Toujours - Carlando

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Je vois le regard de Carlos dans la foule. Nos yeux se croisent, et je crois bien que c'est la seule chose capable de me faire sourire.

Pourtant, je le devrais, sourire.

Je suis sur le podium. Je suis remonté de la 10eme place à la troisième.

Mais je suis incapable d'être heureux, de sourire.

Parce que quelqu'un d'autre est sur la deuxième marche du podium.

Ma place.

Et cette personne, c'est Oscar.

Je me suis fait dépasser par mon coéquipier.

Celui qui m'a battu en qualification également. Celui qui enchaîne les bons points, les podiums depuis deux grand prix, alors que moi, j'avais été incapable d'en faire lors de ma première année.

Je ne veux pas me rendre à l'évidence, pourtant je le vois tourner partout.

Oscar est meilleur que moi.

J'ai mis quatre ans à faire ce qu'il fait. Il a même gagné avant moi.

C'est certes une course sprint, mais il a gagné avant moi.

J'essaye de me conforter là-dessus en me disant que ce n'est pas une vraie course, qu'il n'y a même pas de podium, d'hymne ou quoique ce soit d'une vrai grand prix sauf les trophées. Même les trophées, ils sont nuls.

Mais j'ai toujours mal.

Mal de m'être fait vaincre de la sorte, je me suis tant battu pour cette place, et elle est remise en question par un pilote qui a trois ans de moins que moi, qui n'a même pas fait une saison entière en Formule 1.

Ça fait mal bordel.

Je fixe le regard chaud de Carlos pour me donner du courage.

Je plaque un faux sourire sur mon visage, essaye d'avoir mon entrain habituel, mais j'ai du mal à regarder Oscar dans les yeux.

"Ton coéquipier est ton premier rival en Formule 1"

C'est ce qu'on m'a toujours dis, et ça a toujours été le cas.

Et, putain, que c'est horrible d'être le rival vaincu.

Je me concentre sur Max, mon meilleur ami avec Carlos, qui célèbre une nouvelle victoire et son récent titre de champion du monde.

J'essaye d'écourter ce moment le plus possible, je ne veux pas être là.

Je veux être seul, loin de tout ça, de cette douleur à la poitrine et ce sentiment de faiblesse, d'injustice.

Dès que je peux partir, je m'enfuis presque en courant, prétextant que la course m'a tué.

Il me reste encore des journalistes à aller voir, mais j'en ai tellement pas envie.

L'idée me vient de faire semblant d'être pas bien et d'aller au centre médical pour éviter les interviews.

Mais je ne le fais pas, je garde un semblant de faux sourire, et trouve du courage dans la seule idée que j'irais retrouver Carlos après.

Je ne sais pas ce que je ferais sans lui. Il m'aide tellement.

Je l'aime.

Lui, je ne sais pas. Je ne pense pas.

Mais ça me suffit, jusqu'à maintenant ça m'a toujours suffit du moins.

On est proches, beaucoup plus proches que de simples amis, même des meilleurs amis normaux.

OS | Formule 1Where stories live. Discover now