Chapitre 21 : CE SOIR TOUT EST PERMIS

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27 janvier 2022, 18 : 05

Je n'ai pas eu la moindre minute pour écrire cette semaine tellement j'étais sous l'eau. Il faut dire qu'entre le mémoire à finaliser et la soirée d'anniversaire de Paul à préparer, c'était rock'n'roll comme programme.

Je profite du petit moment de répit qui s'offre à moi avant l'arrivée de la meute déchaînée. Paul soufflera sa 23ème bougie dans quelques heures, et pour l'occasion il a décidé de ne pas faire les choses à moitié.

Nous voilà donc dans la salle des fêtes de Saint Quentin en Yvelines, gentiment louée par la mairie pour la modique somme de 100 euros - pactole qui servira à financer les après-midis bingo de la maison de retraite. Paul n'arrête pas de nous rabâcher à quel point il est fier de cette "bonne action". A croire qu'il vient de donner son rein, un peu plus et il se prendrait pour Mère Thérèsa.

Le couac dans l'histoire c'est que le maire a imposé une condition sinequanone pour nous laisser la salle : que son petit neveu apprenti DJ - j'insiste sur le mot "apprenti" parce que c'est là tout la subtilité- puisse jouer les David Guetta à la soirée.
Sur le principe pourquoi pas, ça fait de l'animation gratuitement. Mais maintenant qu'on a eu le privilège d'avoir une démo en avant-première de cette superstar en devenir, on est plus si sûr que ce soit une bonne idée.

Disons que le gamin a l'air de s'être improvisé DJ depuis 3 jours, nous pond des remix sans queue ni tête (même moi je n'aurais pas osé passer Les lacs du Connemara sur une instru de Jul) et en plus a l'air de fermement croire qu'il y a du génie là-dedans. Délicat de lui expliquer qu'on préfèrerait qu'il se contente de mimer avec ses platines en faisant défiler une playlist toute faite sur Spotify.

Qu'à cela ne tienne, ça ne va certainement pas gâcher la fête pour autant ! Comme dit Val "ça nous fera des souvenirs". Paul n'a pas tout à fait l'air du même avis à en juger par la mine déconfite qu'il arbore.

Pour lui changer les idées, nous lui suggérons de mettre nos fameux costumes. Oui, car, j'ai failli oublier de le préciser : c'est une soirée déguisée ! Et le thème choisi par le roi de la fête - roulement de tambour - années 2000.

Au départ, j'avais suggéré qu'on fasse les 2B3 (partir un jouuuuuur sans retouuuuur, effacer notre amouuuur) mais Paul a jugé que c'était "ringard". Ne pas savoir reconnaître les monuments de la scène musicale fait partie de ses défauts mais on l'aime quand même.
Ça a été tout un cirque pour trouver une option qui plaise à tout le monde, finalement on a décidé qu'on serait les Destiny's Child. Valeur sûre (Paul a insisté pour faire Beyoncé, évidemment...)

Niveau budget costume, c'est à peu près les mêmes standards que pour la salle : on a fait avec les moyens du bord. Je n'allais quand même pas mettre 250 euros pour une boucle d'oreille trouvée sur le bon coin que Beyoncé aurait prétendument effleuré le 12 juillet 2001. J'ai mes limites.

J'ai quand même réussi à me concocter un look pas trop mal avec quelques antiquités dénichées au fin fond de mon armoire. Un débardeur en strass, un mini jupe en jean et des converse (j'allais quand même pas passer la soirée à danser avec des talons, faut pas déconner !)

Paul, quant à lui, a sorti le grand jeu : boa en plumes rose fushia, santiags et lunettes de soleil. Il s'est même fait quelques mèches roses : une vraie star.

Alors que les invités s'apprêtent à arriver, nous enfournons les pizzas surgelées. Oui, car, si Paul est une icône de mode, la gastronomie c'est moi son registre. À l'entendre, on aurait pu se contenter de 3 pauvres paquets de chips et un pack de bières. Heureusement Val et mois avons pris les choses en main, et je pense que les estomacs de toute l'assemblée nous en remercierons.

27 janvier 2022, 23 : 57

"Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire Paul, joyeux anniversaire !" entonnons nous tous en choeur tandis que Val amène le gâteau affublé de ses 23 bougies.

Alors que le principal intéressé s'apprête à les souffler, la fête est bruquement interrompue par quelqu'un qui martèle à la porte. Paul va ouvrir et tombe nez à nez avec trois officiers de police en uniforme qui rapporte une plainte du voisinage pour tapage nocturne.

Paul paraît dégoûté - quoiqu'une petite pause dans le spectacle de notre cher DJ n'aurait personnellement pas été de refus.

J'échange un regard complice avec Val. Soudain toutes les lumières s'éteignent et nous nous retrouvons plongés dans le noir.

Lorsqu'elles se rallument quelques secondes plus tard, les soi-disant policiers entament - à la surprise générale - un striptease en se dandinant sur Crazy in Love. C'était notre initiative pour rajouter un peu de piquant à la soirée, et c'est réussi.

En revanche nous perdons rapidement le contrôle sur notre propre surprise lorsque deux des chippendales s'approchent de Val et moi pour nous assoir sur les chaises à côté de celle de Paul. Démarre alors une séance de twerk improvisée (si j'avais pris cette formule, je m'en souviendrais) avec un des loustics qui remue son popotin à deux centimètres de son visage. Je joue le jeu et fait semblant de passer un bon moment même si au fond de moi je n'ai qu'une envie : me barrer le plus vite possible.

Quand le supplice touche à sa fin, je m'éclipse en direction des toilettes pour prendre une bouffée d'air frais.

J'y croise Harry et Samuel en pleine contre-soiree Le premier me taquine : 

"T'es sûre que le striptease c'était pas plutôt un cadeau pour toi ?"

Je ris en guise de réponse, tandis que Samuel ajoute :

"Franchement je trouve ça ridicule"

Qu'est-ce qu'il est rabat-joie lui quand il s'y met ! Je commence à en avoir marre de ses sauts d'humeur, un coup il est adorable et celui d'après il devient exécrable.

"Tu n'as qu'à partir si tu ne t'amuses pas" lui repondai-je, d'un ton plus sec que j'en avais l'intention.

"Je plaisante, qu'est ce que t'as à m'agresser comme ça pour rien ?"

Son air faussement désinvolte me donnerait des envies de meurtre. C'est lui qui est ridicule à faire semblant de ne pas comprendre le problème.

Harry perçoit que la conversation prend une tournure plus personnelle et s'extirpe discrètement des toilettes.

"Il y a que je commence à en avoir marre de supporter ta mauvaise humeur. Personne ne t'a forcé à venir alors le minimum serait d'y mettre un peu du tien ! D'ailleurs je ne sais même pas pourquoi je perds mon temps avec toi alors que tu as été clair sur le fait que tu ne voulais pas me parler"

Ma voix qui tremble trahit la tristesse sous-jacente à ma colère. Et pour une fois, il semble s'en apercevoir.

Il se contente de me répondre, cette fois avec une voix beaucoup plus douce :

"Sasha, arrête..."

"Arrêter quoi ? Ce n'est pas ce que tu as voulu dire dans ton dernier message ?"

"Tu sais très bien que c'est plus compliqué que ça..." dit-il en soupirant, le regard dans le vague.

"Qu'est-ce qui est compliqué ? " rajoutai-je, refusant de lâcher le morceau, quitte à devoir le pousser dans ses retranchements.

"Compliqué parce que j'essaie désespérément de t'oublier mais quoi que je fasse, tu es ma première pensée au réveil et la dernière quand je m'endors. Compliqué parce que tu m'attires irrésistiblement. Compliqué parce que je ne sais faire rien d'autre qu'attendre impatiemment la prochaine occasion où je te verrai. Compliqué parce que je me déteste d'être hypocrite avec Paula et je me déteste encore plus de te faire souffrir alors que ton bonheur est ce qui m'importe le plus. Voilà, tu es contente ?"

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N.A : Alors, votre avis sur cette surprise d'anniversaire ? Et vous, c'est quoi votre chanson de référence années 2000 ?  Et la déclaration de Samuel ?

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A SUIVRE...(prochain chapitre publié le 26/11)

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