Au-delà des mots

20. Une révélation

J'avais hésité entre rester terrée dans les toilettes jusqu'à ce que l'école fût vidée, pour ne pas que mes persécuteurs me suivissent à la sortie, ou espérer qu'ils eussent l'intelligence de demeurer discrets si je quittais avec la foule.

J'avais finalement opté pour le deuxième choix. Par mégarde. Vladimir avait décidé non seulement de me suivre, mais de jouer la carte de l'amitié avec moi. Il faisait le fanfaron, me racontait des anecdotes, pendant que nous marchions.

Un bus scolaire nous dépassa et je sus que c'était celui de Gaël.

S'il-te-plaît, ne dis rien...

– Salut!

Je jetai un regard par-dessus mon épaule en secouant imperceptiblement la tête de gauche à droite, pour l'intimer à garder le silence, mais mon geste ne passa pas inaperçu de la vipère à mes côtés, qui se retourna aussi.

– C'est une tentative pathétique de catcall ma bonne amie ici, lança Vladimir en enroulant un bras autour de mes épaules.

Je me dégageai vivement sans répondre à ni l'un ni l'autre, poursuivant ma route.

– Ou tiens, tu la connais?

Vladimir me tira par les cheveux brusquement vers l'arrière, ce qui m'arracha un cri aigu, qui eût tôt fait de faire sursauter mon agresseur pour qu'il relâchât aussitôt sa poigne. Je regardai furtivement en direction de Gaël, qui sembla comprendre qu'il valait mieux se taire, donc il poursuivit son chemin à son tour sans piper mot davantage.

– C'est ton copain, Romane?

Je ne pus retenir un « Va chier » sifflé entre mes dents – auquel il répondit par un ricanement.

– Bordel! (Il mit ses mains en porte-voix.) Romane a un copain, qui l'aurait cru?!

Il s'esclaffa faussement.

Alors lui et ses amis m'avaient tendu un hameçon sur un plateau d'argent et je m'étais auto-empalée tel un docile poisson dont ils se régaleraient de la torture qu'ils lui feraient subir.