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Je pousse la porte de la boutique un peu intimidé à l'idée d'entrer seul dans la boutique. 

Ma famille et moi sommes allés faire quelques achats dans la galerie marchande pas très loin de l'antiquaire, alors je me suis dit que j'allais me rendre directement à la boutique de Herman. Il est plus qu'un vendeur maintenant, c'est aussi mon ami, alors passer quelques minutes avec lui en attendant la fillette me va très bien. Et puis, nous n'avons pas eu l'occasion d'échanger sur ce que nous a révélé Lucy hier. 

Je manque de percuter quelqu'un en entrant :

- Ho, excusez moi !

La jeune femme sourit :

- Non c'est moi. Je m'en allais. Bonne journée !

- Vous également ! 

Je referme la porter derrière elle pour ne pas que le froid s'engouffre à l'intérieur et m'enfonce dans la boutique où je retrouve Herman. Je souris faiblement. Les visites de ses infirmières et des soins qu'il reçoit dans sa propre boutique me portent à croire qu'il n'est plus en mesure de diriger son commerce. Il semble bien faible. 

- Tu as croisé Helen ? 

- Oui. C'est votre infirmière ? 

- Exactement, et la meilleure, se vante le vieil homme. 

- Vous n'avez pas peur que des clients arrivent pendant vos soins ?

- Helen change la pancarte "ouvert" et "fermé" lorsqu'elle entre et sort. 

Je n'avais même pas fait attention, habitué à voir la boutique ouverte en permanence. 

- Je vois. 

- Tu es en avance, remarque-t-il. 

- Oui, j'étais dans le coin et j'ai eu envie de vous voir, dis je en servant le traditionnel verre d'eau à Herman. Cela vous pose problème ? 

- Du tout, au contraire. Je suis content que tu viennes me voir, même sans la petite. Tu sais que je t'apprécie Felix ? 

Je souris :

- Je vous apprécie aussi. 

- Tu ne vas pas réussir à me tutoyer, pas vrai ? 

Je secoue la tête en riant :

- Je ne crois pas ! J'en suis désolé ! 

- Tu sais quand est-ce que tu repars en Corée ? demande Herman en buvant une gorgée de son verre. 

- Oui, dans une semaine. 

- Tu vas manquer à la petite. 

- Je sais. Mais je ne suis pas inquiet, vous êtes là. Erin aussi. Et j'espère pouvoir rencontrer ses parents assez vite. 

- Elle aura Bob aussi, plaisante Herman. 

- C'est vrai ! riais je. 

- Mais je ne suis pas inquiet non plus, reprend le vendeur. J'ai le sentiment que maintenant que tu l'as aidé à sortir de sa coquille, tout ira mieux pour elle. 

- Je ne crois pas que ce soit aussi simple, avouais je. Vous avez comprit qu'elle est la sœur du jeune garçon qui a perdu la vie deux ans plus tôt ? 

- Oui, répond Herman en hochant tristement la tête. 

- Je pense que le chemin sera encore long pour elle. Et avant de partir, je dois m'assurer qu'elle ai l'aide nécessaire pour évoluer et se relever. 

- Tu vas contacter ses parents tu disais ? 

- Ils sont voisins au miens. Je pense que nous irons toquer chez eux demain. 

Herman ouvre de grands yeux :

- J'en ai raté des choses ! C'est fou comme coïncidence !

- Oui ! 

- En tout cas ne t'inquiète pas. Lucy est une enfant brillante et dynamique. Elle s'en sortira. 

- Je n'en doute pas. 

Quelques dizaines de minutes plus tard, la fillette nous rejoint à la boutique à l'heure habituelle avant d'aller boire le chocolat chaud. Elle retire son manteau plein de neige et garde les mains dans son dos en avançant vers nous avec un éclat dans d'excitation dans le regard :

- J'ai une surprise ! 

Fière d'elle, elle nous tend une feuille de papier chacun que nous saisissons précieusement avec Herman. Sur la mienne, il y a un sapin de Noël colorié en vert et deux personnages qui semblent se tenir la main. L'un est petit avec des couettes, l'autre plus grand avec des cheveux blonds et je souris en me reconnaissant. Lucy a même pensé à me faire des tâches de rousseurs et à se colorier des gants. 

- Il est très beau, merci beaucoup Lucy, dis je, sincèrement touché. 

Elle me rend un sourire en jouant timidement avec ses doigts. 

L'antiquaire reste silencieux à ma droite, et lorsque nous tournons notre regard vers lui, nous remarquons sans peine une larme qui glisse sur sa joue. 

- Tu pleures ? s'étonne Lucy. Pourquoi, ça te plait pas ? 

- Si justement, ça me plait beaucoup, bredouille Herman. C'est le plus beau cadeau qu'on pouvait m'offrir. 

Le dessin de Herman présente deux personnages dans un énorme cœur de couleur violette, symbolisant toute l'affection qu'éprouve Lucy pour le vieil homme. Peu habitué aux démonstrations, Herman semble être profondément ému par l'attention de Lucy.  

- Alors il faut pas pleurer !

- C'est parce que j'ai beaucoup de chance de te connaître. Je pleure de joie, explique t il.

Lucy semble un peu déroutée, puis elle reprend après avoir hoché la tête :

- Alors je t'en ferai pleins d'autres !!

- Avec plaisir. Tiens, prend le matériel d'aujourd'hui, Felix. Lucy, tu t'en sors ? Tu dois bientôt avoir fini ton Bob ? 

Nous sommes tous les deux curieux de connaître le résultat final de cette marionnette qui a crée cette situation. Je me demande à quoi ressemble le meilleur ami que Lucy s'est bricolé. 

- Je crois que j'y suis presque, répond vaguement la fillette. 

- J'ai hâte de le voir, conclut Herman. 

- Peut-être que tu l'as déjà vu, sourit malicieusement Lucy. Tu viens Felix, je veux te montrer une figurine en porcelaine en forme de chat pour le cadeau de Minho. Je l'ai vu dans un rayon tout à l'heure. 

Deux bouts de carton et une ficelle ➳ 𝔉𝔢𝔩𝔦𝔵Where stories live. Discover now