Reine de Coeur

Chapitre 14

De nombreuses personnes ont défilé au Palais depuis la mort du roi, qui n'ont pas arrêter de présenter leurs condoléances. Je suis épuisée. J'en ai plus que marre d'entendre ces gens. J'ai dû organiser les funérailles du roi. Edouard m'a grandement facilité les choses puisque tout était plus ou moins prêt. Le lendemain de sa mort, les drapeaux de tout le pays furent mis en berne. Je suis fatiguée et triste. J'ai très mal dormi, je me sens mal, mon visage est bouffi à force de pleurer et pourtant c'est le jour des funérailles d'Edouard. Je dois faire bonne figure malgré les pleurs que je retiens tant bien que mal. La fatigue s'est accumulé si bien que si je ferme les yeux, je m'endors de chagrin. J'ai accumulé tellement de chose. Mes parents puis Edouard, c'est trop.

Je me suis habillé de noir, une robe simple longue et un voile noir qui permettra de cacher mes larmes. Je déambule tant bien que mal dans le château. Un pas après l'autre, une action après l'autre. A chaque personne que je croise, on m'appelle « Majesté ». Cela ne change pas grand-chose pour moi mais pour les autres, leur regard à changer. Je sens leur respect mais je n'aime pas lorsqu'il me regarde avec de la peur dans les yeux. Je ne sais pas si un jour, je m'y habituerais. Je sais pas si je vais pouvoir tenir avec tout ce poids sur mes épaules. Je n'aime pas être dans ce château toute seule. Il va falloir que j'arrange cela dans les prochains jours. Pourquoi pas inviter des personnes pour avoir de la compagnie. J'y réfléchirai plus tard.

Le roi ayant déjà préparer ses funérailles, je dois seulement me contenter de suivre le protocole. Cela me paraissait plus simple lorsqu'on me l'a annoncé et pourtant m'avoir macher le travail n'arrange pas les choses. Je me rends auprès du cercueil dans une chapelle proche du château. Le bois est d'un marron foncé verni avec des poignées couleur or. Dans son malheur, la dernière demeure du roi est sublime. Des larmes coulent mais je ne les laisse même pas le temps d'arriver jusque mes joues. Il va falloir faire preuve de courage aujourd'hui si je ne veux pas me faire submerger par mes émotions. Je ne compte pas être aux yeux de tout le monde une reine faible, qui ne sait pas gérer ses larmes et sa tristesse. Alors il est hors de question que l'on voit mes larmes. Je relève la tête et me retourne sans un regard.

Lorsque j'arrive dans la salle principale du palais, Il y a du monde qui sont réunis : beaucoup de personnel du palais mais aussi des amis que m'avait présenté Edouard lors de ma soirée de présentation. Je ne me rappelle plus leur nom mais leurs visages me semblent familier. Mon arrivée est marquée par des révérences mais aussi quelques mots de soutiens à mon égard mais à mon plus grand étonnement des félicitations aussi. Je leur sers un sourire compatissant. Eux aussi ont perdu une personne proche.

Nous nous mettons tous en route vers une petite chapelle où le cercueil est déjà sur place. La petite chapelle se situe non loin du palais et nous y allons à pied. Elle est très petite et faites pour accueillir les membres les plus proches de la famille royale. Je jette un petit coup d'œil au différentes personnes présentes dans la chapelle, derrière moi se trouve Henri de Wellington. Les mots d'Edouard me reviennent à l'esprit. Ce personnage ne m'inspire rien de bon mais ce n'est pas le moment d'y penser. Mais son visage ne me dit rien qui vaille. Je ne sais pas à quel point il était proche d'Edouard. Je ne veux pas faire d'histoire le jour de l'enterrement. Je reste en retrait. Mon cœur bat la chamade et mes mains tremblent. Je n'ai d'ailleurs aucun soutient à mes côtés car personne ne s'assoit au même niveau que la reine. Je tente de rester courageuse. Plusieurs personnes sont invitées à parler pour honorer la mémoire du défunt roi. Mais bientôt vient mon tour, je suis au plus mal. Les larmes ont monté en entendant tous les hommages qu'ils ont rendu en son honneur.

Je reprends ma respiration et mon calme. J'inspire. Je monte sur l'estrade, tous les yeux sont rivés sur moi. C'est à moi de clôturer ces différents moments de recueillement qui ont été fait par des personnes qui connaissaient le roi bien mieux que moi. Je ne veux pas que l'on ressente ma tristesse. Je veux que l'on retienne le meilleur d'Edouard. Je ne connaissais pas le roi depuis aussi longtemps que les autres et pourtant, c'est mon discours que les gens retiendront.

— Mesdames, Messieurs, j'ai eu l'honneur comme vous tous de connaitre le roi Edouard. Pas aussi longtemps mais il a laissé en moi une aussi grande marque que vous tous. Edouard m'a accueilli, moi l'orpheline devenue reine. Il a été bienveillant et incroyablement chaleureux avec moi. J'ai eu l'immense chance de croisée son chemin, c'était un homme bon, intègre et altruiste. Edouard est un homme qui m'a ouvert la porte comme si j'étais sa propre fille, qui m'a appris ce que c'était d'être un souverain, un véritable roi. C'est celui qui a former la reine que je suis et qui je l'espère suivra ces pas. Je suis heureuse de l'avoir côtoyé ces quelques mois, si peu de temps mais un temps si précieux. Plus que quelques mois, il m'a offert une nouvelle vie, un nouveau futur. C'est un homme qui aurait tout donné pour ses proches, pour moi mais aussi pour son peuple. C'était un bon homme mais avant tout un bon roi. C'était devenu ma famille.

Je suis heureuse d'avoir pu lui rendre un dernière hommage. Je descends de l'estrade où j'ai fait mon discours, une larme coule le long de ma joue. Je suis heureuse d'avoir pu connaitre le roi et si triste de l'avoir perdu en si peu de temps après. Pour un instant, je m'accorde à être triste.

La suite de l'enterrement se déroule à la cathédrale Saint Paul où le cardinal officiera la cérémonie religieuse. En Ecosse, c'est une cérémonie importante car c'est le moment où le mort est accompagné auprès de Dieu. La cathédrale Saint Paul est étonnante et impose une certaine prestance. La coupole surplombe la ville de Londres. J'entre à l'intérieur, je fais face à une longue nef avec sur les côtés des bancs en bois éclairé par des lampes de couleurs chaudes. Je lève la tête et je suis subjugué par le décors des plafonds. Ils sont richement décorés de peinture représentant des scènes bibliques mais aussi de dorure. La cathédrale est splendide. Je n'en avais jamais vu de tel.

Le cercueil a été déplacé dans la cathédrale. Je ne l'avais pas remarqué avant d'être arrivé au transepts. Le cardinal est déjà là et m'invite à m'assoir sur le banc au plus proche de lui. Pendant plusieurs minutes, il attend que tout le monde s'installe. Dehors, la cérémonie est retranscrite sur un écran géant. Le peuple pleure son roi. Je sens une main se poser sur mon épaule. Quand je me retourne, j'aperçois Oliver s'assoir derrière moi. Il m'offre un sourire compatissant. Emma s'assoit à côté de lui. Ils sont derrière moi et pourtant je sens leur soutient jusque moi. Pour la première fois, je me sens entourée dans ce moment difficile de ma vie. Ils sont là pour moi. J'ai l'impression qu'un monde change avec la disparition d'Edouard. Mon monde change mais aussi le monde extérieur. Cela ne sera plus pareil sans le roi, sans celui qui m'a appris à être une bonne reine mais c'est une nouvelle ère qui s'ouvre pour tout le peuple anglais mais aussi un nouveau chapitre de ma vie.