Chapitre 9 : Monstres

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Putain apprenez-moi à me la fermer, s'il vous plaît !

Mes pas se font de plus en plus rapide pour essayer de suivre le rythme de ce géant dans un souterrain humide et suspicieux à peine éclairé, parcouru par des rails qui m'informent qu'il s'agit du parcours de trains.

Je manque de trébucher pour la énième fois en l'espace d'à peine 10 minutes dans ce trou et malgré le fait que mes yeux se soient habitués au noir, je n'arrive toujours pas à éviter les flaques d'eau, les cailloux et les rails.

Et comme si ça ne suffisait pas, il fait un froid de canard !
Et moi j'ai décidé de seulement rester en hoodie.

Normal, on ne me prévient pas lorsqu'on sort et on me trimballe par le bras comme si j'étais une chienne, comment pourrais-je anticiper quoi que ce soit !

J'ai envie de demander à Yasseen où il m'emmène et ce qu'il compte faire mais je décide de me la fermer. Pour mon propre bien dans cet endroit sombre et secret où il serait difficile de retrouver mon corps.

Ça fait trois jours depuis...le début de mes règles. Après avoir hurlé comme une folle à la salle de bain l'autre jour, ce lion fou est entré en défonçant la porte d'un violent coup de pied qui a fait céder la pauvre serrure.

J'avais à peine eut le temps de remonter mes bas qu'il était là, le regard fou, le visage rassemblé en une expression des plus explicite, il s'est approché de moi, le pas lourd et menaçant et avant que je n'ai pu faire le moindre pas en arrière, il a saisi ma gorge pour me soulever en l'air d'une seule main comme si je pesais autant qu'une brindille, me menaçant de me tuer si je ne le laissais pas dormir mais je n'ai pas bronché. Alors il a serré. Encore et encore, et encore. Et moi, je l'ai regardé faire.

Je l'ai regardé me voir vivre de l'intérieur et lorsque je n'ai plus été en état de soutenir son regard, faute d'air, il m'a lâché en jurant sur le fait que je ne valais pas mieux que lui en termes de folie.

Je ne suis pas d'accord. Je vaux mieux que lui.

Contrairement à lui, mon regard n'est pas éteint.

Après cela, mon corps m'a rappelé à l'ordre et j'ai compris que j'ai failli mourir encore une fois. Et cette fois-ci à cause de mes règles et de ce fou lunatique.
Alors j'ai souris.

J'ai un espoir de survivre.

C'est lui.

Indépendamment d'Amaya et Hamza...lui aussi allait être une personne qui me maintiendrait en vie. D'une manière différente des 2 premières mais au moins Youmna ne me tuera pas s'il restait avec moi. Je resterai en vie.

Contrairement à ce que dirait mon père, je ne suis pas malade, je suis juste trop pensive. Et parfois, je n'arrive pas à différencier quel acte fait partie de mes pensées et qu'elle acte j'exécute en réalité.

Ainsi, je peux imaginer m'ouvrir les veines et être réellement en train de le faire.

Seulement je ne le remarque pas. Les autres si. Moi, je ne ressens la douleur que lorsque la personne me ramène au présent.
Ce n'est jamais plaisant d'avoir mal. Mais avoir mal c'est être vivant. Et c'est ce qui me rassure.

En réalité je ne prends aucun plaisir à souffrir mais ça...mon cortex ne l'a pas encore compris.
Lorsque je me répète que je suis vivante après avoir frôlé la mort, lui tout ce qu'il retient c'est que je suis vivante parce que j'ai mal. Alors lorsque des situations qui me font du mal surgissent, il s'excite. Il se sent vivant mais il est bien le seul.

Lorsque ça arrive...moi je meurs.

Les jours sont passés et je peinais de plus en plus à dormir. Yasseen ne m'avait pas parlé depuis le coup de la salle de bain et Hamza devant partir, je n'avais personne pour me maintenir en vie. Mon frère s'est senti obligé d'informer mon mari je m'en foutiste de certaines de mes idées suicidaires, lui indiquant de ne pas me laisser seule plus de 3 jours mais il avait soutenu ne pas être baby-sitter et l'avait envoyé bouler. Alors Hamza a demandé à Adam de passer.

MarchéOn viuen les histories. Descobreix ara