Chapitre 51

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Yaly tombe une énième fois, mais se relève avant de se faire attraper. Loana lui court après en rigolant, car il lui a volé sa barrette de princesse. Les petits sont à l'écart et jouent comme des petits fous. Un peu fatigué, il se cache derrière un arbuste. Loana va droit dans la haie et lui saute dessus.

— Je t'ai eu !

— T'es trop forte ! C'est pas juste !

Elle est fière d'elle. Il se relève et lui remet sa barrette. 

— Pourquoi tu ne laisses pas ton doudou dans ta chambre ? Tu le salis en jouant avec.

— Je ne peux pas. Je l'aime beaucoup, il s'appelle Yobi ! rit-il. Papa m'a dit que c'est maman qui l'a acheté pour moi.

— C'est joli, Yobi ! Ma poupée préférée s'appelle Valentine ! Je l'aime trop. Papa me l'a acheté pour mon anniversaire. Et toi ? Ta maman te l'a acheté pour quelle occasion ?

Occasion ?

— C'était déjà là quand je suis né, c'est papa qui me l'a dit. Je grandis avec, dit-il avec fierté.

— Trop mignon. Elle ne va pas te gronder si tu le salis et déchire ? Maman ne supporte pas que je mette des saletés partout, c'est papa qui ne me gronde jamais.

— Papa dit qu'elle est très gentille. Elle ne peut pas me gronder.

Loana ne comprend pas.

— Comment ça ton papa ? Tu ne sais pas si ta maman est gentille ?

Il caresse la tête de Yobi et essaie de nettoyer ses genoux.

— Où est ta maman ? insiste-t-elle en lui prennant la main pour retourner à la fête.

— Elle a voyagé.

— Où ça ?

— Je ne sais pas. Papa m'a dit qu'elle a voyagé.

— Elle rentre quand ?

— Je ne sais pas.

— Elle ne te manque pas ?

Yaly ne comprend pas le sens de ses paroles.

— C'est quoi "manque" ? Comme quand je veux des biscuits, mais tata Amina me donne des bonbons parce qu'il n'y a plus de biscuits ?

Elle se couvre la bouche pour rire.

— Mais non. C'est quand tu aimes ton papa et ta maman, mais qu'ils vont très loin et que tu ne peux plus les voir. Alors tu pleures beaucoup pour qu'ils reviennent très vite.

Son regard s'éclaire !

— Papa me manque chaque fois qu'il n'est pas là ! Il voyage beaucoup ! Mais j'arrête de pleurer quand il rentre avec plein de cadeaux, sourit-il, coquin.

— Et ta maman ?

Il se gratte la joue. C'est vrai qu'il n'a jamais vu sa maman, alors il ne sait pas si elle lui manque. C'est juste que tata Amina est toujours avec lui et lui raconte plein de trucs, alors il sait qu'elle va bien. Il aimerait juste qu'elle rentre enfin pour qu'il lui montre tous ses beaux dessins et qu'il lui fasse plein de bisous.

— Elle me manque.

Triste pour lui, elle s'arrête et lui fait une grosse bise baveuse sur la joue. Il rigole en l'essuyant. Les bisous des filles sont trop gluants, il ne comprend pas pourquoi tous les garçons de sa classe aime ça.

— Ne t'inquiètes pas, elle va sûrement bientôt revenir. Les mamans retrouvent toujours leur chemin pour la maison, même si elles sont perdues, c'est à la télé que j'aie entendu ça.

Feutre vertWhere stories live. Discover now