Une journée comme les autres | Original | 2012

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Cette petite nouvelle était une rédaction en 6e ou en 5e, je ne suis plus sûre. C'était à l'occasion d'une séquence sur les monstres, et je trouve qu'elle se lit encore bien !

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Je faisais la cuisine, enfin, j'essayais. Une vie pareille ne devrait pas exister. L'image de Jack, mon fils, enfin, si on peut appeler ça « fils » me préoccupais beaucoup plus que ce fichu gâteau. Gâteau qui venait de brûler...

Je me rapprochai de la fenêtre. Donna fêtait ses six années ce jour là. J'étais si fière d'elle. Mon mari et moi-même lui avions organisé une petite fête, en son honneur, avec quelques uns de ses amis.

Je soupirai. Si seulement Jack avait pu voir ça, mais il ne le peut pas, il ne le pourra jamais. S'il avait été plus beau, plus calme et surtout moins terrifiant, peut être. Mais pour l'instant, il ne verra pas la lumière.

Ca faisait bientôt sept années qu'il était attaché à la cave. C'était une idée de mon mari, après qu'il est tué le chien de la maison, à tout juste un an. Au départ, je refusais catégoriquement son sort mais petit à petit, il devenait de plus en plus violent envers nous. Il mordait et frapper tout ce qui bougeait. Dès que j'ai su que j'attendais un deuxième enfant, j'ai donné l'autorisation à mon mari de l'attacher. Il n'a que huit ans...

Je fus sortie de ma rêverie par une petite main tirant ma robe en gémissant. La petite tête blonde me dit avoir vu « un truc » à travers le soupirail. Il avait recommencé, encore. Je répondis au blondinet de retourner jouer. Une fois assez loin, je fermai la porte de la cuisine et m'avança vers celle de la cave.

Je restai un instant la main sur la poignée. Descendre ? Rester Ici ? Qu'est ce que j'étais censé faire ? Je pris mon courage à deux mains et descendis les quelques marches qui me séparait de lui.

J'avais peur, de la sueur coulait de mon front. J'avais les mains moites. Derrière la dernière porte, j'entendis quelqu'un courir. Je me demandai à cet instant qui avait le plus peur de l'autre. Lui ou moi ?

Je poussai la porte et entra. Il était couché sur son lit, comme si de rien n'était. Je le disputai, en lui disant que c'était interdit de se montrer. Je le grondai également pour la chaîne, je voyais bien qu'elle avait bougé. J'étais totalement hors de moi, sans savoir ce qui pouvait bien animer cette soudaine colère, certainement pas cette fenêtre. C'est ridicule.

J'attrapai une canne qui traînait dans un coin de la pièce. Je le frappai une fois, puis deux, je n'arrivais plus à m'arrêter. Qu'est ce qui me prenait d'un seul coup ? Je me stoppai aussitôt qu'un liquide vert coula à mes pieds. Qu'est ce que j'avais fait ? Il semblait s'y attendre, il ne pleurait même pas. Je lançai l'objet au loin et m'enfuit, claquant la porte derrière moi.

Je me laissai tomber derrière la porte, des larmes coulaient sur mes joues. Je les essuyai rapidement, me releva, défroissa ma robe. Je me dis intérieurement que je n'irai plus jamais dans cet endroit, je ne pourrais supporter son regard. Je repartis dans la cuisine comme si rien ne s'était passé. 

C'était pas mieux avant | Recueil de textes du passéWhere stories live. Discover now