[Nouvember 2023], jour 12 : vérolé

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Lorsqu'elle se présenta au bureau du shérif, un vieil adjoint au visage vérolé l'introduisit auprès de son supérieur. Tori avait été surprise de constater que tout le personnel semblait désormais la connaître. L'information comme quoi un membre de l'Ordre Tutaris était sur l'affaire avait dû se répandre comme une traînée de poudre au sein du bâtiment, et la jeune femme espérait que cela resterait cantonné aux seules personnes présentes ; elle ne voulait pas se mettre une cible sur le dos, d'autant plus qu'elle avait toujours cette étrange impression d'être observée depuis son retour de virée nocturne.

— Mademoiselle, avez-vous du nouveau à me communiquer ? lança le shérif lorsqu'elle fut devant lui.

Il leva vers elle un regard d'espoir qu'elle s'empressa de mettre en berne.

— En effet, shérif, et ce ne sont pas vraiment de bonnes nouvelles, je le crains.

— Dîtes-moi tout.

— Ils sont cinq, d'après ce que j'ai pu voir. Je n'ai rien relevé de très probant les concernant, si ce n'est qu'ils n'ont pas l'air d'être simplement de passage. Il va falloir que vous composiez avec leur présence pendant un certain temps.

Elle avait volontairement omis de mentionner le journal et son contenu, pressentant qu'il valait mieux qu'elle garde cette information pour elle.

— N'y a-t-il pas un moyen de les faire partir ?

— C'est impossible, les Faes sont protégées par le Pacte au même titre que les autres espèces anciennes. Tant qu'il n'y a pas un risque avéré pour la population, vous êtes contraint de les accueillir dans votre circonscription.

— Mais justement, le risque est là. Ces créatures se sont déjà attaquées aux humains par le passé, c'est faire courir un risque aux habitants que de les laisser circuler. Je peux leur interdire l'accès à la ville, mais est-ce que ce sera suffisant ?

Tori soupira. Bien sûr qu'il y avait un risque, il y en aurait toujours un.

— Ecoutez shérif, la loi est claire, vous le savez aussi bien que moi. Faites ce que vous pouvez pour qu'il n'y ait pas de débordements : il serait mal avisé à vos ouailles de lancer la première pierre.

— Ne pourriez-vous pas aller leur parler ?

La jeune femme le regarda avec incrédulité.

— Vous voulez que j'aille dans un repère de presque une demi douzaine de Faes, dont le régime alimentaire actuel m'est encore inconnu, et que je leur demande gentiment de décamper ? Dîtes-moi shérif, vous tenez vraiment à votre ville ? Dois-je vous rappeler combien les Faes sont des êtres imprévisibles, qui peuvent se montrer particulièrement sauvages s'ils se sentent menacés ?

L'homme eut le bon ton de garder le silence, penaud. La jeune femme eut presque pitié de lui et de sa situation. Elle se radoucit.

— Je vais continuer de les surveiller, c'est tout ce que je peux faire pour le moment. Si jamais je vois le moindre écart de conduite, je vous en ferai part et une action pourra être menée, mais pas avant.

— Bien, merci de votre aide.

— Vous m'avez engagée pour enquêter sur eux, et je compte bien honorer notre contrat, répondit-elle avant de tourner les talons.

Une fois dehors, elle décida de rentrer au motel. Puisqu'elle allait passer une nouvelle nuit de surveillance, autant en profiter pour se reposer un peu avant. Elle déchanta rapidement quand, arrivée devant sa porte, elle sentit qu'on l'y attendait.

Les défis de NovembreWhere stories live. Discover now