12. Épicé

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Après une super balade dans le quartier pour découvrir les décorations d'Halloween et piquer des idées, Lucas et son petit ami — l'adorable Kenny — les laissèrent pour rentrer chez le premier. La nuit commençait à tomber mais elle n'avait rien d'effrayant dans cette rue animée, avec toutes les lumières qui s'allumaient ici et là. Wes en avait pratiquement oublié leur terrifiante matinée et il était franchement soulagé de ne pas avoir peur d'aller se coucher pour une fois.

Quelques mètres devant lui, Em marchait à côté de Sal, les deux plongés dans une conversation animée. Wes était heureux que sa famille ait accepté Em sans faire de difficulté et que Sal s'entende si bien avec lui. Même s'il ne l'avait rencontré que deux jours plus tôt, Wes l'appréciait franchement et il était soulagé de le voir discuter si naturellement avec Sal. Après ces derniers jours, Em avait sans aucun doute besoin d'autant de réconfort que lui et l'amitié facile de Sal était exactement ce qu'il fallait.

— Il est vraiment mignon, remarqua tranquillement Brandon à côté de lui. J'ai l'impression que vous avez eu de la chance tous les deux de tomber l'un sur l'autre dans votre malheur.

— Il est adorable, avoua Wes. Et super courageux. J'ai l'impression qu'il n'a peur de rien, ou en tout cas qu'il ne se laisse jamais paralyser par sa peur.

— Sal est comme ça aussi, plutôt du genre à coller son poing dans la figure des monstres au lieu de s'enfuir en courant. Des personnes comme ça sont assez rassurantes je trouve.

C'était un assez bon résumé et Wes s'amusa de se retrouver à dresser la liste des points communs et des différences entre Em et son cousin. Distraitement, il songea qu'il se comportait comme si Em était son petit ami, et puis il n'y pensa plus du tout, trop occupé à plaisanter avec Brandon.

Une fois de retour à la maison, ce dernier lui proposa de venir donner un coup de main en cuisine, tandis que les autres s'affairaient ailleurs. Em avait été embauché par Sal et ses parents pour trouver une solution à leur problème de couchage pour la nuit, mais il n'y avait pas besoin d'être cinq pour s'en occuper et Brandon semblait avoir besoin d'un assistant.

— Je vais faire un jambalaya, expliqua-t-il. Tous les ingrédients sont dans le frigo.

En un rien de temps, Wes se trouva donc assis à la table de la cuisine, armé d'un couteau et d'une planche à découper pour préparer les légumes, tandis que Brandon mélangeait les épices qui embaumaient toute la pièce. À cet instant, Em entra dans la cuisine, le nez en l'air.

— Miam, ça sent super bon votre truc ! Wes, est-ce que ça te dérange si on partage le canapé du salon ? Il se déplie pour faire un lit et c'est soit ça, soit on tire à la courte paille pour savoir qui va dormir par terre.

— On peut partager, assura Wes en lui souriant. Du moment que tu promets de ne pas piquer toute la couverture.

— Je ferai de mon mieux, mais tu n'auras qu'à te rapprocher pour garder ta moitié.

Sur un clin d'œil qui provoqua une bouffée de chaleur dans le cœur de Wes, il se détourna pour quitter la cuisine tandis que Brandon ricanait en assaisonnant sa casserole de riz.

— Mec, vous êtes tellement mignons tous les deux. On dirait que vous êtes pratiquement mariés.

— On ne se connaît que depuis deux jours ! protesta dignement Wes en sentant ses joues le brûler.

C'était un peu déstabilisant de voir combien Brandon arrivait à lire en lui et il se sentait embarrassé que son crush sur Em soit si évident. Ce n'était pas parce que son colocataire d'infortune lui plaisait sincèrement qu'il avait envie que tout le monde s'en rende compte.

— T'inquiète, il en pince carrément pour toi aussi, se moqua Brandon en récupérant ses légumes émincés. Il n'arrive pas à te quitter des yeux et s'inquiète de toi comme un petit ami.

Écarlate, Wes évita son regard tout en s'approchant de l'évier pour commencer la vaisselle. Même s'il avait effectivement un énorme crush sur Em, il doutait franchement que ce soit réciproque et ne voyait de toute manière pas vraiment l'intérêt d'y faire quelque chose.

— Et alors ? grommela-t-il. On a vécu un truc terrifiant ensemble, c'est tout. En plus de ça, sitôt qu'on aura trouvé une solution pour notre Airbnb, il n'aura plus de raison de rester avec moi. Et on ne se reverra sans doute jamais.

Cette idée lui faisait mal au cœur, mais ce n'était pas parce qu'il trouvait Em adorable et qu'il rêvait de l'embrasser qu'il devait le demander en mariage aussitôt ou commencer à chercher des moyens de le revoir. Même s'il en mourait d'envie, ne serait-ce que pour donner une chance à leur amitié de se construire. Et puis Brandon se rapprocha pour lui donner un coup de cuillère en bois sur la tête, le tirant de ses sombres pensées.

— On s'en fout que tu ne le connaisses que depuis deux jours et qu'il habite à l'autre bout du monde, gronda-t-il. J'ai embrassé Sal moins d'une heure après l'avoir rencontré et on a couché ensemble presque aussitôt, sans savoir si on allait se revoir un jour. Je ne suis pas du coin, j'habite même plutôt loin, mais on a trouvé le moyen de se revoir régulièrement. Ne rien tenter sur le prétexte que vous allez vous séparer dans une semaine, c'est complètement con. Tu vas juste le regretter toute ta vie. Mieux vaut suivre ton cœur maintenant, et trouver des moyens de revoir Em après ça. Crois-moi, tu ne veux pas passer le reste de tes jours à te demander ce qui aurait pu se passer si tu avais fait ça ou ça.

Il avait l'air sûr de lui, comme s'il parlait d'expérience, et cela remonta un peu le moral de Wes tout en lui donnant le courage de suivre ce conseil. Toutefois, même s'il allait partager un lit avec Em cette nuit, il ne se sentait pas vraiment de l'embrasser alors qu'ils dormaient sur un canapé déplié, dans le salon de sa tante. S'il l'avait fait la nuit précédente, alors qu'ils étaient seuls dans la maison, ça aurait été différent. Et voilà que maintenant, il commençait à regretter de ne pas l'avoir fait.

— Tu vois ce que je veux dire ? s'amusa Brandon qui avait dû le lire sur son visage. Ne laisse pas l'incertitude te freiner, je peux te promettre qu'Em sera même certainement le premier à agir si tu ne te lances pas. Je suis prêt à parier que s'il n'a pas tenté d'approche moins subtile, c'est parce qu'il a conscience que tu es fatigué et effrayé et qu'il ne veut pas abuser de ta vulnérabilité.

Cela ressemblait vraiment à quelque chose qu'Em pourrait dire ou penser et Wes secoua la tête, sidéré de voir combien Brandon les avait bien cernés. Puis il se concentra sur une autre information et fronça les sourcils en se retournant pour le dévisager.

— Comment ça, une approche moins subtile ?

— Vous n'arrêtez pas de flirter depuis tout à l'heure, c'est n'imp. Je suis sûr que tu ne t'en rends même pas compte.

À vrai dire, Wes n'avait pas eu de relation depuis une éternité et ne se rappelait plus vraiment où se situait la frontière entre le flirt et la plaisanterie amicale. Désormais, il se retrouvait à repasser chacune de ses interactions avec Em sous un autre angle et son cœur loupa un battement lorsqu'il réalisa que Brandon avait probablement raison, et qu'il allait passer la nuit avec Em. Misère...

L'AbriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant