Chapitre 18 : Les Amants Maudits

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Il s'approcha à pas de chat de la porte, avalant sa salive difficilement. Il regarda à travers la petite ouverture et il vit alors l'intérieur de l'église illuminé entièrement, comme si le soleil l'éclairait. On ne distinguait que son œil de l'autre côté. Il s'arma de courage et de sa main droite qui tenait son 9mm, poussa la grande porte en bois. La scène du repos éternel de son mari s'ouvrit à lui.

Le sol était jonché de pétales de roses, il y avait des vases de fleurs diverses blanches et des bougies devant chaque banc, ainsi que des couronnes de fleurs en forme de croix entourées de néons bleus. Il regarda l'entièreté de l'église, c'était une scène digne d'un film tellement c'était magnifique. Si son époux n'était pas mort quelques mètres plus loin, Sidjil aurait plus profité de la scène.

Il avança lentement, chamboulé par son destin. Son souffle se coupa et son cœur s'accéléra. Tout au bout de l'allée, sur l'autel, étendu, l'escalier qui menait à lui était recouvert de bougies. Il refusait encore d'y croire, bien qu'en se rapprochant il ne pouvait nier que c'était son Maxime qui était allongé sur l'autel.

Sidjil s'était remis à pleurer silencieusement.

Les yeux rouges, les sourcils froncés, il continuait de prier que ce ne soit pas Maxime qui se tenait devant lui. Sauf qu'une fois en bas des marches, c'était indéniable.

Les yeux de Sidjil s'écarquillèrent alors et une larme roula sur sa joue, il eut du mal à respirer et ne voulait pas avancer. Il était si beau, son ange. Il portait son costume de mariage ironiquement, allongé sur l'autel qui avait été dressé comme un lit douillet, Maxime avait un air serein sur le visage, entouré de centaines de bougies, de couronnes de fleurs, de bouquets de lys et de diverses statues d'anges et de la Sainte-Vierge. Son défunt époux semblait être hors de ce monde, une vision céleste.

Il monta les marches en retenant ses sanglots. Il avait tant prié pour que cela soit faux, pour que ce ne soit pas Maxime allongé là. Les larmes coulèrent une à une. Il ferma ses yeux fort pour tenter de faire disparaître cette vision horrifique, il espérait se réveiller dans le lit de Maxime, avec lui qui dormait paisiblement sur son torse. Mais non, il était bien là, mort, sur cet autel.

Il regarda la statue de Jésus qui les surplombait et jura presque intérieurement. Il tenta de calmer sa respiration, pourquoi lui ? Pourquoi Maxime ? Pourquoi maintenant ? Alors qu'il venait de le retrouver ? Il baissa le regard vers Maxime et le voir inanimé lui donna presque la nausée. Il détourna le regard en pinçant ses lèvres. Dieu que son cœur souffrait. Il fondit presque en larmes.

Il respira un grand coup et le regarda de nouveau. Un sanglot lui échappa, il se pencha vers lui et posa délicatement son arme juste à côté de lui sur l'un des oreillers. Il monta ensuite sur l'autel pour s'allonger à côté de lui. Il le fixa longuement, il n'avait pas l'air mort, on aurait dit qu'il dormait juste. Ses yeux étaient vides, tout comme son être était vide sans sa raison de vivre. Il avala une nouvelle fois difficilement sa salive avant de lui caresser tendrement la joue avec amour, laissant son pouce sur celle-ci.

- Mon bien-aimé... Il soupira avec tristesse, n'arrêtant jamais de cajoler son visage. Mon époux... La mort qui a recueilli le miel de ton haleine n'a pas encore eu prise sur ta beauté. Tu n'es pas encore conquis. Il soupira une nouvelle fois, retenant un sanglot avant de s'allonger sur le côté, toujours sa main sur sa joue. La beauté règne, rouge oriflamme, sur tes lèvres et sur tes joues, il caressa ses lèvres avec mélancolie, et la mort n'y brandit pas encore son divin étendard. Sa voix se brisa et il retint malgré lui un sanglot.

Il l'observa quelques secondes de plus avec amour avant de poser sa tête sur sa joue pour l'enlacer. Il ferma les yeux et d'autres larmes coulèrent, il ne put retenir un sanglot cette fois et s'autorisa alors à laisser ses émotions prendre le dessus quelques minutes et se laissa pleurer contre le corps rigide de son amant qui ne pouvait répondre à ses caresses. Sa main qui caressait toujours la joue de son aimé se perdit dans ses cheveux avant de revenir se poser sur celle-ci, mais elle était étonnamment chaude désormais. Sidjil fronça les sourcils et arrêta de sangloter. Il releva sa tête et le regarda, n'arrêtant jamais ses arabesques avec ses doigts.

In Fair VeronaWhere stories live. Discover now