Chapitre 12 : Broken pearl

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Nessayem

Ploc

Ploc

Ploc
Je suis assise depuis tellement de temps que mes mollets et mes cuisses se sont engourdis. Je n'ai pas la force de changer de position. Alors je reste là, attendant que mon cerveau m'anesthésie assez pour ne plus les ressentir.

Ploc

Ploc

Ploc
Je dois m'être évanouie. Je ne me souviens pas comment je suis arrivée là. Mon dernier souvenir est le ballottement de mon corps porté par des poignes qui me voulaient tout sauf du bien.

Mes mains sont attachées par des chaînes de parts et d'autres telle une dangereuse criminelle.
Leurs poids commencent à me peser. 

Secrète plus d'endorphines petit cerveau...drogue-moi d'hormones afin que je puisse mourir paisiblement.

Ploc

Ploc

Ploc

Je suis à demi-consciente depuis un bon moment déjà. Mes lèvres bougent depuis que je suis réveillée, ruminant des trucs que mon cerveau vient à peine d'assimiler.

Ploc
3680

Ploc
...3681...

« — D'ailleurs jolie mésange... j'espère que ta cervelle d'oiseau a appris à compter ? Ça préserve de la folie... »

Yasseen.
Une phrase qu'il m'a dite la veille de notre voyage. Encore un indice qu'il m'a laissé avant de me jeter dans la fosse aux lions.
Comme en Sibérie. Mais il ne m'a rien indiqué de plus.
Et compter ne m'aide pas à garder les idées claires.

Mais c'est ce qu'il m'a conseillée...
Alors je compte.

Mes yeux sont fatigués mais je les laisse vagabonder dans la pièce. Il fait sombre. Je ne peux savoir s'il fait jour ou nuit dehors.
La seule chose qui m'indique que j'ai les yeux ouverts ou fermés sont les mouvements de mes paupières.

Ploc
—...3689

Il fait trop noir. Et même après plusieurs temps les yeux ouverts, ils ne s'accommodent pas. Ce qui me laisse entendre qu'aucune lumière ne peut pénétrer la pièce.

Ploc
—...3690

Comme pour me donner le rythme, un tuyau s'écoule au compte goutte. Et je me rends compte que c'est lui que je suis depuis le début.

Un tuyau ?

Peut-être. En tout cas...des gouttes.
Je les compte.
Je les compterais jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus.

Un souvenir survient. Un homme. Un japonais que j'ai giflé.
Un Yakuza.

Pourquoi ai-je fait ça ?

« — La pute de Malik a de la qualité quand même...mais je te mets un 6 à cause de ton sale caractère»

Ah oui.

Il m'a jugée, m'a reluquée de haut en bas sans laisser aucune zone de mon corps à l'abri, s'assurant de laisser son regard s'attarder sur les fragments de peau qui dépassaient.
Pourtant avec mon cargo-pull, il n'y en avait pas tellement.

Son intérêt a réveillé mes plus vieux démons et pendant un instant...j'étais de nouveau dans la cour de récréation en 6ème.
De nouveau, j'allais être humiliée, harcelée.
Alors j'ai riposté en premier.

Un enseignement de Zayyir. Pour l'une des rares fois qu'il jouait au grand-frère...

Jusqu'aujourd'hui, cet enseignement m'a servi. Le problème c'est que mon maître ne m'a pas appris qu'il ne fallait pas l'utiliser contre tout le monde. Et mon corps a réagi avant moi.

MarchéWhere stories live. Discover now