10. Seconde rencontre avec mon voisin gâté-pourri

25 3 5
                                    

~ Le lendemain ~

– Bonne fête en retard. Tu viens jouer au foot avec moi?

Je toisai Gaël en silence, qui se tenait fier tel un « i » sur le perron de chez moi, exactement comme je l'eus été, un mois plus tôt. Sous le bras, il tenait un ballon à l'apparence neuve – probablement hors-prix. Les questions se bousculaient dans ma tête : que diable voulait-il? Comment savait-il que la veille eut été mon anniversaire? Me collait-il au cul comme le cerbère et Samuel?

– Tu as le droit de répondre, tu sais? ajouta-t-il.

Je lui fermai la porte au nez.

– Je paris que tu ne pourras pas résister l'appel d'une bonne partie! cria-t-il derrière la porte.

Je me retournai, ayant espéré que ma mère n'eut eu ouïe de la visite – elle passait ses journées dans son bureau à étudier en silence total. Mes espoirs s'écrabouillèrent au sol lorsque sa voix me parvint au fond de la maison.

– C'était qui?

– Un colporteur, c'est tout, lui répondis-je.

J'entendis sa porte se refermer. Iris m'observait du sommet des marches, telle une reine toisant son valet du haut de son trône.

– C'est ton amoureux? demanda-t-elle avec espièglerie, alors que je grimpai les marches avec défiance.

– C'est le Faucheur qui venait te chercher, rétorquai-je ironiquement en lui donnant une chiquenaude à l'épaule.

– C'est qui le chauffeur?

– Fau-cheur, Iris.

– Ton amoureux, donc?

– Tais-toi.

Je fis mine de la pousser en bas des marches.

– C'est pour ça que t'as rougi quand maman t'a demandé c'était qui? m'asséna-t-elle avec un sourire narquois.

Je levai les yeux au ciel et me dirigeai vers ma chambre, mais fis volte-face alors qu'Iris cantonna – probablement à l'intention de notre mère :

– ROMY A UN AMOUREUX, ROMY A UN AMOUREUUUUUX!!!

Je la pris par le bras et la poussai dans sa chambre, claquant sa porte.

– Jésus Marie, s'il-vous-plaît, je vous ai dit de ne jamais me déranger quand je travaille! lança notre mère depuis son bureau.

T'es tellement occupée que t'as oublié nos noms? la narguai-je intérieurement.

Iris était déjà sortie de sa chambre et se tordait de rire telle l'horrible démone qu'elle était. Je pris la décision, contre mon propre gré, d'aller rejoindre notre horripilant voisin au terrain synthétique.

Gaël sourit de façon niaise à mon arrivée.

– Sache que tu es le dernier recours pour m'éviter l'indésirabilité de ma sœur, lui lançai-je. Alors t'es mieux de la boucler.

Il botta son ballon en ma direction sans un mot, m'ayant nargué de son sourire ridicule, car il pensait avoir gagné son stupide pari.

Nous nous disputâmes le ballon tout l'après-midi, et je me surpris à remarquer son talent. Sa rapidité, ses tactiques, sa force. Il constituait un adversaire de taille.

Il était gâté, soit. Maisil ne me parut plus aussi pourri qu'avant, car je sus avec certitude quepersonne ne le serait autant qu'Iris.

Au-delà des motsWhere stories live. Discover now