Miraculous Saison 6 version Zoénette

Chapitre 12 - Le Sphinx ?

Adrien est adossé au mur derrière son lit. Il a le regard dans le vide. Son père a fait toutes ces horreurs. Il l'a mis en danger, lui, son unique fils. Il a manipulé, asservi, brisé... Il a tordu et détruit... Il est impardonnable.

L'image se forme petit à petit. Ce vieux livre... Gabriel savait tout sur les miraculous depuis le début. Mais Gabriel a déjà été akumatisé... peut-on s'akumatiser soi-même ? Non, ça n'aurait aucun sens. Aurait-il un complice ?

Nathalie ! C'est elle qui l'a aidé depuis le début ! C'est Mayura !

Nathalie aussi, donc.

« Mais les anneaux... Qui les a amokés ? »

« Ta mère... et le père de Félix. Le miraculous du paon était endommagé et les a empoisonnés. Comme ils ne l'ont utilisé qu'une fois chacun, ils ont tenu presque 15 ans. »

Adrien serre les deux anneaux. Il n'a pas besoin d'un dessin. Il sait ce qu'a créé le père de Félix, il se doute de ce qu'a créé sa mère.

Il sent la frustration et la colère le ronger. Ses parents lui ont tout caché, de sa naissance au Dernier Jour. Il commence à entrevoir les crimes de son père et de Nathalie, mais ni lui ni Ladybug ne peuvent savoir ce que sa mère a fait, à l'époque du trio d'aventuriers, pour mettre la main sur les miraculous du paon et du papillon.

Et Adrien...

Il sent ses entrailles se serrer. Il a peur. Comment évoquer cette idée monstrueuse, que quelque chose en lui est vicié, que ses émotions et ses raisonnements sont biaisés. Il pense aux monstres créées par Mayura et Papillombre grâce au paon, des grotesques pantins qui obéissent aux ordres du porteur de l'amok. Et qui sont libérés de leur existence d'un claquement de doigt. Puis il repense à la senti-Ladybug que Mayura a créé, si réelle5.

Il tend les anneaux à Ladybug. Les deux anneaux, puisqu'il n'a aucun indice sur leur nature, il ne sait pas lequel appartenait à Félix et lequel est peut-être toujours amoké. Il les tend, en repensant à toutes les fois où son père a eu un ascendant si fort sur lui, un ascendant de père sur son fils, mais aussi de créateur sur sa créature, de porteur d'amok sur un monstre. Il les tend et dit « Si ma mère a vraiment fait ce que tu dis... alors utilise le. Comme ça je serais fixé. Je t'en supplie. Donne moi un ordre absurde, influence moi comme tu peux. »

Ladybug est effarée par l'air accablé du jeune homme. « Adrien... », puis elle prit une mine résolue. Elle prend les anneaux et les met au doigt. Adrien s'abat sur son oreiller, il se sent vide, comme une coquille dont on aurait tout retiré — l'amour filial, la confiance, la joie de vivre. Comme une grotte dans laquelle il ne reste rien.

Il la regarde. Les yeux de Ladybug sont au bord des larmes, mais il y a autre chose que la peur ou le désespoir. Il y a un courage et une gentillesse indéfectible. Et un amour fort. Et chaud, qui réchauffe ses entrailles désespérées. Et lumineux, qui éclaire la grotte. Ce sont les yeux de la femme qu'il aime.

Elle murmure « Aie confiance. Sois courageux. Souviens-toi, il y a des gens qui t'aiment. »

Il détourne le regard, et sourit. Du bout des lèvres, il articule à peine « Marinette... »

Ladybug lui prend la main, glisse ses doigts autour de ceux d'Adrien, et serre. Puis elle lui passe les deux anneaux à l'annulaire. « Marinette... » commence Adrien...

« Je t'ai rendu ce qui t'appartient et dit ce que je sais sur ton père. Ma mission s'arrête ici. Courage, Adrien ! » dit-elle alors que les larmes lui viennent aux yeux. Elle se lève vite et sort de la pièce. Elle traverse le couloir, s'assure que Nathalie n'est pas à proximité (il ne manquerait plus qu'elle apprenne son identité), et murmure « Détransformation. ». Et cours, cours sans retenue, pour retrouver Adrien. Elle entre dans la pièce comme un coup de vent et saute au coup de son petit ami.

« J'ai attendu que Ladybug ait fini. Comment vas-tu ? » puis elle s'écarte et le regarde dans les yeux.

« Tu as repris des couleurs. » elle ajoute.

« Je suis bien entouré. » dit-il.

Un petit silence s'installe. Adrien se renfrogne doucement. Depuis l'incident Bas-les-masques, Marinette l'a veillé deux fois. Les deux fois ont été dominées par un silence triste. Cette fois semble ne pas faire pas exception. Mais là, Adrien brise la glace. « Marinette... » il dit doucement, comme si il n'arrivait pas à parler plus fort. Il la regarde dans les yeux.

« Marinette... Tu sais... Les akumas... » il semble chercher ses mots pendant quelques secondes, puis son regard se perd à nouveau dans le vide.

« Prends ton temps. Je serai toujours là pour t'écouter. » dit-elle en lui tendant la boîte de chocolat.

Les commissures d'Adrien se crispent. C'est sa façon de sourire.

5 Voir l'épisode S03E24 - Ladybug