Chapitre 36

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— Bonjour, Blanche-Neige, taquine Hakim en réveillant le petit prince dans son lit.

Yassen sourit bêtement en enfonçant la tête dans l'oreiller, les chatouilles ont raison de son humeur maussade. Soudain, le visage de Jona lui revient en pleine face

— J'ai honte de toi !

Sa bonne humeur retombe d'un seul coup. Non, pas cette soirée. Pourquoi doit-il y penser au réveil ? Il n'a presque pas bien dormi à cause de ça.

— Ça ne m'étonne pas venant d'un voyou des cités.

Jonathan.

Je n'arrive pas encore à le croire.

— Et c'est le mec adopté qui me dit ça.

Il n'a pas été tendre lui-même, et il le regrette à présent. Il n'aurait pas dû dire cela alors qu'il sait à quel point la question de l'adoption est un sujet très sensible pour lui, mais la douleur a eu raison de sa moralité.

D'ailleurs, je n'ai pas menti. Il a tout ce qu'il a aujourd'hui parce qu'il a été choisi par la bonne personne. Sinon, en quoi sont-ils si différents ?

Comment le garçon que j'aime plus que ma vie a pu me dire une telle chose ?

Jonathan. Jonathan. Jona.

Lysef, mon amour.

Yassen pensait que Jona l'aimait comme un fou. Pourtant...

— C'était faux.

— Tu as dit quelque chose ?

Il sursaute et se souvient qu'il n'est pas seul. Hakim le regarde, attentif.

— Ah, euh, non. C'est rien.

Ce n'est pas rien. Même si son aîné n'a posé aucune question, il lui a dit qu'il sait qu'il est comme ça à cause de Jona. Il ne sait pas pourquoi il a pensé directement à son petit... Non, à son ex ! Oui, son ex !

Il ne veut plus jamais avoir à faire à ce faux cul ! Qu'il reste avec sa bande de bourgeois à la con !

Je ne veux plus jamais le voir !

Malgré lui, ses yeux picotent. Non, pas ça.

Habillé de la chemise du pyjama de son ami et d'un boxer propre offert par le plus âgé, il peine à bouger. Il a les yeux bouffis, il a mal à la tête et il est vraiment très fatigué. Il a pleuré toute la nuit, même Hakim a eu du mal à le calmer. Heureusement que sa mère etait de garde à l'hôpital, d'ailleurs, elle sera bientôt de retour. Son aîné à eu la gentillesse de prendre soin de lui, mais il ne doit pas rester là et abuser de sa politesse.

— Ne me dis pas que tu vas encore pleurer, soupire-t-il.

— Non, ment-il en s'essuyant les yeux avec la chemise.

Hakim se lève du lit et porte le verre d'eau accompagné d'un comprimé qu'il avait disposé sur la table en attendant que son mignon aux bois dormant ne se réveille de son cauchemar. Parce que oui, Yassen a cauchemardé à côté de lui. S'il avait moyen de savoir ce qu'il s'est passé, il pourrait sortir d'ici pour aller s'occuper de l'autre morveux ! La dernière fois que Yassen a pleuré ainsi c'était le jour où il a su que ses parents se séparaient. Et depuis, il a toujours fait son possible pour rester fort. Même quand sa mère était à l'hôpital, il n'a versé aucune larme. Et le voilà qui l'appelle au milieu de la nuit, effondré.

Qu'est-ce qui a bien pu se passer ?

Yassen prend le calmant sans discuter, même s'il déteste les médicaments. Hakim lui caresse la tête avec douceur. D'habitude il rejette ce signe d'affection, mais là, il pourrait accepter n'importe quoi du moment où cela fait taire la douleur en lui.

Feutre vertWhere stories live. Discover now