-XLXV-

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"Je ne ferais pas ça si j'étais toi". 

C'était une voix impérieuse qui avait parlé. Le ton grave de celle-ci résonnait autour de moi, se répercutait sur les rochers et retentissait dans mon corps. Tout semblait vibrer. 

Je baissais ma baguette et je regardais faiblement autour de moi. Il n'y avait personne. Je secouais la tête, déclenchant au passage un torrent d'étourdissements. De toute évidence je devais inconsciemment essayer de stopper mon geste. J'étais toutefois décidée. Je relevais ma baguette. Celle-ci fut subitement expulsée de mes mains et propulsées dans le gouffre à mes côtés. Si ma détermination était sans failles, c'était sans compter celle-là. 

-Quoi ENCORE ? M'égosillais-je subitement après être restée quelques secondes hébétée. J'étais accablée d'épuisement et de détresse. Mes bras m'en tombaient. Je ne pus refouler un sanglot. Ma gorge était atrocement sèche. Etais-je donc condamnée à mourir très lentement de soif ? 

-Je n'en ai pas encore fini avec toi demoiselle

Je sursautais violemment. Je n'avais donc pas halluciné me dis-je. Enfin, à vrai dire cela n'était pas certain. Je pouvais très bien imaginer tout ça. 

-Non tu n'imagines rien. Je suis bien réelle. 

-C'est typiquement ce que dirait un mirage, lâchais-je faiblement. 

Mon esprit tournait à deux à l'heure. J'étais sur le point de m'évanouir de fatigue. 

-Peut-être, concéda la voix. Toutefois je ne suis pas le fruit de ton imagination

-Mais encore ? 

-Je ne suis pas définissable. Je n'ai pas de substance. Je suis, c'est tout. 

J'étais persuadée de délirer. J'attendais le repos et cette conversation avec moi-même avait le mérite de me faire passer le temps . 

-Je n'existe pas mais je suis tout. Personne ne me connait mais je suis en chacun de vous.

-En général je n'ai rien contre la poésie mais j'avoue que là je ne suis pas très réceptive. 

-Serais-tu plus réceptive si je te disais que c'est moi qui suis la cause de tout ce que tu as vécu ?

Une nouvelle fois je sursautais. Un frisson glaçant parcouru mon corps. Avais-je bien entendu ? 

- Affirmatif. Je ne te mens pas. Je suis bien réelle ou du moins j'existe à travers toi. 

Je n'avais plus peur. 

-A quoi rime tout ça ? 

-Rien n'a de sens ou tout en as, à toi de choisir. 

-Et si je ne veux trouver de signification à rien ? Si je veux juste que tout cela cesse ? 

-Malheureusement mon enfant, ça, je ne peux pas le permettre. 

-Mais qui es tu par Merlin ? 

-Je suis qui tu veux, ou ce que tu veux. J'incarne Merlin, j'incarne Poudlard, j'incarne la magie. Je n'ai de limite que celles que tu décideras de me donner.  

-Et c'est par ta volonté immuable que je suis encore en vie je me trompe ? 

-Pas le moins du monde. Toutefois c'est aussi l'inverse. Si tu es ici c'est parce qu'il ne devait pas en être autrement. Et cela, même moi je n'y peux rien. 

-C'est donc à cause de toi que mes amis sont...

-Morts ? Oui. Ou plutôt non. J'avais besoin que parvienne jusqu'à moi celui ou celle qui en serait digne. Ce n'est qu'aux qualités intrinsèques qui te caractérisent que tu dois ta présence ici. 

Sorti de l'ombreWhere stories live. Discover now