4. Un soupçon

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Mardi 27 novembreCASSIE


Plantée droite comme un piquet alors que l'ascenseur poursuit sa montée, je me sens nerveuse. Quelle idée, j'ai eu. Vraiment, j'ignore encore dans quoi je m'embarque, ni même si c'est une bonne chose. D'après Cole, je vais trop loin, alors que du point de vue d'Eliott, c'est l'entourloupe parfaite. Mais maintenant que je suis là, presque arrivée à l'étage qui m'accueille, je crains le pire.

Pourtant quand on en a discuté hier soir au départ d'Ash et son groupe, cette folie m'a semblé être la meilleure des solutions pour introduire Noël « incognito ». Enfin... Merde ! El ne rigole pas quand il dit qu'il a ce qui convient pour ce genre d'action ridicule. Me voilà donc ornée d'un magnifique pull en laine. Un haut avec lequel rien ne va. Un vêtement que j'ai retiré deux fois avant d'oser le garder sur moi.

Le fameux : PULL de NOËL !

Ridicule, grotesque et le clou du spectacle... MUSICAL !

J'ai honte et en même temps, quand je repense à ma réaction en le voyant, je me marre seule. Les autres passagers de l'ascenseur me jettent des regards accusateurs qui en disent suffisamment pour faire paniquer mon cœur. Dans quoi je mets les pieds ? Au début, je devais juste me faire discrète. Avec le temps, je me serais habituée à la présence de Crève-Cœur. Mais non, il faut que je m'amuse à le provoquer.

En beauté, certes.

Avec un fabuleux renne au nez rouge. Pompon en laine qui, lorsqu'on le presse, lance une douce et forte mélodie sous le son des clochettes. Mais Rodolf en plus de chanter Vive le vent, claironne pas moins de CINQ chansons différentes, de quoi en ravir plus d'un et en énerver bien d'autres. Eliott a frappé fort avec ce haut, et je suis heureuse qu'il me l'ait donné aujourd'hui. Hors de question que je porte ce machin le soir de Noël !

— Tu casses ma blague, Cassis ! m'a-t-il hurlé alors que je cherchais un moyen subtil d'introduire les fêtes dans l'entreprise.

Je le connais, il trouvera un autre cadeau. En espérant qu'il ait une meilleure idée que celle-ci. Même si je dois me préparer au pire. C'est le doux privilège d'El que de faire les cadeaux les plus farfelus qu'on puisse trouver. Sa blague annuelle, et bien entendue, j'en fais les frais à chaque fois. Merci ! Le tintement de l'ascenseur me ramène à l'instant présent. Huit heures moins cinq, j'ai encore quelques minutes avant le début de cette journée.

Respire.

Après tout, qu'est-ce que je risque ? Des cris ? Un avertissement ? Pourquoi ? Un vulgaire pull ? Non, je ne pense pas. Ash n'est pas de ce genre-là. OK, il hait les fêtes. Mais pas au point de sanctionner ses employés pour avoir amené un peu de gaieté entre ses murs. Un frisson me prend quand j'observe les murs nus et froids de cette espace de travail qui est maintenant le mien.

— L'horreur... grogné-je entre mes dents.

Puis baissant la tête, je fonce droit sur mon bureau. Deux dossiers m'y attendent déjà accompagnés d'un post-it. Je prends le temps de déposer mon écharpe sur mon fauteuil, d'allumer l'ordinateur, répondre au premier appel de la journée. C'est l'équipe du marketing qui demande si la réunion de cette après-midi est toujours inscrite sur le planning. Évidemment ! Mais j'avais oublié un détail...

— Oui, le graphiste sera là. Non, il ne va pas remettre en question vos décisions. Sa présence est requise pour la validation des visuels. Oui. Bon. À cette après-midi. Bien. Je passe le message.

Mince ! Je ne m'attendais pas à autant de tension, dès le matin. Sérieux, je pensais que les querelles entre le marketing et le design étaient une légende, mais apparemment, je me trompais. Il y a de l'électricité dans l'air, rien qu'avec un coup de téléphone. Je n'aimerais pas être à la place d'Ash quand les deux équipes sont réunies dans la même pièce. Le post-it ? Il dit quoi déjà ? Je ne l'ai pas lu tout de suite, et bien sûr c'était le plus important.

24 Jours, un chocolatWhere stories live. Discover now