"Pardonne moi d'avoir gaché ton mariage" - Piarles

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C'était le grand jour, le jour J. Tout les invités étaient heureux, de la bonne humeur flottait dans l'air. Pour tout le monde, c'était un jour de pur bonheur et de légèreté. Mais pas pour lui.

Charles enfila son costume un peu trop parfait, que Pierre avait choisi car il "rappelait la couleur de ses yeux". Et il avait raison, le costume était parfait. Comme le reste.

Tout était atrocement parfait. Du lieu aux décorations, en passant par les vêtements et l'organisation, rien n'aurait pu gâcher ce mariage. Enfin, si, quelque chose, mais une seule personne était au courant.

Charles allait le faire. Certes c'était sa décision et on pourrait dire qu'il s'est condamné tout seul, mais il remettait la faute sur quelqu'un d'autre. Et puis, toute la souffrance qu'il avait subi, toute la douleur, tout le mal qu'il s'était infligé ces derniers temps valait bien un mariage gâché.

C'était son cadeau d'adieu pour Daniel, cette ordure qui l'avait sans le savoir détruit au plus profond de son être.

A la mention de se prénom, un goût amer envahie sa gorge, et sa douleur au cœur qu'il trainait depuis si longtemps s'alourdie encore un peu plus. Sa respiration s'accélera et sa vue se brouilla, il se sentait soudain incapable de le faire.

De faire ce qu'il attendait depuis si longtemps, cet action qui mettrait fin à tout cet enfer.

Pour se calmer, il releva ses manches et regarda les entailles toujours plus profondes qui marquaient ses bras. Signe de son malheur. Malheur qui a commencé il y a bien longtemps, trop longtemps pour pouvoir le dater. Mais ce qu'il savait, c'est qu'il aimait Pierre, de tout son cœur. Et ce n'était pas le cas du blond. Lui, le voyait seulement comme son ami, son meilleur ami, son cinquième frère.

Alors, il vivait sa vie de jeune adulte, se mettait en couple. D'habitude c'était avec des filles, et Charles se rassurait en se disant qu'il ne savait toujours pas sa véritable orientation sexuelle et que le brun avait encore une chance. Mais il y a un an et demi, Daniel est arrivé.

Ça a été le coup de foudre. Leur amour grandissait de jour en jour, le malheur de Charles également.

En plus d'un an, alors que le couple de son ami le brisait un peu plus chaque jour, il était passé par bien des phases. Il avait plusieurs fois arrêter de donner de signe de vie pendant plusieurs jours, inquiétant quelques proches mais il s'en fichait. Il s'était mutilé, était perpétuellement au bord de la depression selon son psychiatre -en réalité il devait être rongé par cette dernière depuis bien longtemps mais il cachait des choses à son docteur.

Il avait tellement songé à comment il pourrait mourir, il avait imaginé toutes les manières, tout les scénarios, toutes les circonstances.

Il ne dormait pas la nuit aussi. Il était terrassé par tant de peurs et de ténèbres dans le noir que son cerveau était sans cesse éveillé. Et quand son corps, à bout de force, finissait par dormir ne serais-ce que quelques secondes, Charles le regrettait à son réveil. Il finissait toujours en pleurs quand il ouvrait les yeux, car il rêvait toujours de la même chose: que Pierre l'aimait en retour. Il se rongeait lui-même de l'interieur, la flamme de son amour le consumait. Alors il limitait les sorties et les contacts humains, il restait cloîtré dans son appartement.

Appartement qui était d'ailleurs à son image: détruit. Si l'on cherchait plus loin que la première impression, soit derrière les poster et le papier-peint, ou encore sous les plaids, on voyait toutes les traces. Les traces de son couteau. Celui qui avait plus transpercé sa peau que des aliments. Qui avait fait coulé tant de son sang, mais la douleur qu'il subissait en s'infligeant ça lui faisait oublié quelques instants celle de son cœur meurtri.

Il avait suffit d'une seule personne, pour que sa vie déjà pas très stable s'écroule; Daniel.

Sa vie ne tournait qu'autour de Pierre. C'était lui qui la rendait sombre ou heureuse, légère ou terrifiante. Et aujourd'hui c'était comme si on officialisait le fait qu'il souffrirait pour toujours.

