Chapitre 9 : Carnet de Trinidad

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«11 décembre 1897,

On est enfin arrivés à Trinidad ! C'est l'île natale de Sebastian si je me souviens bien, il nous raconte beaucoup sa vie, aussi il y a un homme qui l'a appelé je cite "Mon brave". Il me semble que c'est comme ça que l'on nommait les esclaves autrefois, j'ai été fière de lui car il a répondu du tac au tac, l'horrible monsieur à remballé ses paroles !

Peu après nous sommes allés dans un bar et Blythe a essayé de boire la boisson locale, dont j'ai oublié le nom, évidement il a tout régurgité car "ce n'est pas un vrai homme" si je cite Bash.

Quelques heures plus tard on se promenait, Bash racontait sa vie de navigateur. Tout ce qu'il y a de plus barbant ! Et vous savez quoi ? Une dame au bord de l'accouchement a été jeté dans la rue par sa matrone ! Quel horrible personnage ... Si j'avais été à la place de la jeune femme, je n'aurai su que faire !

Heureusement, en chevalier galant, Blythe a proposé de l'aider pendant que Bash  enfonçait gentiment la porte en criant. Elle refusa l'aide de Blythe et partit en pleurant vers un endroit que je n'arrivais pas à distinguer. D'un signe de la tête, j'intima à Blythe d'y aller et de l'aider, ce qu'il compris tout de suite. Elle me faisait mal au cœur, enceinte jusqu'au cou et pleurant de douleur ! Nous sommes aller voir, assise dans une cahute. Je faisais des pieds et des mains pour la réconforter mais elle cria de plus belle en apercevant le jeune homme blanc qui apparu.

Il pensait réellement pouvoir faire accoucher une femme ? Je ne pense pas, non !  Nous l'avons allongé et nous avons appris sont nom : Ruth. Blythe après moulte manipulations inutiles, nous informa que l'enfant se présentait par le siège. Je me mis alors immédiatement à lui faire les manipulations et les mouvements nécessaires pour le présenter par la tête.  Je l'avais déjà fait auparavant, quand une fille de l'orphelinat était tombée enceinte après un viol. Une histoire atroce ! Blythe et Bash me regardaient surpris que je sache faire cela.

J'ai appris plus tard que j'avais des airs bêtes de Sainte-Nitouche et que je cachais bien mon jeu. Bref, le nouvel accoucheur  avait l'air inquiet mais je ne posais pas de questions, j'ai remis le bébé en place et il a réussi à le sortir. Ruth devait avoir tellement mal, je ne peux que l'imaginer !

Le bébé était une très belle fille ...

Blythe nous informa plus tard qu'il était arrivé par le siège mais que sa mère était morte en couche, ce qu'il  ne voulait pas dire à Ruth. Compréhensible ! Je leur ai aussi dit que j'avais fait accoucher une fille dont le bébé se présentait mal, Bash fut admiratif de nous deux bien que Blythe n'avait eu que des vaches et des juments pour patientes.»

«12 décembre 1897,

Aujourd'hui nous avons bien mangé puis nous avons fait quelques courses d'épices, pour les offrir à Julia et aux autres. J'ai pris du paprika, du cumin et du curry. Bash a pris seulement du curry ...

Ce soir nous nous sommes remis en route sur notre bon vieux navire. Bash et Blythe faisaient la causette comme d'habitude mais ce dernier se mis à chanter. Mais en bonne casserole qu'il est ce n'est absolument pas harmonieux du tout ! Alors je me suis bouchée les oreilles, ce qui a fait rire l'adulte et bouder l'adolescent. Suite à cela il y a eu une petite dispute d'intérêt et ils exigèrent que je chante le soir venu. Evidement j'ai refusé mais Bash connais mon point faible et il l'exploita sans vergogne et sans douceur ! Donc je finis par chantonner une chanson triste au plus grand bonheur des oreilles de mes voisins de couchette que l'ont entendait ronfler comme des machines à vapeur ! »

«Fin décembre 1897,

J'ai perdu le fil des jours qu'on passe en mer, j'ai appris que nous allons accoster sur le sol canadien très prochainement ! Je suis à la fois contente de rentrer mais aussi déçue car la vie de bateau me plais bien, en tout cas elle me plaît plus que celle d'écolière.

Enfin je ne vais pas me plaindre !  Il y a des vies nettement plus dures que la mienne ... Les deux garçons avaient pris pour habitude de s'accouder à la rembarde du pont Est, au risque de se faire punir de corvées de latrines. Ce qui ne manqua pas ... D'ailleurs des hommes au chauffage, avec moi, m'ont fait des réflexions sur ma manière de travailler et sur mon physique. Je leurs ai répondu que l'avis de deux gros ivrognes empotés m'importait assez peu ! Cela les as énervé et le plus costaud voulu me frapper, heureusement un homme de très grande taille est venu rapidement et m'a sauvé. Si c'est le bon mot ... Je n'imagine même pas dans quel état j'aurai été si il n'avait pas été là, je l'en ai chaleureusement remercié puis je suis retourné au travail suite à une réprimande d'un de mes supérieurs. Je ne voulais pas aller aux latrines où il y a déjà Bash et Blythe à cause de leurs escapades aventureuses sur les ponts ...

Ce n'est que ce soir là que j'ai appris que Bash allait s'installer à Avonlea pour aider Gilbert qui était seul pour une ferme entière suite à la mort de John. J'en fut tant enthousiasmée que j'en sautait de joie, emportant un paquet de cartes à jouer au passage en l'éparpillant par terre. J'ai aussi réalisé que Blythe ne m'appelait plus Hinks ou Heelen mais bien Miss, le surnom que m'avait donné Sebastian autrefois. J'en fut fort courroucé puis je parti dans mon hamac pour bouder en faisant tomber pour la seconde fois ce pauvre paquet de carte qui n'avait rien demandé une autre saute d'humeur. 

Je me suis couchée en pensant à notre retour en classe. Quelle idée excitante, je souris rien qu'en y pensant ! Je me demande la réaction que les filles auront en me voyant et surtout celle de Ruby en croisant Gilbert ! J'ai entendu dire que Anne entretenait une correspondance avec lui, bien que ce ne soit que deux lettres échangés c'est déjà un bon début ...

J'ai aussi entendu qu'il y avait de l'or à Avonlea, ce qui m'a grandement surprise sur le coup. Je viens de remarquer que j'ai écrit le prénom de Blythe, erreur que je ne referai plus ! Si tant est que je retourne en voyage pour écrire dans ce cahier, on dirai plus un gros livre qu'un carnet mais peu importe ... Je divague, il est temps pour moi d'aller dormir sachant que demain sera une grande journée et après demain encore plus ! 

Je ne trouve pas le sommeil mais la fatigue me poche les yeux, un mélange d'éreintement et d'excitation car demain est chargé ... Je ne peux m'en défaire, espérons qu'écrire m'aura fait du bien.

Cela n'a pas marché !

Il doit bien être 2 heures ou 3 heures du matin maintenant...»

Heelen de Red FarmWhere stories live. Discover now