Chapitre 13

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Quand Emma vient me réveiller en pleine nuit, j'ai du mal à me lever. Je la regarde avec de grand yeux. La douleur de la mort de mes parents n'a jamais été aussi forte. Cela fait plusieurs jours que chaque soir, je pleure et que je suis inconsolable. Je n'arrive plus à dormir. J'ai l'impression de revivre une seconde fois le deuil de mes parents. Je regarde Emma. Son visage est fermé. La situation a l'air grave sinon elle ne me réveillerait pas pendant la nuit. Je m'inquiète instantanément en la voyant. Que fait – elle là ?

—     Qu'est-ce qu'il se passe Emma ?

—     C'est le roi ! dépêchez-vous...

            J'enfile un peignoir et des chaussons et suit Emma dans les couloirs pour rejoindre la chambre du roi. Nous courrons presque. J'y entre avec beaucoup d'appréhension. De nombreuses personnes sont réunis dans la chambre. Le roi est allongé dans son lit. Une machine avec plusieurs fils est reliée à lui. Des bips assourdissant ne cessent de résonner dans la pièce. Elles semblent calculés les battements de son cœur et ceux – ci sont très lent. Je me rapproche de lui. Ses yeux sont fermés et il semble endormis. Son teint est pâle. Il a l'air très malade. Je ferme les yeux et prend une grande respiration. Je prends sa main dans la mienne et pose ma tête sur le lit près de lui.

            Un médecin vient me voir. L'état du roi est plus que critique. Je jette un coup d'œil à Edouard lorsqu'il me dit ça. Le docteur est persuadé que sa mort sera pour ce soir. A présent, je vais perdre Edouard. Malgré tout ce qu'il s'est passé, il a été ma nouvelle famille. Une famille qui m'a été imposé mais une famille tout de même. Je ne suis pas sûr de pouvoir supporter tout ça. Après les révélations de la mort de mes parents, je ne peux pas vivre la mort d'Edouard en plus.  Il n'y a pas que le médecin qui est présent.  Je tente de garder la tête haute et de ne pas montrer mes émotions. Et pourtant, je suis au fond.

            Je me pose sur une chaise, loin du lit. Je jette constamment des coup d'œil à Edouard. J'aimerai tout de même lui parler une dernière fois. Deux personnes en costard viennent me voir et commencent à me parler.

—     Madame, Pouvons nous discuter de certains détails avec vous ?

—     Allez-y !

            Je les regarde et tente de les analyser. Je ne sais pas qui ils sont. Je ne les ai jamais vu ici. Ils ont l'air d'avoir des choses importantes à régler avec moi avant la mort du roi.

—     Nous avons certaine chose à vous dire et à vous expliquer. Le roi ne voulait pas vous imposer ce genre de chose avant que la fin arrive.

            Ils prennent des pincettes pour me parler. Je ne sais pas si c'est vraiment le moment pour parler de tout ça ou du moins de chose importante. Je consens tout de même à leur parler car c'est la volonté d'Edouard.

—     Je vous écoute. Soyez direct et rapide.

            Je suis froide et ne laisse transparaitre mes émotions. J'ai l'impression de devoir mettre en place un masque d'insensibilité.

—     Nous avons plusieurs papiers à vous faire signer. Le premier document parle de la succession : vous consentez à prendre la succession du roi en tant que monarque de la Grande Bretagne et de l'Irlande, il concerne aussi les biens du roi. Vous hériterez de la couronne mais aussi de plusieurs châteaux dispersés dans le royaume. Le deuxième document est un papier qui vous tient à la neutralité en ce qui concerne le gouvernement. Quel que soit le partis qui vous donnera un premier ministre, vous êtes tenus à ne pas interférer dans les décisions du gouvernement et du parlement. Le troisième document est un papier médicale. Si le roi est plongé dans le coma, vous serez alors nommé régent mais vous aurez surtout le pouvoir de le débrancher si vous le souhaitez.

            Tous ces papiers à signer m'angoisse énormément. Je souffle. Je suis désemparée. Nous y sommes. Nous sommes au moment où je vais devenir reine. Dans le même temps, je ressens une profonde tristesse quand je regarde le roi. Je prends une profonde respiration et signe les différents documents. Les larmes montent mais je ne veux pas craquer devant tout le monde. Je n'ai clairement pas envie de passer trop de temps sur ça et rejoins rapidement le roi à son chevet. Je prends sa main dans les miennes.

—     Elisabeth...

            Sa voix est enrouée. Je sens sa douleur transparaitre. Mon cœur se brise à l'entente de ses mots. Je ne veux pas qu'il me quitte. J'aimais nos différents moments passés ensemble et je veux qu'on en passe encore plus de temps tous les deux. Je serre encore plus sa main. Je ne veux pas la lâcher.

—     Je suis là !

—     Ça y est, c'est la fin, je le sens...

—     Ne dites pas ça Edouard.

            Mes larmes coulent le long de mes joues. Je suis brisée. Je n'arrive pas à retenir toutes les émotions qui me submergent. Je ne veux pas qu'il me quitte. C'est définitivement la fin. Je ne peux m'empêcher de pleurer. J'ai l'impression de laisser partir une partie de moi avec lui, encore une, une fois de plus.

—     Ne pleure pas Elisabeth. Tout va bien, je suis heureux. Vous m'avez offert la meilleure fin de vie qui soit.

—     Mais je n'ai rien fait de spécial...

—     Bien plus que tu ne crois ! Tu m'as apporté une famille, ce que je n'avais pas eu depuis si longtemps. Cela faisait tellement de temps que je ne m'étais pas préoccupé de quelqu'un. Pendant ces quelques mois, tu as été comme ma fille.

—     Oh Edouard !

            Mes larmes ne font que couler. Du revers de la main, il les essuie. Lorsque je le regarde, malgré la fatigue, un sourire se dessine difficilement. Les minutes s'écoulent et Edouard respire de plus en plus difficilement. Je garde ma main dans la sienne et je ne veux pas le quitter. Ma tête se pose sur ses bras avec la fatigue. Le son de sa respiration annonce le pire. Il tourne la tête vers moi.

—     Elisabeth ! Je dois impérativement vous dire quelque chose...

—     Ne vous fatiguez pas Edouard. Je vais très bien m'en sortir.

            En réalité, je n'en crois pas un mot. L'avenir me fait peur. Je ne sais pas qui m'accompagnera, qui sera à mes côtés pour la suite.

—     Non, il faut que je vous dise. Méfiez vous de Lord Henri de Wellington, cet homme est mauvais.

            Je le regarde avec intérêt. Je ne compte pas mettre cet homme dans mon cercle de confiance encore moins avec les mots que viennent de me dire le roi. J'acquiesce donc simplement de la tête. Je le remarque bien. Les minutes ne cessent de s'écouler. C'est un supplice de le voir respirer aussi mal.

—     Ma belle petite fille...

            Ces paroles lui ont demandé de l'énergie. Sa main se pose sur mes cheveux. Il ferme enfin les yeux. Je pleure en silence, sa seconde main toujours dans les miennes. Edouard me manquera. Je le sais. Pendant les quelques semaines, il a été comme un grand père. Je ne pensais pas en arrivant ici, m'attacher autant à lui. Nos dîners tous les deux vont me manquer.

            Je le regarde, il s'est endormi. Le médecin vient me voir afin de lui injecter un produit afin que le roi ne souffre plus. Bien évidemment, j'accepte. Je ne veux pas le laisser souffrir et le voir mourir dans la douleur. Quand le médecin l'injecte, les constantes s'affolent. Le bruit des machines devienne insupportable. Les « bip » sont strident. Le cœur du roi bat de moins en moins vite. Je retiens ma respiration. Je ne souhaite pas qu'il meurt. Je n'ai pas envie de me retrouver seule. Dans un dernier souffle, le roi est mort. Le silence s'abat dans la pièce. Le roi vient de mourir et je suis devenus reine.

Reine de CoeurWhere stories live. Discover now