21.Piège

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Mardi 04 décembreCASSIE


Le sourire aux lèvres, une bonne humeur qui me vient de je ne sais où et le nez planqué dans mon écharpe, je pénètre d'un pas décidé dans l'ascenseur qui va me mener à mon bureau. Les mains dans les poches, je repense aux visages curieux de mes mousquetaires quant au réveil de ce matin. Je leur ai piqué à la fois leur chocolat chaud et leurs tartines de pain grillé. Cole en a haussé les sourcils l'air de dire que je suis folle tandis qu'Eliott s'est contenté de rire avec un regard complice.

Je le savais ! Ils ont dû discuter et comprendre ce que j'ai mijoté, cachée, toute la soirée dans mon atelier mais qu'importe. Ils verront le résultat le moment venu. Parce qu'aussi fou que ça puisse paraître, et aussi tordu que ça puisse l'être, mes souvenirs d'adolescente amoureuse m'ont permis de me retrouver. De regagner cette chaleur qui m'habite aujourd'hui, et d'ailleurs ce n'est pas mon pull qui dira le contraire.

Merde, Cassie, tu as sorti le grand jeu ! hurle Éric en entrant dans la boîte de métal alors que celle-ci s'ouvre sur son étage.

Quoi ? Tu m'appelles par mon prénom ?

Surprise par l'arrivée d'Éric et surtout par l'utilisation de mon prénom, je ne note pas son air ahuri tout de suite. Et d'un sourire entendu, j'attends que les portes se ferment avant de me retourner vers un gaffeur étonnement silencieux. Quand mon regard tombe sur lui, je ne peux empêcher un gloussement de m'échapper. Surtout lorsqu'Éric tend le doigt vers mon haut, tenté par l'idée de tirer sur le nœud qui trône sur ma poitrine.

OK... J'ai peut-être exagéré avec ce pull. Mais je suis restée sage depuis trop longtemps. Et mon idée de faire entrer Noël à notre étage ne peut pas tomber à l'eau si facilement. Oui, ce n'est pas parce que nous mangeons ensemble notre chocolat chaque jour jusqu'au vingt-quatre qu'il faut que je mette de côté cette idée. La mission de Noël continue ! Et c'est d'ailleurs sur cette pensée que je frappe les doigts d'Éric qui viennent de s'emparer du bout de tissu qui ressort sur mon haut.

Pas touche !

Oh, je vois. Tu gardes la surprise pour notre cher Ashounet.

C'est surtout que j'ai galéré pendant près de quinze minutes pour réussir à avoir un nœud parfait alors je te prierais de ne pas le défaire, grogné-je en voyant les sourcils de mon ami se lever.

Puis il finit par rire et sortir de l'ascenseur quand celui-ci parvient à mon étage. Je le suis sous un regard accusateur. Sérieux ! Il a attiré toute l'attention des personnes qui en sortent à notre suite et ça ne m'enchante pas du tout. Surtout quand j'entends les ricanements sournois des deux pimbêches attitrées. Je serre les poings, les desserrent et ai à peine le temps de faire un pas qu'une silhouette me barre le passage.

Quoi encore ?

— Stella...

Son murmure me réchauffe le cœur et mes pommettes comme à leur habitude me trahissent. Le monde qui m'entoure et qui commençait à faire monter une vague de colère en moi, s'efface. Un sourire se glisse sur mes lèvres. Et quand mes yeux se plantent dans les siens, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Il est lumineux, joyeux presque et même si je remarque son front se plisser quand il examine mon pull, il se contente de me tendre la main.

Merde, mais il me fait quoi là ? Je l'ignore et pourtant... alors que ma tête est dans la confusion la plus totale, mon corps répond à son appel. Mes doigts s'entremêlent à ceux de Crève-cœur. A mon contact, il se penche en avant et claque une bise sur ma joue. Éric est à deux pas de nous, guilleret, il se décale derrière Ashley. D'un coup d'œil furtif, j'aperçois ses deux pouces levés en l'air avant qu'il ne s'éclipse dans le couloir opposé au notre.

24 Jours, un chocolatWhere stories live. Discover now