[Nouvember 2023], jour 7 : clameur

2 2 0
                                    

De retour en ville, Tori se rendit directement au bureau du shérif pour réclamer son dû. Pourtant, elle était encore à deux rues du bâtiment lorsqu'elle entendit une clameur lointaine. Lorsqu'elle arriva sur place, une foule en colère vociférait devant les doubles-portes, grandes ouvertes. Lui faisant face, le shérif et ses hommes tentaient tant bien que mal de se faire entendre.

— Nous allons mettre en œuvre tous les moyens dont nous disposons pour les tenir à distance. Un périmètre de sécurité est déjà en train d'être installé tout autour de la ville, vous n'avez rien à craindre.

— Mensonge ! cria un homme. Tout le monde sait qu'ils ont complètement décimé un village le mois dernier ! Vous devez les chasser d'ici !

— Aucune preuve n'a été établie contre eux, vous le savez bien. Écoutez, rentrez tous chez vous et restez prudents. Ils ne seront que de passage. Et d'ici à ce qu'ils repartent, nous leur refuserons l'accès à la ville. D'accord ? Allons, rentrez tous maintenant avant que je ne décrète le couvre-feu.

Finalement, de mauvaise grâce, la foule se dispersa. Tori sentait comme une tension palpable dans l'air, une colère sourde teintée d'une sensation plus ancestrale, venant d'un instinct de survie archaïque. Ces gens avaient peur. Plus que cela, ils étaient terrorisés.

La jeune femme arriva à hauteur du shérif. Ce dernier, un cinquantenaire ventripotent paraissait las et dépassé par les événements.

— Shérif, j'ai besoin de vous parler un instant.

L'autre lui jeta à peine un regard.

— Ecoutez mademoiselle, je n'ai rien d'autre à ajouter sur le sujet. Rentrez chez vous et soyez prudente, c'est ce qu'il y a de mieux à faire pour le moment.

— Shérif, je ne suis pas une de vos ouailles. Je viens juste récupérer ma prime.

L'homme releva enfin la tête vers elle et, cette fois, la dévisagea de pied en cape. La jeune chasseuse avait bien piètre allure. Couverte de poussière et de sang séché, elle ressemblait plus à une reprise de justice qu'à un membre de l'Ordre Tutaris, plus couramment appelé l'Ordre des Chasseurs. Pour dissiper tout malentendu, elle tira de sa veste une carte de visite. L'homme comprit enfin.

— Vous êtes la chasseuse qui est arrivée hier, c'est bien ça ? Avez-vous eu ce monstre dans la mine ?

— Je ne serai pas là sinon.

Elle lui mit sous le nez son macabre trophée.

— Je regrette, je n'ai pas pu prendre tout le corps, il pesait bien trop lourd. Mais je peux vous indiquer où le retrouver. Cette chose, quoique ce fut, ne fera plus de mal à personne, je peux vous le garantir.

— Ah, bien, bien. Au moins une bonne nouvelle, aujourd'hui. Suivez-moi, je vais vous donner cette prime.

Elle le suivit à l'intérieur et attendit patiemment qu'il lui remette le fruit de son dur labeur. Au moment où elle allait prendre congé, le shérif la retint.

— Mademoiselle ! Si vous n'avez pas d'autres contrats en cours, puis-je vous engager ? Nous aurions bien besoin d'une personne de votre Ordre.

A son tour, Tori le dévisagea, attendant la suite.

Les défis de NovembreWhere stories live. Discover now