j'ai prévu de streamer ce soir, mais on se revoit demain.

Je crois que la seule chose qui soulage Lena, c'est de me voir m'éloigner. Aussitôt, je la vois se relâcher, comme si la pression quittait ses épaules. Elle est beaucoup trop tendue. Je pouvais presque entendre son cœur battre follement lorsque j'étais près d'elle. Je pense qu'elle fait semblant d'être intouchable, mais aucune fille ne peut résister à mes charmes bien longtemps...


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