Et c'est pour ça qu'en ce même jour il ferait ce qu'il a à faire pour échapper à ce monstre qui lui lacinait le cœur.

Résigné, il se colla un faux sourire tout aussi parfait que son costume sur le visage, il avait l'habitude maintenant. Il se dirigea vers la plage où se déroulait le mariage. Le marié y était, réglant les derniers préparatifs alors que la cérémonie commençait dans quelques dizaines de minutes.

_Pierre, je peux te parler ?

_Oh Charlie, je te cherchais ! Bien sûr, que veux-tu me dire ?

_Suis moi, dit le plus jeune.

Il l'entraîna sur la falaise qui succédait la plage, et il sourit tristement en se disant que tout était vraiment parfait.

Il prit le menton du plus vieux pour sentir ses yeux si bleus posés sur lui une dernière fois, avant d'enlever sa main quand il eut l'attention du blond.

_Pierre. Je sais que la cérémonie commence bientôt alors je vais faire vite, mais je devais te parler une dernière fois.

Pierre le regarda, fronçant les sourcils. Il ne comprenait pas sa phrase, il ne pouvait la comprendre. La dernière fois avant quoi ?

_Je t'aime sincérement, je veux ton bonheur. Aujourd'hui est un grand jour, tu vas te marier. J'espère que Daniel te rendra heureux, que vous vivrez heureux. Que tu seras un homme libre, qui ne se soucie de rien et qui vis sa vie comme il le souhaite. J'espère que tu aimera ta nouvelle vie, qu'elle te comblera et fera de toi un homme encore plus parfait. Profite de chaque moment, ne laisse ni la douleur, ni les remors, ni la tristesse, ni la colère les ternir. Je te souhaite le meilleur, tu le mérites.

Le blond relâcha légèrement ses traits, il se dit que Charles le félicitait une fois de plus. Il n'y avait pas de raison de s'inquièter.

_Je te remercies d'avoir illuminer ma vie à moi, de l'avoir rendue plus belle et plus joyeuse. Je te remercies d'avoir été là, d'avoir été mon ami. Tu as tant fais pour moi, tu m'as tellement aidé que tu es l'acteur principal du film de ma vie. Devant moi-même. Mais vois-tu, tout a une fin un jour. Et le film s'arrête ici.

Au fur et à mesure de ses paroles, Charles s'était reculé au bord de la falaise. Ses paroles étaient tellement sincères, cependant ternies par toute l'amertume qu'il avait accumulé ces derniers mois, ces dernières années depuis que Daniel était arrivé.

Il prit la main de Pierre, contemplant l'alliance à celle-ci qui serait bientôt remplacée par une autre bague.

Son interlocuteur s'alarma, trop de pensées effrayantes se bousculaient dans sa tête. Puis, la vérité commença à surgir. Mais elle était trop sombre, trop dûre, il ne pouvait pas la concevoir. Cependant, elle se confirma quand Charles fit encore un pas en arrière.

_Je t'aime Pierre.

Il lui adressa un dernier sourire, refletant tout l'amour qu'il avait garder en lui et tenter de réprimer depuis tant de temps. Il dégagea doucement sa main alors que son ami tentait de la garder. Et il se pencha en arrière, les bras tendu et ferma les yeux.

_Adieu, et pardonne-moi d'avoir gâché ton mariage.

Et il tomba, son corps fendant l'air. Il s'écrasa sur les rochers mouillés et pointus 6 mètres en dessous. Les vagues arrivèrent et dans ce coin là la mer devint rouge. Un rouge puissant, aussi vif que la douleur de Charles qu'il avait laissé en bas. Il espérait de toute son âme qu'elle ne l'accompagnera pas là-haut.

_CHARLES !!

Un cri de desespoir, sorti du plus profond de son cœur. Il glaça le sang des invités, qui tournèrent tous la tête vers la falaise. Les larmes de Pierre tombèrent lentement sur le corps de Charles, alors que le marié était penché par dessus la falaise qui avait vu pour la dernière fois le brun. Daniel le regarda, et avant qu'il ne puisse retenir son futur époux, celui-ci rejoignit son ami.

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