23. Complot

Depuis le début
                                    

Merde ! J'avais presque oublié à quel point, je pouvais être sentimental. Le moi adolescent était loin de se douter que quelques temps plus tard, j'allais tourner le dos à ma plus belle histoire. Faire tomber une étoile du ciel, la briser en mille éclats et surtout sans un regard en arrière. Un vrai connard en création ! La métamorphose d'un innocent papillon en un serpent. C'est facile d'accuser ma mère, j'aurais pu y croire plus fort... mais, j'étais perdu.

Seul, triste, en deuil.

La lueur provenant de la devanture du Loch Ness me ramène au présent et j'en souffle de soulagement. Ces souvenirs ne sont jamais de bonne compagnie. Trop sombres alors qu'aujourd'hui, j'ai retrouvé une lueur d'espoir. Une étincelle dont les lèvres sont goûteuses, savoureuses. Une bouche que je rêve d'embrasser jusqu'à en être rassasié. Je suis complément accro à cette femme ! Son odeur, sa douceur, sa lumière. Elle est revenue comme un boulet de canon, elle me déstabilise, me fous une trouille sans nom mais je n'ai qu'une hâte être à demain pour déguster un nouveau chocolat.

Je me gare, soupire pour reprendre contenance et sors d'un pas décidé de ma voiture pour rejoindre le comptoir derrière lequel j'aperçois la stature de Joe. Il sert un verre à une blonde plantureuse avant de s'accouder plus loin au comptoir et discuter avec sa serveuse. Quand enfin je pénètre dans les lieux, le bruit de la porte attire l'attention de mon ami qui dès qu'il me voit, agite les bras.

— Te voilà ! hurle-t-il en se pressant de faire le tour du bar pour m'accueillir.

Là, je dois vraiment m'inquiéter. S'il se déplace à cette vitesse, c'est qu'il a du croustillant. D'ailleurs, je ne serais pas étonné qu'il m'attire à sa suite pour me mener à son bureau. Et ça ne loupe pas. Pas moins de cinq minutes plus tard, nous sommes dans son antre. Tout comme le bar, il se divise en deux étages. Le premier lié au bar, le second à la boîte de nuit. Ainsi il peut avoir un œil sur tout ce qui se déroule dans son complexe. Sans compter bien entendu la sécurité, les caméras et l'entreprise qu'il a engagée pour s'occuper de la surveillance du lieu. Une vraie tour de contrôle.

— Pose ton cul, mec, me surprend Joe d'un air solennel.

— Euh... tu m'inquiètes là. Pourquoi je devrais m'asseoir ? C'est si grave que ça ?

— Merde, mais tu es pire qu'une bonne femme avec tes questions. Pose ton cul, je te dis. Crois-moi, c'est nécessaire.

Son ton est grave. Il fixe son regard sur moi, avec un hochement de tête pour m'inciter à prendre place dans un des fauteuils en velours qui se trouvent dans la pièce. Bordel, mais qu'est-ce qu'il se passe ? Nerveux, je m'exécute. Il a intérêt à parler et vite, parce que je ne supporterais pas cette tension plus longtemps. Les fesses enfoncées dans le cousin moelleux du siège, je croise les bras sur ma poitrine en analysant les gestes de Joe.

Le grand brun souffle, s'avance vers son bureau avant d'attraper un papier sur le dessus de son office et de s'appuyer sur le meuble pour me faire face. Oh, putain... Je le sens mal. Très mal. Il semble hésiter, fronce les sourcils et grimace à me tendant le mot qu'il tient. Sceptique, je l'agrippe avec mes doigts. Mais ne pose pas tout de suite mon regard sur lui. Trop perturbé par le visage déformé de mon ami.

— C'est quoi ? demandé-je.

— Mec... je suis désolé, j'aurais dû le voir plutôt. Faire le lien. Mais avec le boulot que j'ai, la serveuse et moi n'avons fait le rangement du comptoir que ce matin. Et, on est tombés sur ce mot. Tu sais, ce truc que la brunette t'avait laissé quand je t'ai préparé ton cocktail ? Et euh... ouais, je te l'ai lu, mais je me rends compte que tu aurais peut-être apprécié que je te le donne. Enfin...

24 Jours, un chocolatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant