L'Interrogatoire

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Lorsque le shérif Fuller gara sa Jeep sur le parking de son office, il était dans un état de colère que son aspect sévère habituel était loin de laisser deviner. Ses tempes grisonnantes étaient rouges et ses sourcils froncés faisaient apparaître de nombreuses rides.

Il venait ni plus ni moins de découvrir que le cabinet de sa fille avait été attaqué, par une demi douzaine de mercenaires. Il revenait de là, habité par un esprit vengeur que soulignaient ses mâchoires crispées. Son seul réconfort, c'était que d'après le témoignage de la plus proche voisine, Virginia avait réussi à s'enfuir avec son pick-up. Elle était donc saine et sauve. Mais tout le reste commençait à devenir clair dans son esprit, et cela le faisait bouillonner de rage. Il ne faisait aucune doute que Murdock était derrière cette histoire. Sauf que cette fois, Fuller n'allait pas laisser passer. Le fait que Murdock fût un fédéral ne l'arrêterait pas.

Lorsqu'il sortit de sa Jeep, son état mental empira encore d'un cran. Une demi douzaine d'hommes de Rockwell étaient là, en armes, avec des étoiles d'adjoints agrafées à leur poitrine !

Encore un coup de Murdock, ça ne faisait pas le moindre doute : il avait bien dit qu'il comptait embaucher des recrues pour retrouver le rescapé. Apparemment, il avait embauché les gars du clan Rockwell.

– Bon Dieu, qu'est-ce que vous foutez ici ? leur demanda-t-il en saisissant l'un d'eux par le col.
– Eh... doucement Shérif ! dit un des meneurs du clan Rockwell. On est de votre côté. C'est les Agents du FBI qui nous ont recrutés.

Fuller monta d'un autre cran dans sa colère et lâcha l'énergumène pour rentrer dans son office. Alors ce qu'il vit là fut plus extravagant encore !

Outre le vieux Sam Sparr, installé avec un air abattu à son bureau encombré, quatre autres hommes de Rockwell se trouvaient là. Dont son adjoint Dwaight Rockwell, qui semblait commander cette escouade.

Ils étaient en train d'interroger rudement le journaliste Bailey Wilson, attaché à une simple chaise dans le local.

– Bon Dieu... gronda Fuller. Je peux savoir ce qui se passe ici ?!

La colère qui transpirait de ces paroles provoquèrent le recul des hommes de Rockwell, intimidés en dépit de leur nombre et de leur corpulence. Seul Dwaight Rockwell, davantage habitué au ton du shérif, et rempli d'assurance par la mission dont il avait été investi, ne se laissa pas impressionner.

– Restez en dehors de ça Shérif, dit-il. C'est plus votre problème.
– Plus mon problème ? Ce qui se passe dans mon propre office !!

Dwaight Rockwell s'était déjà retourné sur le journaliste pour l'attraper par les cheveux. Bailey Wilson saignait au visage, il avait visiblement été frappé plusieurs fois.

– Où sont tes putains de preuves ?!! gronda Dwaight Rockwell une fois de plus. Réponds, enfoiré. T'entends ? Réponds !

La brute qu'était l'adjoint au shérif leva son poing énorme pour frapper une fois de plus le journaliste. Mais il fut subitement interrompu par la poigne du shérif Fuller, qui l'avait retenu dans son geste.

– J'ai dit de pas vous en mêler, se fâcha Dwaight Rockwell à l'encontre du vieil officier.
– Pas de ça chez moi, rétorqua Fuller, en retenant le bras d'une prise si ferme que même l'adjoint ne parvint à s'en défaire.
– Ce serait pas la première fois... 
– Pas comme ça. Et pas cette fois.

Dwaight Rockwell se débarrassa de la prise et recula. Bailey Wilson quant à lui, en crachant du sang, émit un rictus de remerciement à l'intention de son sauveur.

Milan Lazsco : La Fugue [E3 Quadrilogie du vampire]Where stories live. Discover now