25. Stella

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Jeudi 06 décembreCASSIE


Comment je vais faire ? C'est la question que je me pose en boucle depuis hier. Ash, lui, a eu l'air de vouloir m'interroger à chaque fois que j'entrais dans son bureau mais il s'est retenu toute la journée. Sauf que... oui, aujourd'hui, je dois faire un pas vers lui. Et d'ailleurs, Eliott et Cole semblent d'accord avec moi, j'aurais peut-être dû lui raconter toute cette histoire dès le début. Quoi que, j'avais cette boule au creux de l'estomac qui s'amusait à me rappeler qu'il fait partie de mon passé.

Vraiment ? Je n'en suis plus si certaine que ça. Surtout que ses lèvres ne cessent de capturer les miennes à la moindre occasion. Alors nous sommes... ensemble ? Je crois. En tous cas, mon cœur lui s'affole quand les portes de l'ascenseur s'ouvrent pour me laisser deviner le corps sculpté de Crève-cœur. Il remonte l'allée vers son bureau, transportant ce qui ressemble à un plateau. Un sourire prend naissance sur mon visage. Merde, cet homme est ma perte. Ou plutôt mon soleil.

Et il ne s'en rend même pas compte !

— Ashley, m'entêté-je à l'appeler par son prénom en le rattrapant en quelques enjambées.

— Mon...

— Prénom. Je sais. Mais tu sais, moi, je l'adore.

Ma phrase a traversé mes lèvres sans filtre. Ma main est venue se poser sur son bras. Sous la pression de mes doigts, j'ai cru percevoir un frisson. Cette fois, mon sourire dévoile mes dents. Il est craquant. D'autant plus qu'en me levant sur la pointe des pieds, je peux enfin analyser ce qu'il transporte. Deux tasses de chocolat fumantes. Je ris légèrement sous cette découverte. Ash penche la tête sur le côté et je peux observer ses paupières se plisser ainsi que ses lèvres s'étirer pour laisser apparaître ses pommettes saillantes. Majestueux.

— On peut parler ?

Ma demande le surprend. Il s'arrête un instant, incline d'un cran de plus la tête avant de m'analyser sous toutes mes coutures. Courage, Cass. Je dois le faire. Tout lui raconter. Du lendemain de notre séparation, de ma confrontation avec sa mère, de mon arrestation, de mon dossier marqué d'une croix rouge au sein des écoles d'arts et surtout de tout ce parcours qui m'a menée vers le graff. Vers cette aptitude que tous admirent sans que je n'en comprenne vraiment la raison.

Après tout, il existe des milliers de street-artistes. Et je suis loin du niveau de Bansky ou de Shepard Fairey. Je suis seulement un nom de plus dans le monde vaste de l'art de rue. Bien que je me dois de me l'avouer, je prends un plaisir immense à donner vie à mes idées, du jour comme de la nuit. Des œuvres à double tranchant, à double sens. Des peintures qui n'auraient surement jamais vu le jour sans Ash, sans notre histoire et sa peur de l'obscurité.

— Allons dans mon bureau.

J'acquiesce. Le suit en silence. Des images de la veille me reviennent à l'esprit. Je les écarte aussi vite qu'elles sont apparues. Nous ne sommes plus à hier mais au présent. Et cette fois, Ash est détendu. Serein. Comme si la nuit lui avait porté conseil autant qu'à moi. En tout cas, je peux dire qu'elle n'a pas été de tout repos. Mélange de cauchemars, de malentendus et de cris. Mais, je reste confiante. Crève-cœur me cherchait, il ne laissera pas passer cette occasion de comprendre.

Arrivés à son espace de travail, je ferme la porte tandis qu'il pose le plateau sur son bureau et se déplace vers l'interrupteur qui semble s'actionner chaque fois que nous sommes tous les deux enfermés dans cette pièce. Les gens vont nous prendre pour des bêtes sauvages, des assoiffés de sexe alors que, certes nous avons échangé des baisers mais nous ne sommes pas encore allés plus loin. Pas encore ? Oh, Cass...

24 Jours, un chocolatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant