18. Si je le donne, alors il n'est plus. Qu'est-ce que c'est?

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RÉPONSE À LA DEVINETTE : Un secret.


Son père arriva en fin de soirée, peu après que le générique du film L'histoire de Pi avait défilé à l'écran.

J'avais la tête pleine d'images d'océan à l'infini, de couchers de soleil féériques de par l'absence de tout obstacle, d'un pauvre homme coincé avec un tigre sur son embarcation minable... La sonnerie de la porte d'entrée me sortit de mes rêvasseries brutalement, un peu comme si un élastique venait d'être relâché contre mon cerveau ramolli. Gaël s'éveilla et paraissait confus, les yeux papillonnant de sommeil. Je lui souris lorsque son regard croisa le mien et il se redressa aussitôt, ayant paru se souvenir de notre haine qu'il fallait raviver à tout coup.

– Hey, le narguai-je, tu ne crois pas que je t'aurais déjà fait rencontrer la moquette si je n'avais pas voulu ta tête sur mon épaule?

– Hein?

Son air confus me parut une réponse satisfaisante.

Avant qu'il n'eût pu placer un autre mot à l'allure décousue (à moins qu'il n'ait feint sa confusion!), je me levai d'un bond pour aller ouvrir la porte, au moment même où ma mère sortait de sa chambre, un peignoir enfilé à la va-vite par-dessus son pyjama de Mickey Mouse.

Je priai pour que Gaël ne dît mot à propos de notre... « moment ». J'étais trop égoïste pour vouloir partager ce qui me paraissait notre secret à nous.

À la porte se trouvait un homme de grande taille aux cheveux légèrement grisonnants – son père. Il arborait un sourire radieux. Je sentis ma mère se placer derrière moi, les mains sur mes épaules, et devinai sans peine son air fatigué. Gaël arriva par derrière à son tour, s'avançant avec hésitation.

– Elle va s'en remettre, annonça-t-il simplement avec un hochement de tête entendu.

Gaël et lui s'étreignirent avec soulagement et joie partagée. Je me sentis gênée de les regarder, alors je me tournai vers ma mère et elle m'étreignit aussi – ce qui me sembla sortit tout droit d'un film de Disney!... bon, alors, où était donc le revirement inattendu – mais pourtant tant prévu – de la vrai tragédie qui allait bousiller tout ce bonheur qui m'avait l'air que trop parfait?!

– Merci, madame Lavoie, glissa Gaël à l'intention de ma mère.

– Irma, le corrigea-t-elle gentiment.

Le père de Gaël la remercia pour son « hospitalité » et « grande générosité », ce qui m'arracha un roulement des yeux à peine camouflé. Elle savait gagner l'appréciation de tous par son indéniable charisme et sa beauté naturelle, quoi. Après de multiples remerciements, « bonne soirée » et des offres de se visiter mutuellement, Gaël et son père finirent par tourner le dos pour retourner chez eux à pied.

Je m'apprêtais à fermer la porte, quand j'entendis la voix du petit enfoiré de Gaël :

– Attends!

Gaël revenait au pas de course vers ma maison et son père le regardait de l'extrémité de notre terrain, les mains enfoncées dans les poches de son veston et l'air interrogateur.

– Qu'est-ce que tu veux, enfoiré? lui demandai-je dans l'embrasure de la porte, sur un ton qui se voulait léger, alors que mes yeux cherchaient dans les siens une explication à son retour inattendu.

Sans émettre de réponse, Gaël enroula ses bras autour de moi et m'attira contre lui dans une forte étreinte.

Et à nouveau, je cessai de respirer. De penser.

Je sentais ma mère et le père de Gaël nous observer, et le feu de la gêne enflammer mes joues. Je fus reconnaissante qu'il fît quasi noir d'encre dehors, et que la lumière éclatante du porche me faisait dos.

– Merci, me dit-il simplement, en me relâchant.

Je ne pus que lui adresser roidement un hochement de tête, suivi d'un sourire non-contenu en retour, me sentant à court de mots.

Alors la seconde tragédie, à laquelle je m'étais attendue toute la soirée, était enfin arrivée.

Au beau milieu de l'euphorie symphonique en moi, mon cœur se fendilla – notre secret n'en était plus un.

J'aurais tant voulu garder notre nouvelle... aise(?) pour nous deux. Je comprenais à peine cette énergie entre nous. Mais nos parents savaient maintenant.

Avant que j'aie pu traiter mes propres sentiments.



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D'autres chapitres sont à venir. Vous pouvez commenter ce que vous pensez qui arrivera à notre chère Romane et à son "petit enfoiré" de Gaël. Comment gèreront-ils leurs sentiments émergents??

Je publie aussi rapidement qu'un escargot, mais j'arriverai jusqu'à la fin. C'est promis! Entre-temps, prenez soin de vous, chers lecteurs xx

PS: Petite grosse nouvelle – je mets sur pied un compte Instagram (même nom d'utilisateur que ce compte Wattpad) où je publierai des extraits :))

~Plume~

Au-delà des motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant