Chapitre 39

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Il referme le dernier dossier de la journée.

Adossé au fauteuil afin de s'étirer, il est ravi d'avoir clôturé le bilan. Ça fait un mois qu'il est sur le coup, il peut maintenant passer le flambeau, la tête froide.

Enfermé dans son bureau moderne chic depuis ce matin, il a hâte de rentrer et prendre une douche bien méritée. Et peut-être un massage à la rigueur, il est encore très jeune, mais il a l'impression que ses lombaires vont le lâcher. Lorgnant la fenêtre derrière lui, il constate qu'il fait déjà nuit à l'extérieur. Il regarde sa montre et peste ! Debout, il tire les rideaux et fait quelques mouvements pour se débloquer la musculature.

La vie de bureau et la paperasse, quel enfer ! Voilà pourquoi il aime être sur le terrain et vérifier le travail de lui-même. Ça l'aide à garder les pieds sur terre et c'est bon pour sa cardio. Il appuie sur l'interphone et commande à son interlocuteur à l'autre bout de venir le voir. Quelques secondes plus tard, un homme élancé, arborant un costume de marque, s'introduit dans la pièce avec un grand sourire.

Ce dernier jette un œil rapide aux lots de dossiers qu'il a déposé ici il y a un mois, jour pour jour ; il est vraiment impressionné.

— Bonsoir, Majesté. Le programme est terminé à ce que je vois !

Yassen roule des yeux face au commentaire et se rasseoit pour ranger ses documents. Il se caresse sa barbichette très bien entretenue avec lassitude.

— Arrête avec tes taquineries, Siwed. Si tu ne m'avais pas apporté tout ça, c'est que je serais déjà concentré à remplir mes valises aujourd'hui. Ou qui sait ? Peut-être déjà en chemin pour l'aéroport.

Piqué au vif, son cousin s'assoie sur le fauteuil face à sa table. Le but était justement qu'il ne puisse pas se préparer à quoi que ce soit, mais il a sous-estimé les capacités de son associé et frère.

— Donc tu ne t'es pas encore sortie cette idée de la tête.

Roulant un stylo sous ses doigts, Yassen Rawy, l'ancien caïd, devenu un homme d'affaires prospère, jauge son cousin d'un air amusé.

— Quand je disais que je partais en France pour les vacances, ça sonnait comme une blague à tes yeux ?

— Non, mais je ne vois pas l'intérêt d'aller justement là-bas et pas dans une de nos maisons de vacances, qui pour le coup, sont au Maghreb. Justement, tu sais que notre cousin Ali a ouvert un hôtel de luxe en Côte d'Ivoire ? Il m'a dit qu'il a hâte que nous organisions le prochain conseil de famille là-bas. Tu devrais y aller, histoire d'essayer les locaux avant nous, sourit-il.

Yassen soupire en écrivant quelques notes dans son agenda.

— Siwed, tu es conscient que la seule raison pour laquelle je te mets au courant de mes déplacements c'est juste parce que tu es mon cousin et tendre ami, n'est-ce pas ?

Siwed n'aime pas vraiment la tournure de cette conversation. Et pourtant, Yassen se doit de remettre les pendules à l'heure.

— J'attends de ta part que tu coopères sans discuter.

— Je suis désolé, Majesté.

— Je préfère ça.

Le silence s'abat sur eux. Malgré cela, Yassen ne veut pas de ce genre d'atmosphère.

— Siwed, tu as le droit de donner ton avis, reprend-il avec des pincettes, c'est pour cela que tu es mon conseillé personnel et fidèle ami, je crois en ta capacité de jugement.

Le cousin sourit.

— Mais dans le cas d'espèce, je ne tiens pas à recevoir des remarques. Je n'ai pas envie que cela soit un sujet de débat, c'est bien compris ?

Feutre vertDonde viven las historias. Descúbrelo ahora