Chapitre 45

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Yassen rase le mur du couloir, attiré par les éclats de joies et les nombreuses voix qu'il entend. Il ne fait aucun doute que ce « plombier » est bien plus que ce que le couple lui fait croire.

Une main le retient par l'épaule lorsqu'il est presqu'au bout. Felix, à bout de souffle, le vise d'un regard meurtrier. Il l'attrape par le bras et le tir avec lui, mais Yassen se détache en le repoussant.

— Qu'est-ce qui te prend ?

Félix lui intime de se taire en posant un doigt sur ses lèvres.

— Moins fort, chuchote-t-il.

— Pourquoi tu chuchotes ?

Jonathan sent un frisson longer sa colonne vertébrale, alors qu'il porte son verre de vin à ses lèvres. Il s'arrête et regarde vers l'entrée qui mène au couloir.

— Qu'est-ce qu'il y a, grand frère ?

— Hum, rien, je crois avoir entendu quelque chose. Pas toi ?

Gwendoline n'a rien entendu. Le chanteur se dit que c'est son manque de sommeil qui lui joue des tours. Il se reconcentre sur les deux petites filles et vide son verre. Sarah apparaît enfin, en passant par la cuisine, à sa grande surprise.

Elle n'était pas censée être à l'étage ?

Dans le couloir, le Sénégalais est à un cheveu de claquer Yassen ! Il le tire à nouveau pour l'éloigner de la salle de séjour. Il était presque sur le point de déclarer une troisième guerre mondiale !

— Rentrons dans le salon, s'il-te-plaît. Nous devons parler.

— Je n'ai pas envie. Je vais dans la grande salle, ou n'ai-je plus le droit de circuler dans ta maison ?

— Ce n'est pas ça.

— Oh ? se moque-t-il avec hauteur, c'est le plombier que tu ne veux pas que je vois. Eh bien, tu vas devoir trouver autre chose pour m'arrêter, car j'y vais.

Il avance d'un pas, mais Félix intervient.

— Bon d'accord, nous t'avons menti.

Comme si ce n'était pas assez évident. Yassen soupire et croise les bras pour écouter. Peut-être que cette fois-ci il sera plus honnête.

— Je me disais bien que votre attitude, à toi et madame, semblait très suspecte, finit-il par baisser d'un ton. Alors il n'y a pas de plombier si je comprends bien, le juge-t-il.

Plombier ?

Félix roule des yeux. Quelle drôle d'excuse elle a pu trouver. Avec le temps qu'elle avait, il peut comprendre. C'est à son tour de sonner plus crédible.

— Ce n'est pas un plombier. En fait... maintient-il le suspense, le temps de trouver une idée correcte, il s'agit d'un cousin au neuvième degré de Sarah.

— ... Quoi ?

Même moi je ne sais pas ce que je raconte.

— Il s'appelle Jonnie... Bravo, il est de retour des Maldives, il est venu nous rendre visite. Ça fait plus de dix ans que nous ne l'avions pas vu.

— Jonnie... Bravo ? réitère-t-il en haussant un sourcil. Comme le cartoon ?

Félix lui indique le chemin vers la sortie lorsque la voix de Gwendoline leur parvient. Quitte à le faire sortir, le mieux c'est de rester au jardin, pour l'instant. Le Malien le suit sans faire de vagues, désorienté par le nom très alambiqué du cousin inconnu.

— Non, ça ne s'écrit pas pareil, mais oui, il a une tête très quadrilatère. Comme quoi ! Bref, il est là pour une journée et c'est quelqu'un d'extrêmement susceptible avec des gens qu'il ne connait pas.

Feutre vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant