Chapitre 8 : La piscine aux sentiments

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Sidjil avait escaladé l'un des pilonnes qui donnait sur une petite terrasse assez isolée du manoir, les lumières étaient éteintes, l'odeur du chlore emplissait l'air, une fine pellicule de lumière de la lune transperçait les arbres qui l'entourait. La réflection de l'eau dansait doucement sur les murs, il observait lentement son environnement, il n'entendait plus les cris de ses amis, il se dit qu'ils avaient du partir, finalement. L'endroit était reclus, comme un havre de paix, quelques statues en pierre étaient érigées le long des murs entourants la piscine, érigées telles des gardiens de l'obscurité. Il y avait une petite crique avec une fontaine et quelques transats.

Sidjil s'avança prudemment dans le noir, dans l'espoir de retrouver vite son Maxime. La lumière s'alluma d'un coup et Sidjil paniqua, et fit un petit cris de surprise et, dans sa panique, essaya de se cacher mais il fit tomber une chaise dont le bruit semblait résonner jusqu'à des kilomètres dans ses oreilles. Il ne put rattraper que la serviette qui était au dos de celle ci et il tenta de se cacher avec avant de se rendre compte au bout de quelques secondes que c'était une idée stupide. La peur que la personne qui sorte soit n'importe qui d'autre que Maxime lui aurait presque fait regretter son choix. Dans son excès d'anxiété, il tenta de trouver une autre cachette mais il fit tomber un chandelier en métal qui cette fois, fit réellement un bruit assourdissant. Presque aussi assourdissant que son coeur et son sang qui tapait dans ses tempes. Il essaya de se faire tout petit en se collant au mur face à la maison et malgré lui fit un petit cri de stupeur.

Tentant de calmer son coeur il ferma ses yeux et prit quelques grandes inspirations, lorsqu'il les rouvrit il pu se rendre compte de la beauté de l'endroit dans lequel il se trouvait. La petite crique était soutenu par des colonnes sculptées en forme de femme, le tout enrobé de végétation qui montait jusqu'aux balcons, enchevêtrés avec des guirlandes. Il y avait également un escalier en pierre, ou sur chaque pied s'élevait une plus petite statue de femme portant une lampe, comme un chemin de lumière. Il fit un double take en se rendant compte qu'il y avait un balcon il les regarda et une idée lui vint.

- Silence. Quelle lumière brille a cette fenêtre ? Il vit du mouvement dans les rideaux et prit sa décision, il commença à escalader le mur. C'est l'Est, et Maxime est le soleil. Il se murmura à lui même d'un ton sûr. Il chercha appui avec son pied et monta petit à petit. Lève toi beau soleil, et tue cette envieuse lune, déjà malade et pâle de chagrin, en voyant sa servante beaucoup plus belle qu'elle. Ne sois pas son servant puisqu'elle est envieuse. Sa robe virginale est maladive et blême. Il vit les rideaux de le fenêtre s'agiter et, convaincu que c'était Maxime qui l'entendait, il s'approcha un peu plus. Seules les folles la portent. Oh, il soupira en fermant les yeux, imaginant son aimé nu, retire la.

La porte s'ouvrit dans un fracas, il ouvrit les yeux en grand et retint un cri de désespoir en voyant que c'était la nourrice, il ne se retint pas de faire une grimace de dégoût cependant. Avant de se rendre compte qu'il fallait qu'il se cache, il descendit quelque peu et se colla au mur. La nourrice s'avança sur le balcon pour voir c'était quoi ce bordel. Au même moment, à sa droite, il entendit le ding de l'ascenseur et là, il se dit qu'il était mort, il perdit presque sa prise sur le mur en tentant de voir qui venait là. Et il vit que c'était son ange, son amour, son aimé, son Maxime.

- C'est lui, c'est mon amour. Oh si il savait que je l'aime... Son cœur fit un bon dans sa poitrine et il se recolla au mur, il descendit à la hâte du mur et tenta d'être discret pour l'observer. Le plus petit avait enlevé ses ailes et son auréole, il s'avançait l'air rêveur et nostalgique vers la piscine. Il s'arrêta à la statue juste à côté de Sidjil, celui ci retint son souffle, n'osant pas le regarder. Il s'accouda sur la statue et regarda le sol.

- Hélas... sa voix provoqua des frissons jusque dans le bas ventre de Sidjil, il ferma les yeux pour essayer de les contenir du mieux qu'il pouvait. ''Parle encore bel ange'' se dit-il. Sidjil. Le concerné fit les gros yeux et regarda Maxime, savait-il qu'il était la ? Devait-il faire ou dire quelque chose pour signaler sa présence à son amant ? Oh Sidjil, pourquoi es-tu Sidjil ? Continua Maxime d'un ton triste. Il lâcha la statue et s'avança doucement vers la piscine toujours en regardant le sol, Maxime était toujours profondément bouleversé par ce qu'il venait de vivre. Renie ton père et refuse le nom qu'il t'a transmit. Ou si tu ne veux pas, fait serment de m'aimer, je cesserai d'être un Capulet. Ses mots ravivèrent le feu dans son bas ventre, et il se dit qu'il le prendrait là maintenant. Il se demanda si il devait intervenir maintenant ou le laisser parler encore un peu. C'est ton nom seulement qui est mon ennemi. Tu resterais toi même si tu n'était pas un Montague. Il s'agenouilla au bord de l'eau, les reflets de la lumière de celle ci éclairait doucement son visage, la vision donna de nouveaux papillons a Sidjil, un véritable ange se tenait devant lui il en était persuadé désormais. Qu'est-ce qu'un Montague ? Ce n'est pas la main, ni le pied, ni le bras, ni le visage, il regarda la lune et sourit, ni la moindre partie de la personne humaine. Oh prends un autre nom ! Sidjil décida qu'il en avait entendu assez et descendit de son perchoir, s'avançant doucement vers son ange. Qu'est-ce qu'un nom après tout ? Si la rose portait un autre nom, ne sentirait elle pas aussi bon ? Sidjil même si tu ne t'appelais pas Sidjil, garderait cette perfection qui m'est chère, quel que soit son titre. Il soupira, son coeur débordait d'amour et n'ayant nul réceptacle dans lequel le mettre, il se releva et se remit à marcher. Sidjil, défais toi de ton nom, qui n'est pas ta personne, trop pris dans son monologue il ne sentit pas le souffle dans son cou, ni la chaleur près de son corps. Celui de qui il parlait était juste derrière lui, et à la place de ce nom, prends moi tout entier.

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