Évolution - Piarles

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9 ans 

Le paysage défile sous ses yeux, et ce depuis deux heures déjà. Il en a marre. Il est bloqué entre toutes les affaires qui peinent à rentrer dans la minuscule voiture. Il est recroquevillé sur lui-même, ne pouvant pas bouger au risque de faire tomber quelque chose. C'est à peine si il peut bouger sa main pour changer de musique ou de playlist sur son iPod. 

Il arrive, six heures plus tard. SIX HEURES. Il est épuisé. Six heures coincé entre des sacs de vêtements et des cartons d'affaires. Même si son visage s'est légèrement égayé quand il a vu les premiers reliefs de Monaco. 

Oui, il n'avait pas voulu déménager, quitter sa maison, sa ville, ses amis, ses repères. Il avait été obligé de suivre sa mère. Et pourtant, il n'avait pas pu s'empêcher de s'émerveiller devant la principauté.

Il déteste en tout point le principe même de quitter Rouen, mais il est déjà tombé sous le charme de sa nouvelle ville. Un paradoxe qu'il hait. Il ne devrait pas être heureux d'être là. 

Sans cette horrible décision de ses parents, dont il n'avait même pas pu savoir la cause, il serait chez Esteban, ou chez Yuki, ou Alex, ou Lando. Il ne sait pas trop, mais il serait avec ses amis. A jouer aux jeux vidéos, écouter de la musique, sortir dans la ville. 

Et non. Il est au lieu de cela à Monaco, en train d'aider à contre cœur sa mère à porter les cartons dans sa chambre, après avoir enchaîné huit heures de route.

Les déménageurs sont aussi là, ils commencent à monter les meubles dans l'appartement. Pierre les regarde faire, las. 

Après avoir monté ses affaires à lui et quelques cartons destinés au salon il s'éclipse en prétextant visiter et prendre ses repères dans le quartier.

En vérité il veut juste être seul, il en veut à sa mère. Lui il voulait être à Rouen. Pas ici.

Il trouve un air de jeu. Il est désert, alors il s'arrête. Il se perche tout en haut, là où se trouve l'accès au plus grand toboggan. Du haut de ses 9 ans, il parvient sans difficulté à se hisser là haut.

Il est caché par les cloisons en plastique qui entourent la plate-forme sur laquelle il se trouve.

Il s'assoit, ramène ses genoux à sa poitrine et niche sa tête dans ses bras.

Il ne saurait pas dire combien de temps il est resté là, mais ses membres sont engourdis quand un petit garçon vient le voir.

Enfin, le petit garçon a dû lui tomber dessus par hasard, et non être venu le voir intentionnellement. Car Pierre est légèrement en plein milieu de l'accès au toboggan.

_Ça va ? Tu vas bien ?

La tête blonde de Pierre se relève. Il tombe sur un petit garçon aux cheveux bruns, aux yeux verts émeraudes magnifiques et aux sourcils froncés.

Il n'a pas vraiment envie de parler, mais il a quelque chose avec ce garçon. Un feeling, un courant qui les unis, quelque chose.

_Je viens de déménager, j'ai quitter tout mes amis à l'autre bout de la France et venir ici.

Il se sait triste et en colère, mais il est lui-même surpris quand il sent une larme descendre le long de sa joue. Il se dépêche de l'essuyer. 

_Oh... dit le petit garçon. Je comprends, moi aussi je serais triste de quitter tout mes copains ! Mais moi je peux être ton premier copain ici si tu veux !

OS | Formule 1Where stories live. Discover now