Chapitre XVIII : Assume

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"Maman... ?" Commençais-je en éloignant de moi l'idée de me terrer une nouvelle fois dans un mutisme à toutes épreuves...
Ma mère tourna lentement son regard dans ma direction. Elle était certes réveillée mais elle peinait encore à se mouvoir correctement. Je souffrais silencieusement de la voir dans cet état mais me consolais presque simultanément de la savoir en vie.

"Oui ?" Murmura-t-elle d'une voix fébrile. J'inspirais un grand coup. Aller Mathilde, assume !

"Je... Je peux te parler ?" Dis-je en sentant déjà ma voix se casser. Ce que je détestais paraître faible ! Ma mère sembla me détailler quelques instants, sentant que quelque chose d'important se tramait au fond de moi puis d'un geste lent, elle tapota le lit dans lequel elle était étendue, m'invitant à m'y asseoir. Je m'exécutais, et pris la main de ma mère dans la mienne afin de me donner du courage puis je me lançai enfin.

"Je t'ai dit que j'étais amoureuse d'une fille... Tu te souviens ?" Commençai-je lentement en regardant ma mère dans les yeux, vérifiant qu'elle soit en toute capacité de comprendre ce que je m'apprêtai à lui annoncer. Elle acquiesça du regard, me poussant à continuer.

"Elle s'appelle Isabella..." Ma voix devint plus faible. Comment pouvai-je annoncer ça à ma mère sans qu'elle ne le prenne mal ? "Toi qui est flic maman, tu vois ma copine ? Bah c'est ma prof de maths en fait !"... Je chassais cette idée de mes pensées, serrant encore davantage la main de ma mère.

"Tout va bien Mathilde ?" S'étonna ma mère en me fixant avec inquiétude.

"Oui, ce n'est rien... C'est juste que je ne sais pas comment te dire ça et j'ai peur que tu réagisses mal." Lui confiai-je en détournant le regard, préférant fixer mes chaussures.

"Elle est dans ton lycée ?" Me questionna alors ma mère qui visiblement n'avait pas envie que le sujet reste en suspend. J'acquiesçais sans relever la tête.

"Dans ta classe ?" Ajouta-elle sur le même ton.
Je sentais mon cœur battre au creux de ma poitrine, appréhendant ses questions. Je relevais alors les yeux, et articulais audiblement afin de ne pas devoir répéter, m'en sachant incapable : "C'est ma prof de maths."

Ma mère resta interdite durant de longues minutes. Un silence de mort s'installa dans la pièce tandis que mes yeux se remplissaient de larmes sans que je ne parvienne à les en empêcher. Je suis pitoyable !

"Dis quelque chose maman..." La suppliais-je en osant à peine croiser son regard que je sentai pourtant me traverser de part en part.
Elle ne dit pas un mot et je me risquai alors à soutenir son regard quelques secondes afin d'y lire sa réponse. Une larme roulait sur son visage d'un blanc poudré, elle avait à la fois l'air infiniment triste mais esquissait un sourire en totale contradiction avec son expression faciale. Elle reprit presque immédiatement son air impassible avant de me répondre d'un air détaché.

"Et qu'est-ce que tu comptes faire ?" Je souris à sa réponse. Elle avait toujours eu cet air froid et distant mais le sourire qui habillait son visage quelques secondes auparavant ne m'était pas inconnu non plus. Elle n'était certes pas nécessairement fière de moi et n'acceptait pas forcément cette révélation mais tout ce que je savais c'est qu'elle ne m'en voulait pas.

"L'aimer du plus profond de mon cœur" avais-je répondu avant de voir mon sourire contaminer le visage de ma mère. Je la pris dans mes bras avec attention, gratifiant le ciel de m'avoir donné une mère aussi ouverte d'esprit. Je t'aime ma petite maman.

Quelques jours après, ma mère quitta l'hôpital et nous pûmes rediscuter plus sereinement (pour moi) de ma révélation. Je pris le temps de raconter les différentes péripéties par lesquelles nous étions passées Isabella et moi, omettant certains détails qui n'appartenaient qu'à nous deux.
Ma mère finit par accepter cette situation bien que je remarquais qu'elle était encore très mal à l'aise vis à vis du statut d'Isabella.
Une idée me traversa l'esprit mais je n'osais pas y penser. Pourtant c'était peut-être LA solution pour mettre fin à tous les questionnements de ma mère et qu'elle accepte pleinement Isabella comme étant ma copine... Mais comment convaincre Isabella de cela... ?

"A quoi penses-tu Mathilde ?" Déclara ma mère en s'asseyant péniblement dans le canapé sur lequel j'étais affalée depuis le début de la journée.

"Et si vous vous rencontriez, Isabella et toi ? Dis-je en sortant de mes pensées, espérant que cette initiative soit au goût de tout le monde, ce qui avait peu de chance d'être le cas bien qu'il le fallait.

Juste pour cette fois...Where stories live. Discover now