Chapitre VI : Malaises

301 18 0
                                    

"Mathilde ? C'est toi ?" Cria une voix depuis le salon.

"Oui c'est moi maman" criai-je à mon tour. En même temps qui veut-elle que ce soit d'autre ?

"Tu as vu l'heure jeune fille ? Je t'avais dit 18h grand maximum, il est 19h10. Tu étais où pendant plus d'une heure ?" S'étonna ma mère en apparaissant dans l'entrée, les bras croisés et un regard colérique incrusté sur son visage. Je vais passer un sale quart d'heure...

"J'étais au Blue Phoenix avec..." Dis-je en bégayant. Que pouvais-je bien dire à ma mère ? Certainement pas la vérité, elle me poserait mille questions auxquelles je n'aurais pas d'autre choix que de répondre pertinemment.

"Avec qui ? Et ne me mens pas Mathilde. Pélagie est en week-end à Bordeaux avec ses parents" s'impatienta ma mère en fronçant d'avantage les sourcils.

"Un garçon ?" Demanda ma soeur en passant la tête en haut des escaliers.

"Mais n'importe quoi ! J'étais avec une amie..." Déclarai-je prudemment malgré ma colère. Pourquoi faut-il que Maggy se mêle toujours de tout ?!

"Qui alors ? Je la connais ? Elle est dans ta classe ?" Demanda brusquement ma mère sans me quitter des yeux. Les joies d'avoir une mère flic...

"Non tu ne la connais pas... Et puis en quoi ça te regarde ?! J'ai 18 ans maman, j'ai quand même le droit de sortir avec mes amis sans que je sois obligée de te fournir une copie de leurs papiers d'identité et de leurs casiers  judiciaires non ? Laisse-moi vivre à la fin !" Hurlai-je en montant les escaliers quatre à quatre avant de m'enfermer à doubles tours dans ma chambre. Je m'allongeais sur mon lit en soupirant. Quelle journée ! Je n'arrivais toujours pas à me dire que ce qui s'est passé était réel. Je n'osais même pas imaginer ce qui serait advenu si je n'étais pas intervenue... Je chassais alors ses sombres images qui polluaient ma tête et fouillais ma chambre du regard, à la recherche de la seule chose qui me permettait de me détendre un peu : mon carnet à dessin.
Après dix minutes d'intenses recherches, je fus prise d'une révélation : je l'ai emmené avec moi cette après-midi, j'avais prévu de dessiner la vie parisienne mais j'ai fini par aller prendre un verre dans ce bar que je n'avais jamais vu et...

Mince ! J'ai dus l'oublier là-bas ! Pensai-je en soupirant. Le karma s'acharne, visiblement.

"À table les filles !" Cria ma mère depuis le rez-de-chaussée. Je descendis en prenant soin d'ignorer ma soeur et ma mère et m'installais à table, en silence.

"Bon appétit" déclara ma mère en s'installant à son tour, en face de Maggy et moi. Le repas se passa dans un silence de mort, seul le bruit des cuillères qui tintaient contre les bols semblait rythmer ce dîner, ma foi assez ordinaire.

"Je peux quitter la table maman ?" Demandai-je en finissant mon bol de soupe en quelques minutes seulement.

"Oui Mathilde..." Soupira cette dernière. Je montais dans ma chambre et entrepris de dessiner pour me changer les esprits. Je pris une feuille blanche (à défaut de mon carnet) et crayonnais les traits de la première personne qui me passait par la tête. Une fois le croquis terminé, je rajoutais les détails, accentuais les traits principaux, estompais les ombres...

"Je peux entrer ?" Chuchota ma mère derrière ma porte alors que j'étais en train de peaufiner mon dessin.

"Oui" dis-je simplement, en posant mon crayon. Que pouvait-elle bien me vouloir ?

"Tu fais quoi ?" Demanda doucement ma mère en s'approchant du bureau auquel j'étais attablée. Elle jetait un coup d'oeil au portrait que j'étais en train de réaliser.

"Il est magnifique ton dessin ma chérie, c'est qui ?" Ajouta-t'elle en souriant, admirative. Mon coeur loupa un battement. Ce portrait était celui de celle qui, pour une raison inconnue, faisait battre mon cœur avec une force telle que ma poitrine semblait se déchirer sous ses coups. Pas un jour n'étais passé depuis la rentrée sans que son visage n'apparaisse sous mes traits de crayons. Mon carnet en est d'ailleurs rempli...

Juste pour cette fois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant