Chapitre 12

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Pov Jessie

« Parfois, la vie nous permet de croiser le chemin de personnes formidables. Puis, il suffit d'échanger quelques mots pour comprendre qu'elles ne sont pas comme les autres et qu'elles nous seront vite indispensables. » Inconnu

À mon réveil, je tente d'ouvrir les yeux, mais je remarque vite que je n'en ai pas la force. D'accord alors faisons un bilan: Mes doigts ne bougent pas d'un millimètre, de même que mes jambes. Cette impression que ma tête est passé par le lave-linge, est bien réelle. Super, j'allais sans doute en avoir pour quelques jours. Mon ventre m'élance, comme si j'avais reçu un violent coup de pied. Cela me rappelle de mauvais souvenirs d'enfance. Bon sang, qu'est-ce qui a bien pu se passer? Mémoire, mémoire, reviens-moi vite.

Je finis par écouter ce qui m'entoure, et après un instant, j'entends deux voix graves dans une autre pièce. On dirait qu'ils se disputaient. Je prends un moment pour écouter ces voix. Elles sont tellement agréables, mais je ne comprends pas un seul mot de la conversation, dommage. Absorbé dans mes pensées, je ne me rends pas tout de suite compte que la discussion mouvementée s'est arrêtée dans l'autre pièce. J'essaie encore une fois d'ouvrir les yeux, la lumière est éblouissante, et je les referme d'instinct. Une minute plus tard, je réessaye de les rouvrir, et m'aperçois que, la lumière est cette fois-ci beaucoup moins agressive. Quelqu'un avait dû éteindre le luminaire au-dessus de ma tête. Je fournis un effort, et ouvre grand les yeux, essayant de voir ce qui m'entoure. Constat: je n'étais pas chez moi. En regardant le plafond je me fais la réflexion que je ne pouvais pas être à l'hôpital. Pas de son de machine, pas le bruit du personnel qui travaille, pas d'odeur de désinfectant. Le plafond est blanc, sans trace de vie, pas d'insecte ou de toile d'araignée, donc je suis chez quelqu'un de très propre. Pourquoi j'ai ce genre de réflexion moi? Je tourne la tête d'un côté et vois une grande baie vitrée. A côté, la seule source de lumière de la chambre: une petite lampe de chevet posé à côté d'un radio-réveil. Une feuille plastifiée se trouve à côté de la lampe. Utilisant le peu de force que j'ai pour le moment, je me penche un peu vers celle-ci, et constate qu'elle décrit comment allumer la télévision qui se trouve en face de moi.

Le bilan de mon inspection ne me laisse qu'un endroit possible: Un hôtel. Comment je me suis retrouvé ici?

Sentant une présence non loin de moi, je tourne la tête de l'autre côté, et je vois un homme appuyé contre le chambranle de la porte. Je n'ose pas le regarder plus d'un instant dans les yeux, il me semble immense, il doit bien mesurer 2 mètres, il a une carrure impressionnante, des épaules larges, et...

Attendez, j'ai l'impression de le connaître. Ce n'est pas le même gars qu'à la boulangerie? Et aussi qui m'a secouru dans le parc? Aie, en essayant de repenser au dernier événement mon mal de crâne s'intensifie. Je me tiens le côté droit de la tête avec ma main, quand j'entends une voix grave dire:

- Tu devrais y aller doucement, tu n'es pas encore complètement rétabli.

Je tourne une nouvelle fois la tête vers l'homme dans la pièce. Il avait avancé de quelques pas dans ma direction, et je pouvais mieux voir ces traits. Cette fois-ci je ne me gênais pas pour regarder son visage. Oh mon Dieu, qu'il était beau. Je n'avais jamais vu un homme de sa corpulence, tout en muscle fin, il avait la démarche légère, celle d'un chasseur chassant sa proie. Etais-je sa proie en ce moment? Son visage avait quelque chose de dure mais de tellement délicat, avec une petite barbe de trois jours. Ses lèvres semblaient douces, j'avais envie de passer mes doigts dessus, puis de passer mes mains dans ses cheveux bruns mi-longs. Mais le plus impressionnant rester ces yeux verts, aussi clair que l'herbe dans mon jardin. J'aurais pu rester des heures à les contempler, j'avais l'impression qu'il voyait le fond de mon âme. Je n'arrivais pas à décoller mon regard de lui, il était maintenant si proche de moi, que je pourrais tendre ma main vers lui et le toucher. Ses yeux m'attirent, je me perds en lui, et ressens une chaleur au creux de mon ventre. Je sens le désir monter en moi, mon souffle devient irrégulier, je ne pense plus qu'à dévorer ses lèvres, et qu'il me fasse sienne.

Minute, qu'est-ce qu'il m'arrive? Je n'ai jamais ressenti une telle réaction face à un homme. Je me force à détourner les yeux, et à reprendre mon souffle. Je continue de sentir son regard sur moi, et tente de me lever. Il me retient par le bras. Des petites étincelles me parcourent le bras, là où ses doigts me touchent:

- Non, ne te lève pas, tu es encore faible.

« Faible »? Je haïssais ce mot, je n'avais pas le droit de l'être. Il fallait que je me reprenne, que je mette de la distance entre nous deux. Je dégage mon bras d'un mouvement, ressentant encore son toucher comme une brûle, mais pas désagréable. Mon corps continuait de le réclamer, de vouloir son toucher. Je finis par m'écarter davantage et lui lance:

-Où suis-je? Et qui êtes vous?

Ma voix me semble rauque, comme si j'avais crié. Peut-être l'avais-je fait pendant l'attaque? L'autre homme me regarde, il semble déçu de ma réaction, et replis sa main contre sa jambe.

- Je suis Tyler, et on est dans ma chambre d'hôtel. Tu as été agressé par deux hommes dans un parc, et comme on ne savait pas où tu habitais, on a préféré te ramener avec nous.

Sa voix grave me fait frissonner de plaisir, je pourrais l'entendre pendant des heures sans m'en lasser. Comment une voix pouvait-elle faire autant d'effets, je sentais mon bas-ventre se contracter une nouvelle fois, réclamé son toucher. Je finis par me reprendre et me tourne vers lui. Je commence à comprendre tous les mots de sa dernière phrase:

- Alors premièrement qui s'est ON? Ensuite pourquoi m'avoir amené dans votre chambre d'hôtel et pas dans un hôpital?

Je sentais ma voix trembler légèrement. Pour donner plus d'assurance que je n'en avais réellement, je me redresse, jusqu'à me retrouver assise contre la tête de lit. Mes couvertures ont glissé jusqu'à mes genoux, et je réalise que quelqu'un m'a débarrassé de mon t-shirt pour m'en enfilé un autre, trois fois trop grand pour moi. Je soulève le col et regarde en dessous. Ouf au moins j'ai encore mon soutien-gorge. J'expulse tous l'air de mes poumons en soufflant bruyamment, pas vraiment soulagé par ce constat. En inspirant à nouveau, je sens la plus belle odeur que je n'ai jamais sentie de ma vie. En fait pour être honnête je sens deux odeurs distinctes. L'une viens du t-shirt et l'autre des draps du lit. La première sent la forêt, l'écorce des arbres, elle semble plus brute. Elle me donne une sensation de force, de protection. L'autre est plus légère, comme une odeur d'herbe fraichement coupée mêlée à une odeur de pomme. J'avais toujours raffolé de ce fruit. En la respirant je me sentais heureuse, comblé, j'avais envie de sourire. Ces 2 odeurs me font ressentir des choses que je pensais morte en moi. Je sens que les larmes me montent aux yeux. Non, il faut que je reste forte. 

Je remonte la couverture jusqu'à ma taille et finis par regarder encore une fois l'homme à côté de moi. Il me répond, tout en approchant une chaise de mon lit et en s'affalant dessus, les jambes croisées, et les mains à plat sur ses cuisses:

- Le ON, c'est mon frère et moi. Nous sommes jumeaux si tu veux tout savoir. Le t-shirt que tu portes viens de lui, et le lit est à moi. Ensuite pourquoi pas un hôpital, parce que nous ne pouvons pas prendre le risque de t'y emmener dans l'état actuel des choses. Nous avons fait venir un médecin de notre connaissance qui t'a examiné, et qui a désinfecté tes blessures. Il dit que tu ne garderas aucune cicatrice.

Tout en disant cela, son regard se tourne vers mon bas-ventre, et je comprends qu'il l'a vu. Je m'agrippe au drap et les remonte jusqu'aux épaules. J'aimerais tellement m'y engouffrer dedans pour ne plus jamais me réveiller. Sa voix me sort de ma rêverie:

- Essaye de te reposer encore un peu, nous discuterons plus tard quand mon frère sera de retour et que tu auras retrouvé tes forces.

Sur ces derniers mots, il se lève de sa chaise, et part en direction de l'autre pièce, tout en laissant la porte ouverte. Ce n'était peut-être qu'une impression, mais j'aurais dit qu'il se forçait à se lever. Comme s'il aurait préféré rester à côté de moi. Je ne sais pas si je dois être déçu. Non, il faut que je parte d'ici, que je retourne chez moi. Je ne pouvais pas me retrouver dans ce genre de situation. Qui c'est si ces hommes ne sont pas les sbires de mon père? Peut-être va-t-il bientôt débarquer pour me ramener avec lui?

J'essaie de penser à un plan d'évasion, mais mes yeux se referment tout seul. Plus je respire les deux odeurs mêlées, plus mon corps se sent apaisé. Je ne mets pas longtemps à tomber dans les bras de Morphée, et pour une fois mon sommeil n'est perturbé par aucun cauchemar.

Meute Rainblood: La légende des bêtasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant